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Voici la vie que j'avais connu lorsque j'étais jeune à Hammam-Lif :
Cette ville de plage et d'ambiance agréable est favorisée par la fraîcheur
de la montagne. Les samedis papa nous faisait faire des excursions matinales,
plusieurs familles se joignaient à nous ceux-ci fuiaient la chaleur de la
grande ville. En plus c'était la ville du Bey le souverain de la Tunisie. Les
soirs, sous un ciel clair et aux étoiles enchanteres, nous profitions d'une
douces fraîcheur qui parvenait de la mer en groupes de petites brises. Nous
allions à la plage pour jouir de ce vent frais du soir. Notre grande famille
se composaient de tantes, oncles, cousins, cousines, grands-parents et arrière-grands-parents.
Elle se joignait aux autres familles la plupart étaient des voisins de la même
rue ou des rues limitrophes à notre rue, ils arrivaient lentement à la
plage, chaque famille selon sa cadence. La plupart étaient chargés de
couvertures, de draps, de Kelims, des Hassiras (des natte sen paille) et des
Qartalas (coufins) remplis de victuailles et surtout des gargoulettes d'eau
.Certains apportaient des instruments de musique d'autre apportaient de
simples appareils qui faisaient de la glace avec du citron et du sucre. Tout
le monde s'adossaient à une barrière construite en pierre d'une hauteur d'un
enfant, qui séparait la plage de la rue et longeait tout le long de la ville
et de la mer. Certaines familles allaient vers La Goulette, d'autres vers La
Marsa ou vers Carthage. A Hammam-lif des centaines de familles venant de
toutes parts de la Tunisie remplissaient les trains, pour avoir une place dans
la ville du Souverain et pour jouir enfin des vacances si longtemps attendues.
Chacun selon ses moyens dépensait toutes les réserves accumulées durant
l'année. Nous prenions des couleurs au soleil. Nous nous étalions au bord de
la mer. Ce rythme dure depuis des milliers d'années, ces peuples, décendants
des Berbères, des Phéniciens, des Grecs, des Romains, des Hébreux,
desVandales, des Arabes, des Italiens, des Maltais et en dernier, des Français,vivent
à ses bords et se nourrissent de ses délicieux fruits de mer. Chaque famille
occupait sa place près du mur le long de la plage, dans l'ordre de son arrivée
et formait un décor naturel qui ajoutait de l'animation à la plage. Pendant
que les parents installaient les places, nous les enfants profitions pour
jouer, personne ne nous introduisait. Le fait que nous étions là suffisait
pour aussitôt nous entendre, il n'y avait pas de différence entre Juifs ou
Musulman, il y avait le respect entre nous tous. Quand les femmes sortaient
les provisions, nous interrompions notre jeux pour nous joindre et partager
ensemble notre premier goûter à l'air pur. Parmi les grandes personnes il y
avait ceux qui s'alongeaient, ceux qui profitaient pour prendre un bain et
ceux qui bavardaient. Maurice le cousin de ma mère accordait son luth sous le
regard curieux des passants et des marchands ambulants. A la plage des amitiés
se nouaient durant les vacances. Les jeunes célibataires trouvaient leur
compagnes, les filles sortaient leur meilleures toilettes pour plaire aux
jeunes gens. C'était une occasion de faire des nouvelles connaissances et en
maillot de bain l'attraction entre les jeunes devenait plus vive. Les plages
offraient des occasions merveilleux pour de telles rencontres. Sa'adani et
Rahel, mes arrière-grands-parents, se joignaient eux aussi,comme un jeune
couple. Tous leurs filles étaient des grands-mères et leur seul fils Albert
était le seul qui n'était pas grand-père. Leurs plaisir étaient de se
joindre à la famille et aux amis.
Emile Tubiana
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