L’épilogue de la
guerre du désert a commencé sur la frontière égyptienne en 1941 et s’est
term inée à Tunis le 13 mai 1943. C’est un grand évènement de la
Deuxième Guerre mondiale, quand on sait que l’un des principaux acteurs,
W. S. Churchill, le compara, dans ses mémoires, à la victoire de
Stalingrad, en ajoutant que ce fut la première fois depuis le début du
conflit qu’en Grande-Bretagne on éprouva un véritable sentiment de
soulagement. Par ailleurs et sur le plan intérieur, nous essayerons
d’expliquer les raisons de l’indifférence, remarquée par certains
observateurs, de la population tunisienne à cet évènement.
Après la débâcle du 18 juin 1940 par la signature de l’armistice,
l’Afrique du Nord et la Tunisie en particulier semblaient être épargnées
des affres de la guerre, mais cela ne fut que de courte durée; en effet,
les stratèges alliés, Churchill en tête, voyaient cette région comme la
base idéale pour attaquer le ventre mou de la forteresse Europe (6).
Moncef Bey montait sur le trône le 19 juin 1942, devenant ainsi le 18ème
Bey de la dynastie Husseinite. Dès le début de son règne, il a cherché à
changer certaines habitudes séculaires de la cour en supprimant le
baise-main et en se proclamant comme Bey différent de ses
prédécesseurs(1).
En effet, cette attitude du Bey irritait de plus en plus le résident
général Esteva et la rupture arrive le 12 octobre 1942 lors de la
présentation au Bey des vœux de l’«Aïd» par le résidant général et les
autorités du protectorat. Moncef Bey annonça la couleur en demandant
l’émancipation des Tunisiens dans les rouages de l’Etat (et cela ne sera
pas le seul coup d’éclat du souverain(1).
Tunis sous la botte allemande
Partis d’El Alamein en novembre 1942, les éléments de la 8ème armée
poursuivaient inlassablement les forces germano-italiennes qui finirent
par se retrancher derrière la ligne de Mareth en Tunisie le 14 février
1943.
Le 8 novembre 1942 se déclenchait l’opération « Torch » qui consistait
au débarquement de 107.000 Anglo-américains sur les côtes du Maroc et de
l’Algérie(7). Hitler décida, après avoir occupé toute la France,
d’envoyer les premiers contingents de la future 5ème armée à Tunis, et
le pays entrait malgré lui en guerre. La Tunisie fut ainsi occupée, sans
que l’armée française ne riposte à cause de l’ambiguïté de la politique
du gouvernement de Vichy et du comportement de son représentant à Tunis,
le résident général Esteva, partagé entre la mystique et la soumission
sans discernement au maréchal Pétain.
Il faut noter que l’arrivée des forces de l’Axe s’était faite dans le
calme, et accompagnée d’un « délégué politique » du nom de Rahn.
Les points névralgiques de la Capitale furent occupés ; on cite les
gares, les PTT, le port et l’aéroport. Rahn s’installa à Dar Hussein en
pleine Medina. L’hôtel « Majestic » hébergeait les officiers allemands,
l’hôtel «Maison dorée » les officiers italiens. Un certain nombre de
villas d’El Omrane, ex-Franceville, furent réquisitionnées pour héberger
les officiers de haut rang.
Pendant cette période, les forces de l’Axe vivaient aux frais de la
communauté juive qui devait garantir des prêts bancaires à court
terme(3). L’intendance allemande puisa aussi, sans ménagement dans les
maigres stocks locaux du cheptel, des céréales, de l’huile etc,
renchérissant le coût de la vie au point de provoquer la famine dans
certaines régions du pays.
Malgré l’affichage de neutralité du Bey Moncef, tout le pays est
transformé en un vaste champ de bataille.
Dans cette atmosphère d’intrigues et de contradictions, il était
difficile pour les Tunisiens de faire le discernement entre la France
coloniale omniprésente et la France combattante dont la voix était à
peine audible, même une majorité de Français s’y était trompée.
