Un an après, Djerba se souvient mais veut tourner la page

10/04 08:31 Djerba, l'île touristique du sud de la Tunisie, cible d'un attentat contre sa synagogue qui fit 21 morts le 11 avril 2002, se souvient de ce jour de deuil, mais s'efforce d'oublier en caressant l'espoir d'une relance du tourisme avant l'été.

"Je revenais tout content de Tunis avec des fonds pour la préparation du pélerinage lorsqu'on m'apprend que quelque chose s'est produit à la Ghriba. J'accours et les policiers sur place m'annoncent +une grande catastrophe+", se souvient Perez Trabelsi, chef de la communauté juive et de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique.

"Avec la fumée et l'horrible odeur de brûlé", il affirme avoir, d'abord, cru à un incendie provoqué par un cierge dans la synagogue, monument incontournable pour les touristes à Djerba.

"A la vue du camion avec le chauffeur brûlant dans la cabine et des pompiers à l'oeuvre, j'ai eu un choc qui m'a conduit à l'hôpital. Radio Israël a été la première à m'appeler au sujet d'un attentat. Sur le coup, je ne pouvais y croire tellement la chose est inhabituelle ici", affirme-t-il, justifiant le fait d'avoir soutenu -comme les autorités tunisiennes- la thèse de l'accident.

"C'était surtout un jour de deuil et de condoléances. j'ai répondu à un millier d'appels de par le monde. Partout, c'était la peur-panique...", raconte-il dans sa maison de la Hara Sghira.

Chaoudi Ellia, 19 ans, se souvient surtout du bruit des hélicoptères militaires tournoyant dans le ciel de Djerba pour l'évacuation des blessés.

La jeune fille juive parlait en compagnie des apprentis orfèvres musulmans travaillant pour son père. Elle souligne "la bonne entente" entre juifs et musulmans et se réjouit de sa vie "tranquille" à Djerba. "J'ai confiance", lâche-t-elle.

Aux quartiers juifs de l'île, comme à la synagogue, le souvenir est dans toutes les têtes, mais c'est plutôt l'odeur de peinture fraîche et l'animation précédant la Pessah (Pâques juive) qui l'emportent sur l'anniversaire de l'attentat.

Ce jour là, un kamikaze tunisien, Nizar Nawar, dont la famille habite en France, avait fait exploser un camion chargé de gaz devant la synagogue.

Vingt-et-une personnes y ont trouvé la mort : 14 Allemands, deux Français dont le guide, et cinq tunisiens tous musulmans, dont un policier.

C'est l'Allemagne qui confirma la thèse de l'attentat et annonça plus tard l'arrestation à Tunis d'un complice, Belgacem Nawar, l'oncle du kamikaze.

D'autres arrestations ont suivi en France et les deux pays collaborent à l'enquête sur l'attaque renvendiquée par Al-Qaïda.

Des officiels tunisiens, allemands et français se recueilleront jeudi et vendredi sur le lieu de l'attentat où ils déposeront des gerbes de fleurs en mémoire des disparus.

Les Allemands, qui formaient le plus gros contingent des cinq millions de touristes visitant annuellement la Tunisie boudent encore Djerba, la baisse frôlant le taux de 50% en 2002.

"Djerba a tourné la page" de l'attentat du 11 avril, affirme malgré tout Perez Trabelsi, qui souhaite "faire oublier" ce sanglant épisode pour regarder l'avenir.

Entre-temps, il s'affaire avec des colis de pain azyme, ces galettes sans levure livrées de France pour la Pessah commençant le 16 avril, avant de préparer le pélèrinage annuel de la Ghriba, les 19 et 20 mai, persuadé d'accueillir plus de visiteurs qu'en 2002.

La raison de son optimisme est dans les nombreux appels et réservations de personnes souhaitant assister à ce pélerinage ou prendre des vancances à Djerba, et qui émanent de Grande Bretagne, d'Israël et de surtout de France, dit-il.

© AFP.

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