TEMOIGNAGE

‘…Ce jour là… !’ Le 5 Juin 1967.

J’étais à la Goulette ce jour là.

Je me souviens.

Je sortais de mon travail bien en avance, mon directeur sous la pression de la rue, nous avait libéré vers le midi.

Dans la rue, je pressais le pas pour me rendre au TGM.

Je traversais la grande avenue Habib Bourguiba sans trop d’affolement.

Aucun trouble bien distinct, pas d’affolement chez les passants qui vaquaient à leurs occupations.

Les cafés étaient ouverts et rien de ce qui se passait à quelques lieux du saccage n’était visible.

A la Goulette, tout était calme.

Aucune manifestation. Mais les rues étaient vides.

Mon papa était déjà là, il avait ferme boutique vers le midi. Sans doute avait t’il entendu que quelque chose se passait ailleurs sans vraiment savoir exactement quoi.

Nous avons ouvert la télé tunisienne la RTT, pour être à l’écoute des infos mais rien n’a filtré de ce qui s’était passé dans la matinée. Nous avions changé de chaîne et là, nous avons été saisi par l’ampleur du massacre des magasins juifs par la RAI UNO, la télé italienne passait et repassait les événements de la journée. Nous y voyons toutes les capitales arabes sous le choc de la guerre et les masses dans la rue qui défiler. Elles  se comptaient par milliers, criant, gesticulation et hurlant ‘…Bel rouUUUh, bel deEEEm… !’ Une haine terrible envers les juifs et les israéliens.

Nous avons veillé tard pour être à l’écoute des infos.

Il ne s’est rien passé à la Goulette. Bien au contraire, les voisins se sont montrés bien braves envers nous et nous n’avons jamais été inquiètes.

Par contre, nous avons vécu le couvre feu durant quelques jours.

Et les voitures de police étaient omniprésentes.

Une dure réalité.

Au quatrième jour de la guerre, un bataillon de soldats avait défilé dans la ville avec fanfare. Un contingent qui devait participer par solidarité à la guerre au coté des armés arabes.

Sur son passage, des femmes debout sur les trottoirs pleuraient.

Lors de mon trajet pour me rendre à mon travail. J’ai pu aussi les voir par la vitre du TGM  marchant au pas. Des hommes en tenue de guerre qui mirent cinq jours pour arriver sur les lieux des affrontements. Au grand soulagement du peuple. Aucune perte d’hommes ne fut signalée plus tard.

La guerre était finie. Au 6^ième jour.

Bourguiba en grand stratège a su éviter que ses soldats ne  meurent dans cette guerre.

 Albert Simeoni