Bombardement de Tunis
Tunis fut bombardée à plusieurs reprises par l’aviation alliée. Certains
bombardements qui visaient au départ des objectifs militaires, tels que:
port de Tunis, tunnel de chemin de fer de Mont Fleury, ratèrent leurs
cibles et touchèrent des civils ; on cite l’exemple du Hammam de Sidi El
Bechir où plusieurs femmes et enfants trouvèrent la mort(1).
Les forces de l’Axe profitèrent de ces bombardements pour solliciter
jusqu’au harcèlement le Bey Moncef afin de condamner ces actes mais la
réponse du monarque fut toujours le refus.
Attitude du Bey envers les belligérants
Rahn continuait à marchander avec Moncef Bey en voulant le prendre sous
son influence. Le souverain, grâce à l’habilité de ses conseillers et
principalement Mohamed Chenik, se dérobait avec tact(1).
Alors que les prisonniers du Néo-Destour internés en Tunisie furent
libérés avant l’arrivée des Allemands, ceux du haut fort Saint-Nicolas
le furent le 16 décembre 1942 mais n’arrivèrent en Tunisie que le 26
février 1943 à l’exception du leader Habib Bourguiba qui n’arriva que le
8 avril 1943(4).
Le deuxième coup d’éclat du souverain Moncef Bey fut la formation du
gouvernement Chenik, sans se référer préalablement à l’accord du
résident général Esteva, le 1er janvier 1943(1).
Alors que le nouveau gouvernement continuait dans la voie de la
neutralité, quelques groupuscules de Tunisiens, n’ayant pas pu résister
aux chants des sirènes de l’Axe, prenaient parti pour ses derniers, et
ignorant les directives du Néo-Destour qui insistaient pour un
rapprochement avec les Alliés(4).
En Algérie, après l’assassinat de Darlan le 25 décembre 1942, le général
Giraud prenait les rênes du gouvernement d’Alger en se faisant aider par
M.Peyrouton, rappelé auparavant d’Argentine, colonialiste notoire et
ancien résident général en Tunisie avant le déclenchement de la guerre.
Au fur et à mesure que le rouleau compresseur allié repoussait les
forces de l’Axe vers le réduit autour de Tunis, M.Peyrouton préparait
insidieusement sa vengeance contre le peuple tunisien et son Bey.
Le résident général Esteva, voyant le vent tourmer en faveur des Alliés,
et voulant préserver l’avenir avec le gouvernement d’Alger, chercha à
rendre service à celui-ci. Il accabla le Bey en le piégeant dans les
filets de la collaboration, et en le poussant avec lettre à l’appui, à
décorer les officiers de l’Axe, alors que les forces alliées étaient
devant Enfida à environ 100 km de Tunis. Il réussit le 12 avril 1943 son
forfait, en convainquant le Bey Moncef de commettre cette erreur
politique (2).
La prise de Tunis
Au fil du temps, les forces alliées poussaient leur ennemi vers un
réduit situé au Nord-Est de la Tunisie comprenant Bizerte, Tunis et le
Cap-Bon.
Quand le IXème corps d’armée britannique rompit le front à
Medjaz–El-Bab, tout s’écroula du côté allemand, laissant la voie libre
aux divisions blindées britanniques, les 6ème et 7ème, de rentrer, le
vendredi 7 mai 1943, les premières à Tunis par le Bardo à 15h40.
Elles se répartirent entre les portes de BabAlouj, BabSaadoun et BabEl
Khadra, traversant la ville arabe avant d’aboutir à la ville européenne.
