Le Centre Rachi à Paris (1) a accueilli le 26 octobre 2008 un
événement unique en genre rassemblant de jeunes lycéens tunisiens autour de la Projection d’un film
documentaire : « Mémoire d’enfants ». Ce document réalisé par Bô
Gaultier de Kermoal retrace en effet un voyage accomplit sous le signe de
l’amitié judéo musulmane, d’une classe de première scientifique du lycée
Français Gustave Flaubert de
la Marsa (2) qui s’est rendue en Pologne du 14 au 18
avril 2008 pour visiter Varsovie et Cracovie ainsi que le camp d’Auschwitz
Birkenau.
La Projection s’est déroulée en
présence d’un conseiller de son excellence M. ambassadeur de
la Tunisie en France, Raouh Nadjar, ainsi que Gillet Pierre
Emmanuel, professeur au lycée Gustave Flaubert de la Marsa, le réalisateur Bô Gaultier de
Kermoal (3) et plusieurs personnalités d’origines tunisiennes .
Ce film présente pour la première fois la
confrontation de jeunes tunisiens face à la tragédie humaine de
la Shoah dont ils méconnaissent l’ampleur et le porté.
Auschwitz Birkenau, ce nom terrible désigne le plus grand camp de
concentration et d'extermination du IIIe Reich. Il se situe dans la ville
d'Auschwitz à 70 kilomètres à l'ouest de Cracovie, un lieu ou des enfants,
des femmes, des hommes et des vieillards -parce que juifs - étaient mis à
nu, rasés, tatoués, dépossédés de leurs biens puis exterminés par des
méthodes non égalés dans l’histoire de la barbarie humaine.
Le documentaire met en évidence des jeunes
tunisiens face au sort tragique des victimes de la « solution finale
» (4) qui furent tuées dans les chambres à gaz ou parfois avec des armes à
feu, mais meurent aussi de maladies, de malnutrition, de mauvais traitements
ou d'expériences médicales.
Auschwitz, le plus grand camp d'extermination
ayant existé, est considéré comme le symbole des meurtres en masse commis
par les nazis, et plus particulièrement celui du génocide des Juifs dans
lequel près de six millions d'entre eux sont assassinés .
Les jeunes lycéens tunisiens ont pu aborder
pour la première quelques aspects de la « solution finale » qui
était le produit de plusieurs siècles d’antisémitisme face à la question
juive. Les Juifs d'Europe se sont trouvés seuls, désarmés et abandonnés du
monde face aux nazis, dont l'objectif était leur anéantissement pur et
simple.
La mise à mort systématique et programmée des
Juifs était jusqu'à lors inconnue pour ces jeunes. Ils ont constatés de
leur propre yeux que la Shoah n’était pas en mensonge comme on
entend le plus souvent dans les milieux antisémites. Ils peuvent aujourd’hui
témoignés, après leur retour à Tunis, qu’ils étaient dans les mêmes lieux
qui ont connu la fin tragique des déportés juifs de Birkenau s'y trouvent
notamment des effets personnels de déportés : vaisselle, lunettes,
chaussures etc. Ces jeunes tunisiens peuvent être considérés comme les
nouveaux ambassadeurs de la mémoire juive.
Ils ont accomplit leur premier pèlerinage
dans un site où les nazis ont assassiné un million et demi d'hommes, de
femmes et d'enfants, en majorité des Juifs de divers pays d'Europe. Ils ont
effectués le devoir de la mémoire sur le lieu de la Judenrampe, où les
prisonniers étaient débarqués dans cette sorte de rampe ferroviaire située
à 1,5 km
de Birkenau, où sont arrivés les trains convoyant les déportés pour finir
leur voyage dans des chambres à gaz.
Auschwitz a volontairement été laissé en l'état
comme témoin de l'ampleur du crime. Un monument international à la mémoire
des victimes. Il est un lieu de recueillement dans ce qui peut être
considéré comme le plus grand cimetière de l'histoire de l'humanité (5).
