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Mon pays qui se nomme la Tunisie



Les Juifs vécurent en Tunisie avec plus ou moins de bonheur

mercredi 4 octobre 2006, par Rédaction de reveiltunisien.org


Réponse à l’article La Tunisie doit-elle reconnaître Israël ?
http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=1665


Je vous ai ecrit une leçon d’histoire ( veridique celle ci) de mon pays qui se nomme la Tunisie et qui se nommait avant Afriquia et Carthage.Je suis à la fois le plus "vieux palestinien" (-3000 ans) du monde et le plus "vieux tunisien du monde" (-2000 ans). Comment ? Là est la résolution de ce miracle de l’histoire : chassé de ma terre promise par D.ieu ( c’est même écrit dans les sourates du Coran " que les enfants d’israel doivent retourner sur la terre promise par le Tout-puissant) il ya plus de 2000 ans par les Romains, je me suis retrouvé en "Afriquia" où un grand nombres de tribus berbéres se convertir au judaisme.Puis l’invasion arabe en 633 obligea ces berberes juifs à se convertir à L’islam. J’ai réussi à eviter cette conversion.Tout cela pour vous dire que peux être l’un de vous ancetres aurait pu être juifs berberes ou tout simplement, un " juif palestinien ayant fuit sa terre" à cause des Romains. La tunisie et les tunisiens ont une légitimité pour creer un contexte favorable au rapprochement entre Israel d’aujourd’hui et les arabes dans leur ensemble.¨Pour les juif la boucle est "bouclée". Ils sont revenu sur leur terre.Maintenant il faut faire la paix avec ses voisins. Selon la tradition orale, la première vague migratoire de Juifs « palestiniens » en direction des côtes de Tunisie, date de la destruction du Premier temple de Jérusalem, les preuves scientifiques de l’établissement d’une communauté juive dans ce pays ne remontent pas aussi loin dans le temps.

La présence juive en Tunisie est cependant attestée par les fouilles archéologiques qui ont été effectuées depuis la fin du 19ème siècle et qui se poursuivent encore de nos jours. C’est ainsi qu’à Gammarth, station balnéaire des environs de la capitale, Tunis, a été mise à jour une nécropole juive du 2ème siècle de l’ère chrétienne. Un peu plus tardive, mais néanmoins très intéressante, la synagogue « Naro » découverte dans une autre station balnéaire, Hammam-Lif, toujours dans les environs de Tunis, date, elle du 5ème siècle.

Parallèlement à ces faits scientifiques avérés, la légende, dont on sait qu’elle comporte une petite part de vérité, vient ajouter son grain de sel : ne dit-on pas que le nom même de Carthage viendrait de l’hébreu, Karta Hadacha, ville nouvelle. Ou que Salammbô, ville chère à Gustave Flaubert doit se comprendre comme Chalom Po, ici règne la paix, dans la langue de Moïse. Légendaire aussi ce récit qui dit qu’au 10ème siècle, les Juifs, astreints à demeurer en dehors des murs de Tunis, sollicitèrent le juriste tunisien très influent, Sidi Mahrez, pour qu’il intercède auprès du souverain. « Combien êtes-vous ? » demanda l’homme de loi. Pour ne pas effrayer Sidi Mahrez les demandeurs affirmèrent : « Hara », entendez, en judéo-arabe, un quarteron. Sidi Mahrez lança alors, raconte-t-on, un bâton au loin en déclarant : « Où mon bâton tombera, votre « Hara » s’installera ». Ainsi, dit la légende, naquit le quartier juif de Tunis, la « Hara ».

Peu à peu, au cours des siècles, le judaïsme tunisien s’est constitué autour de trois rameaux essentiels : les Juifs venus de Terre Sainte après les destructions du Temple de Jérusalem ou dans le cadre de pérégrinations commerciales, les Berbères judaïsés comme ceux qui, autour de la fameuse reine juive, la Kahena, s’opposèrent, au 7ème siècle, à l’invasion arabe et les Granas, Juifs livournais, Italiens originaires d’Espagne.

Dès leur structuration en communautés, les Juifs s’organisent malgré l’hostilité quasi générale des conquérants successifs de la Tunisie. Avec l’islamisation du pays, ils seront astreints au statuts de la « dhimma ». En pays d’islam, les « Dhimmis », citoyens protégés de seconde zone sont astreints à des impôts spécifiques de capitation comme la « djezia » et soumis à des mesures vexatoires comme la « chtaka », une gifle donnée en public, chaque année, au chef de la communauté juive.