Certains témoins oculaires nous ont rapporté des témoignages vivants de
cette journée mémorable. Nous reproduisons ci-après celles d’Alan
Moorehead, correspondant en Egypte du Daily Express de Londres :
« Regardant autour de moi, je m’aperçus que je me trouvais parmi les
Rats du Désert; sur les garde-boue cabossés de leurs véhicules se
détachait dans un cercle rouge la célèbre gerboise(…) Pour les hommes
qui combattaient en Afrique depuis le début de la guerre, il y avait,
au-delà de l’excitation et du premier sentiment de triomphe, quelque
chose d’incommunicable(…). La plus grande confusion régnait à Tunis, où
les Anglais entrèrent à 16 heures. Malgré la pluie, des centaines
d’Allemands se promenaient dans la rue ou prenaient un verre avec leurs
petites amies à la terrasse des cafés. Dans un salon de coiffure, des
soldats allemands sautèrent de leur fauteuil, la serviette autour du
cou, le menton couvert de savon, pour contempler, muets de saisissement,
les véhicules blindés britanniques descendant la rue(…). La population
de Tunis en liesse, que doublaient les réfugiés et les soldats
victorieux, tout joyeux d’être enfin sortis des âpres déserts et des
montagnes, ne pensait plus qu’à la fête, aux chants et à la danse. Aux
balcons, de vieilles dames criaient «Vivat!», tandis que les jeunes
couvraient de baisers les soldats alliés qui défilaient, et jetaient sur
leurs chars et leurs camions des brassées de fleurs roses, lilas et
pavots. L’hôtel Majestic, résidence des officiers de l’Axe deux jours
plus tôt, accueillait maintenant les officiers alliés, en s’excusant du
manque d’eau chaude et d’électricité, et offrant, à défaut de vivres, de
réchauffer les rations dans la cuisine de l’hôtel. (…) Nous vivions là
un moment de plénitude et d’émotion intenses et c’était avec une
profonde fierté que l’on voyait les hommes des collines et ceux du
désert arriver ensemble à Tunis », et d’André Gide, penseur et écrivain
français :
« Ce matin, réveillé dès l’aube par un bruit sourd, indistinct,
constant ; on eut dit la rumeur d’un fleuve. Je m’habille en hâte et
bientôt je vois approcher les premiers chars alliés que les gens
descendus des maisons voisines acclament. On comprend encore à peine que
ce que l’on attendait depuis si longtemps a eu lieu; qu’ils sont là…
Tous les traqués d’hier, aujourd’hui ressortent de l’ombre. On
s’embrasse, on rit et l’on pleure de joie. Ce quartier près de la
pépinière, que l’on disait peuplé presque uniquement d’Italiens, arbore
des drapeaux français à presque toutes les fenêtres. Curieux : cette
ville ou l’on parlait toutes les langues, aujourd’hui l’on y entend plus
que le français. Les Italiens se taisent, se cachent, et l’on ne
rencontre que quelques très rares Arabes. Dans la proclamation du
Général Giraud qu’on affiche sur tous les murs, une phrase comminatoire
et imprécise les emplit de crainte : « Quant à ceux qui ont donné leur
appui à l’ennemi dans son œuvre de misère et de souffrance, ils seront
impitoyablement et promptement châtiés. Je vous en fais la promesse
formelle. Il n’y a pas de place parmi nous pour les traîtres ».
La bavure de la 6 ème D.B.Anglaise
Après Tunis, les deux divisions se séparèrent en se dirigeant vers
Hammam-Lif pour la 6 ème DB et Bizerte pour la 7 ème D.B.
Aux termes de deux jours de combats acharnés, la 6 ème DB entra à Hammam
Lif le dimanche 9 mai 1943. Un groupe de soldats, encadré par quelques
officiers, se présenta devant le palais de Hammam-Lif à 18 heures, deux
officiers parlant français demandèrent à parler au souverain. Après
différentes tractations, ils sommèrent le Bey, en présence de sa cour,
de les accompagner à Tunis pour voir un général anglais.