La présence d’un conseiller de son excellence M.
ambassadeur de la Tunisie en France Raouh Nadjar (6)
dans cette projection qui mémorise ce pèlerinage inédit, est un signe
fort de l’engagement de
la Tunisie
à préserver la flamme du souvenir.
Rappelons nous déjà que le 28 avril 2008, Ahmed
el-Abassi, représentant de la Tunisie dans l’Autorité
Palestinienne, a fait une intervention historique lors de l’ouverture de la
conférence qui s’est tenue pendant trois jours à l’Institut Yad Ben Zvi
à Jérusalem, et qui a eu pour thème « le sort des Juifs d’Afrique du
Nord pendant
la Deuxième Guerre
Mondiale. »
Abordant le sort des Juifs d'Afrique du Nord
pendant la Seconde
guerre mondiale, Ahmed el-Abassi, représentant de
la Tunisie
auprès de l'autorité palestinienne, avait apporté lors de cette
conférence internationale sur l'Holocauste un témoignage édifiant sur le
sort des Juifs tunisiens, sous l’occupation allemande de novembre 1942 à
mai 1943.
La projection de ce film au centre Rachi à
Paris qui raconte le premier voyage de lycéens tunisiens (du lycée
Flaubert de La Marsa) à Auschwitz est une
avancée majeure dans le combat contre les thèses négationnistes. Elle marque
une conscience plus accrue de la Tunisie sur la réalité de
la Shoah car ce n’est pas seulement au Peuple juif de
porter la lourde tâche d’assurer
la Mémoire. Ce qui est arrivé une fois peut se répéter.
L’Histoire nous l’a bien montré.
La présence d’un conseillé spécial de Monsieur
l'Ambassadeur Raouf Nadjar dans cet événement majeure fait que la Tunisie marque sa différence par
rapport au négationnisme d'autres pays arabes et c'est encourageant car il
y’a aujourd’hui des gens que la Shoah n'émeuvent pas.
C'est tout à l'honneur de
la Tunisie,
qui en prenant part à une conférence sur l'Holocauste, et en voyant des
jeunes tunisiens à la découverte du camp d’Auschwitz Birkenau, se range
ainsi parmi les grands pays de la communauté internationale pour participer
à la construction d'un monde de tolérance.
Ftouh Souhail, Tunis
Citoyen du Monde
(1) Espace
Rachi est un Centre d'Art et de Culture à Paris
(2) Lycée
Gustave Flaubert de La Marsa :
http://www.lyc-flaubert-lamarsa.ac-versailles.fr/
(3) Bô
Gaultier de Kermoal est un jeune réalisateur de cinéma :
http://www.bodekermoal.org/
(4) Voir sur la solution finale le Livre de Raul
Hilberg ; La Destruction des Juifs
d’Europe, éd., Gallimard, 2006 (trois volumes). C’est le premier grand
livre qui explique exhaustivement le mécanisme de la Solution finale. Un ouvrage de
référence.
(5)Auschwitz Birkenau est créé en mai 1940, il
n’était libéré par l'Armée rouge que le 27 janvier 1945. En cinq années,
plus de 1,3 million d'hommes, de femmes et d'enfants juifs, meurent à
Auschwitz. Monument historique et culturel majeur qui participe au devoir de
mémoire, Auschwitz est depuis 1979 inscrits sur la liste du patrimoine
mondial de l'UNESCO.
(6) Mohamed Raouf Najar est un avocat tunisien
originaire de la région de Gabès. Nommé ministre de
la Jeunesse et des Sports. Il transitera par la Cour des comptes, comme
premier président, avant de prendre en main le ministère de l'Éducation
nationale: telle est la carrière de Raouf Najar, avant d’atterrir à la rue
Barbet de Jouy, à Paris, comme ambassadeur de son pays en France.
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