La « dhimma » qui s’applique en terre d’islam aux Juifs, aux Chrétiens et aux Zoroastriens interdit par exemple aux monothéistes non-musulmans de disposer de lieux de culte plus élevés que les mosquées environnantes. Le cheval, bête noble, est réservé au musulman. Le Juif, lui, n’a droit qu’à l’âne ou au mulet. Le « Dhimmi » doit céder le pas au musulman. Son témoignage ne vaut pas face à celui de son concitoyen musulman. Si la « dhimma » ne fut pas toujours appliquée avec rigueur, elle constitua incontestablement une mesure vexatoire et discriminatoire dure à supporter.

Au gré des possesseurs successifs du pays, les Juifs vécurent en Tunisie avec plus ou moins de bonheur. En 1057, lorsque l’invasion hilalienne s’abat sur l’Afrique du Nord et que Kairouan, centre de la vie juive tunisienne est détruite, les Juifs émigrent en masse et la communauté se disloque. Plus tard, de 1134 à 1150, sous les Almohades, les persécutions contre les Juifs se font très dures entraînant de nombreuses conversions forcées. Il faut attendre l’arrivée des Hafsides, entre le 13ème et le 16ème siècle, plus tolérants, pour voir la communauté juive renaître de ses cendres et s’épanouir.

L’entrée du pays dans l’ère moderne n’empêche pas certains souverains de perpétuer l’esprit rétrograde de la « dhimma ». Ainsi, en 1823, le bey Mahmoud ordonne-t-il à tous les Juifs de porter un bonnet noir. Les premiers signes d’une amélioration du statut des Juifs viennent avec l’avènement du bey Mohammed auprès duquel, le « caïd » des Juifs, Nessim Samama, obtient, en 1853, l’abolition de la corvée à laquelle ils étaient jusqu’ici astreints.

L’embellie est de courte durée. En 1856, le cocher juif du « caïd » Samama, Bathou Sfez, accusé d’avoir blasphémé la religion musulmane, est décapité. L’émotion est grande et, sous la pression des consuls de France et d’Angleterre, le bey Mohammed finit par édicter une charte, le « Pacte Fondamental », qui fait des Juifs tunisiens des citoyens à part entière et abolit dans les faits la pratique de la « dhimma ».

Avec l’établissement du protectorat français sur la Régence en 1881, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre pour le judaïsme tunisien qui accueille avec chaleur et reconnaissance les principes démocratiques introduits par la France. Le judaïsme connaît un essor remarquable et le sionisme se développe sans crainte. La communauté organisée se constitue en 1921 avec la création d’un Conseil qui décide la construction d’une synagogue monumentale à Tunis, en centre ville. La Grande Synagogue de l’avenue de Paris voit le jour en 1931.

Mis à part les émeutes antijuives et les graves incidents qui se déroulent en 1934 à l’Ariana, dans la banlieue de Tunis, la communauté juive, forte de quatre-vingt mille âmes, connaît, pendant une quarantaine d’années, une paix sociale et un essor exceptionnels. Hélas, les années sombres de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah vont la toucher de plein fouet. Les Allemands occupent la Tunisie entre novembre 1942 et mai 1943. Six mois sous la botte. Exactions, sévices, amendes collectives, assassinats, camps de travail obligatoire, déportations. La communauté juive de Tunisie n’est pas épargnée par l’hydre nazie.

Entre la Libération du pays et le temps de la décolonisation, la communauté juive va connaître une dizaine d’années de plénitude. Dans tous les domaines, des arts à la compétition sportive, de la politique à la littérature, de l’agriculture au commerce et à l’industrie, c’est le temps de la réussite exponentielle. Comme si, intuitivement, la communauté pressentait le maëlstrom en gestation.

L’autonomie interne de la Tunisie puis son indépendance, en 1956, sonnent le glas des espérances de la communauté. Le Conseil élu de la Communauté juive, dont le dernier président sera Maître Charles Haddad de Paz, est dissout. Tout comme le Tribunal rabbinique. Pour des motifs de salubrité publique, le quartier juif de la Hara où se situe l’ancienne Grande Synagogue est rasé.

Certes, deux ministres juifs, Albert Bessis et André Barouch feront partie des gouvernements de l’autonomie et de l’indépendance. Mais l’illusion sera de courte durée. Le départ massif des Juifs de leur terre ancestrale était inscrit dans le vent impitoyable de l’Histoire et si l’indépendance du pays constituait la réparation d’une injustice flagrante, les Juifs auront été les grands perdants du départ de la puissance tutélaire, qui, nonobstant son caractère colonial, assurait d’une certaine manière leur protection et leur ascension sociale.

