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Idées et débats - Le christianisme selon
les Esseniens
Les esséniens étaient des juifs vivant en communauté installés dans le désert de
Judée, à Qumran, et dont on a retrouvé les manuscrits (dits "de la mer Morte")
en 1947. Ils avaient traversé deux mille ans dans des jarres, elles-mêmes
dissimulées dans des grottes. Malgré le temps qui avait dévoré les contours des
rouleaux, on a réussi à reconstituer des textes et des fragments de texte.
Qui étaient ces esséniens ? Beaucoup d'incertain demeure à ce propos. On sait
qu'ils s'établirent pendant deux à trois siècles, arrivés aux alentours du
troisième siècle avant Jésus-Christ et délogés par les Romains entre 66 et 70,
lors de la révolte des juifs. La plus grande partie de la littérature que l'on
peut lire à leur sujet est orientée. Certains veulent y voir les premiers
Chrétiens, et donc l'inexistence de Jésus, celui-ci étant le "Maître de Justice"
de cette secte, légèrement différent de celui qui, selon eux, est imaginé dans
les Evangiles. D'autres, au contraire, nient les ressemblances et les
coïncidences et veulent y voir des juifs très orthodoxes qui n'ont aucun rapport
avec les premiers chrétiens.
Jusqu'à présent, l'essénisme est la plus plausible origine du christianisme. Et
grâce à elle, il y aurait un fort trait d'union entre le judaïsme et le
christianisme. Les Chrétiens ne seraient autres que des juifs libéraux et
réformateurs, dans la prolongation d'Isaïe, de Jérémie, des Proverbes et de la
Sagesse – et bien-sûr, de Jésus. D'ailleurs, certains aspects de l'essénisme
frappent particulièrement par leur ressemblance avec le christianisme, et l'on
ne peut décemment pas prétendre que cela soit dû au simple hasard.
De l'époque de Jésus-Christ, les esséniens nous ont laissé pratiquement les
seuls textes qui constituent toutefois une grande bibliothèque. On a pu
retrouver presque tous les livres de l'Ancien Testament avec cependant quelques
nuances dans l'écriture, des commentaires, et des œuvres personnelles. Ces
dernières sont de deux sortes en particulier : les unes véhiculent une pensée
très orthodoxe, exigeant le respect des règles allant jusqu'aux moindres
détails. Le rouleau du temple énonce les sacrifices (13.9), les exigences, et
réclame de la part des moines un respect de la loi très rigoureux. Cette même
règle entraîne en cas de non-respect des punitions très strictes allant de la
défense de parler pendant un laps de temps, jusqu'au bannissement pendant
plusieurs années. D'autres manuscrits sont en revanche les supports d'une pensée
plus étonnante, voulant mettre l'accent sur les points essentiels de la
religion. Ce sont des compositions originales. Les principales idées fondatrices
du christianisme y sont récurrentes : la circoncision prônée est celle du cœur
(Règle de la Communauté 5.5, Commentaire d'Habacuc 11.13) à défaut d'une
circoncision charnelle, ce qui est prépondérant dans la pensée de Saint-Paul.
Ces manuscrits recèlent également d'autres sentences typiques du christianisme,
et on peut croire que ces textes aient servi de brouillon aux Epîtres et aux
Evangiles.
Jusqu'à présent, l'essénisme est la plus plausible origine du christianisme. Et
grâce à elle, il y aurait un fort trait d'union entre le judaïsme et le
christianisme. Les Chrétiens ne seraient autres que des Juifs libéraux et
réformateurs, dans la prolongation d'Isaïe, de Jérémie, des Proverbes et de la
Sagesse – et bien sûr, de Jésus. D'ailleurs, certains aspects de l'essénisme
frappent particulièrement par leur ressemblance avec le christianisme, et l'on
ne peut décemment pas prétendre que cela soit dû au simple hasard. Chaque fois,
on gardera à l'esprit cette définition de Jésus : "Juif de Palestine, fondateur
du christianisme"…
Les points communs ne s'arrêtent pas à de simples affinités philosophiques. Les
esséniens avaient un mode de vie en communauté, ils observaient la chasteté :
ils n'avaient aucune femme. Ils pratiquaient la bénédiction du pain et du vin
(Règle de la communauté, 6.5) ; ils se baptisaient ; ils s'interdisaient toute
nourriture animale sauf le poisson. Tout cela était identique aux pratiques
chrétiennes de l'antiquité et, plus tard, aux cathares.
De plus, entre la fin de l'essénisme et le début du christianisme, il y a une
cohésion évidente. Elle pousserait à prétendre que les esséniens, dès lors
qu'ils cessèrent d'être "esséniens", furent "chrétiens". En effet, c'est
seulement après 66-70 que le christianisme devint apostolique. Comme par hasard,
il se développa immédiatement après, de la même façon que le bouddhisme s'étend
aujourd'hui en Occident à cause de l'occupation du Tibet par les Chinois. À ceci
s'ajoute l'incertitude quant à la datation exacte de Jésus-Christ, il ne serait
pas impossible que celui-ci soit plus ancien qu'on ne le croit, raison pour
laquelle le christianisme fut missionnaire bien après que le Christ fut mort.
Les esséniens considéraient leur "Maître de justice" comme leur élu, lequel doit
annoncer la bonne parole, mais non pas le dernier élu, venu pour l'appliquer.
Voilà peut-être pourquoi les chrétiens pensèrent que Jésus devait revenir lors
de l'Apocalypse et que, dans l'Évangile selon Saint Jean, l'intervention du
Christ est annoncée à nouveau : il sera le dernier pasteur de l'Humanité. C'est
ce personnage qui est mentionné par les esséniens dans le manuscrit 4Q534-536 et
que Saint Malachie évoque comme le "Pastor Angelicus" 112e pape de sa liste, et
2e à venir après Jean Paul II. Les esséniens considéraient que leur culte serait
rétabli à la renaissance d'Israël. Or, la découverte de leurs manuscrits
coïncida avec sa formation. Certains prétendent que, dans un poème cathare de
Persifal, probablement composé aux alentours du XIVe siècle, l'auteur chante :
"Dans sept ans, le laurier reverdira" (en occitan : "Al cap de sept cens ans,
verdégéo le Laurel"). D'autres prétendent que cette prophétie serait due à
Bélibaste, lorsqu'il mourut, en 1321.
La doctrine des Esséniens présente les aspects d'un dualisme mitigé, que l'on
respire dans les Évangiles et les Épîtres de Jacques et Jean. A posteriori,
cette doctrine a dévié dans deux directions opposées : le dualisme absolu du
manichéisme, et l'abandon du dualisme d'un autre côté, chez les catholiques en
particulier. Il faudrait peut-être se référer à l'essénisme pour retrouver
l'essence du message chrétien d'origine.
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