Des signes inquiétants se succèdent. Le cimetière juif, vieux de plusieurs siècles, situé en pleine ville moderne et dans lequel se trouvaient les tombes de rabbins vénérés, est entièrement rasé et transformé en jardin public. Un simulacre de transfert des sépultures vers Israël est organisé. Mais les faits sont là : des milliers d’ossements de Juifs, broyés et mêlés par les bulldozers et les pelleteuses, sont toujours sous les pieds des visiteurs de ce parc de la capitale. En 1961, l’affaire dite « de Bizerte », conflit armé entre la France et la Tunisie, auquel, au demeurant les Juifs étaient étrangers, affole la communauté juive. Par dizaines de milliers, les Juifs quittent le pays sans espoir de retour, sans un sous ou presque en poche en abandonnant leurs biens et leurs maisons.

Le conflit entre Israël, vers lequel se sont dirigés bon nombre de Juifs tunisiens, et les pays arabes dont la Tunisie est naturellement solidaire, n’arrange pas les choses. En 1967, lors de la Guerre des Six Jours, une vague d’antisémitisme déferle sur le pays. La Grande Synagogue de l’avenue de Paris est incendiée, profanée et mise à sac. L’unique fabrique industrielle de matzoth, rue Arago, est détruite.

Le président Ben Ali, qui succède à Habib Bourguiba, semble bien disposé à l’égard des Juifs originaires de Tunisie qui ont tendance à revenir de plus en plus souvent, notamment en été, au pays de leurs ancêtres. Des cimetières et des synagogues sont restaurés. En 1996, un bureau d’intérêts israélien est ouvert à Tunis. ہ sa tête, Shalom Charles Cohen. Le premier vol direct, Israël-Djerba est inauguré à l’occasion de la fête de Lag Baomer. On se prend à croire à une nouvelle ère. L’illusion sera de courte durée.

En 2002, quelques centaines de Juifs vivent toujours en Tunisie. Ils étaient cent vingt mille à l’aube de l’Indépendance. La communauté juive est dirigée par un industriel, Roger Bismuth. La rupture des « relations diplomatiques » entre la Tunisie et Israël, à la suite de la deuxième Intifada, a généré un certain malaise entre les Juifs de Tunisie à travers le monde et leur pays d’origine.

Avec le déclenchement de l’opération « Rempart » par l’armée israélienne, en réponse à un attentat-kamikaze particulièrement meurtrier dans la station balnéaire de Nétanya, ce malaise s’est encore aggravé. Il a atteint son apogée le 11 avril 2002, avec l’énorme explosion qui a secoué les environs de la synagogue de la Ghriba à Djerba. Un événement dramatique qui a causé la mort de quinze personnes, la plupart de nationalité allemande et blessé de très nombreux visiteurs. Après plusieurs jours d’expectative et de dénégations embarrassées, les autorités tunisiennes, abandonnant l’hypothèse improbable de l’accident ont reconnu le caractère criminel de cet acte dont les coupables ont été identifiés. La nébuleuse Al Qaida est très probablement impliquée dans cet attentat meurtrier qui a conduit les autorités tunisiennes à verser d’importantes indemnités aux victimes et à leurs familles. Peu après, d’autres actes de malveillance antisémite étaient signalés. ہ la synagogue de La Marsa, plage très prisée en son temps par la bourgeoisie juive de la capitale, des livres de prières ont été lacérés et brûlés, des tags haineux et des slogans hostiles aux Juifs, peinturlurés et des drapeaux palestiniens comme des portraits de Yasser Arafat accrochés aux murs. Dans le Sud, la synagogue et le cimetière juif de Sfax ont aussi été vandalisés. Les autorités tunisiennes ne sont, bien entendu, pour rien dans ces actes malveillants et criminels mais elles ont de plus en plus de mal à contenir les extrémistes.

Le temps où l’on voyait se dessiner une nouvelle ère d’or entre la Tunisie et ses enfants juifs, ceux restés au pays comme ceux vivant en France, en Amérique ou en Israël, s’éloigne avec l’aggravation du conflit israélo-arabe. Mais la nostalgie demeure, toujours vivace.

L’inquiétude, donc, la rasra tune, mais aussi et toujours le spleen, l’ouarche du temps jadis définitivement révolu. Avec, malgré tout, en toile de fond, l’espoir tenace de retrouvailles proches dans la paix et la sérénité.


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