Le Bey s’exécuta humblement, en prenant place dans sa voiture qui partit
immédiatement, suivie par le véhicule militaire anglais. Les deux
véhicules s’arrêtèrent devant le garage de la résidence générale, à la
rue Sadikia, où pendant 30 minutes le cortège fut soumis aux moqueries
et propos désobligeants d’une foule européenne enragée et sous le regard
d’une police qui n’a prêté aucune attention au sort du souverain qui en
fut très affecté.
Ce n’est que vingt minutes plus tard que M.Binoche, ex-secrétaire
général du gouvernement, arriva en s’inclinant respectueusement devant
le souverain et surpris par cette présence il fit appeler un vice-consul
d’Amérique qui présenta ses excuses au souverain, prétextant que les
forces anglaises avaient agi par erreur. Le cortège fut ramené à
Hammam-Lif.
Il est démontré que cette bavure a été commanditée par le gouvernement
d’Alger et exécuté sur ordre du Q.G. du général Anderson, chef de la
1ère Armée britannique. Cette humiliation, infligée au souverain n’était
que le début d’une action minutieusement préparée pour le destituer(1).
La destitution de Moncef Bey
Alors que les Alliés commençaient à savourer leur victoire, le pouvoir
du protectorat se remettait en place en Tunisie. Arrivé dans le pays le
8 mai 1943, le Général Juin avait été désigné par Giraud pour assurer
l’intérim du nouveau résident général Mast, hospitalisé suite à un
accident d’avion.
La première mission de Juin était d’obliger Moncef Bey à abdiquer au
profit du Bey du camp Lamine Bey.
Devant le refus du souverain d’abdiquer volontairement car ne voyant
aucune raison pour le faire, Juin décida de l’exiler manu militari, le
vendredi 14 mai 1943, en le transportant, dans un avion bimoteur Viking,
de Tunis à Laghouat en Algérie.
La nouvelle de la déposition de Moncef Bey se répandit dès la fin de la
matinée, frappant de stupeur la population tunisienne qui fut
traumatisée par un tel affront.
Le militant poète tunisien M’hemed Ben Gtennech (*) immortalisa cet
affront dans le vers en arabe dialectal suivant :…..
Traduction :
“La Tunisie est triste, désemparée et sa pensée mutilée
Quand son Bey, pris à bord d’un avion, fut exilé”.
Ainsi, Moncef Bey, accusé à tort de collaboration, payait chèrement son
soutien au nationalisme tunisien. Bien que les Généraux Giraud et Juin
aient regretté leur geste lors de l’écriture de leurs mémoires, et que
l’on trouvât dans les archives allemandes de Friedrichshafen, une
correspondance de Rahn envoyée à Ribbentrop, alors Ministre des Affaires
étrangères du IIIème Reich, et traitant le souverain d’adversaire
irréductible, cela n’a pas empêché que Moncef Bey soit resté en exil
jusqu’à sa mort à Pau le 1er septembre 1948.
La traque des Néo-destouriens
Le Général Giraud annonça la couleur en faisant afficher sur les murs de
Tunis sa sinistre déclaration. Celle ci fut suivie d’une vague de
répression sans précédent sur le pays. Le Général Mourot était le
principal ténor de cette répression au cours de laquelle plus de 10.000
Tunisiens avaient été arrêtés, et pas moins de 150 personnes furent
condamnées à mort et exécutées.
Les dirigeants du Néo-Destour furent obligés de se terrer, leur parti
étant déclaré interdit par l’autorité du protectorat depuis les
évènements du 9 avril 1938.Il est à remarquer que même le leader Habib
Bourguiba, qui incitait les Tunisiens à arborer la cause alliée, ne put
circuler librement dans le pays, sans l’intervention directe du consul
américain auprès de Juin(3, 4).
Les Alliés, dans leur grande majorité, laissaient faire cette répression
; d’une part, ils considéraient qu’il s’agissait d’affaires intérieures
françaises et, d’autre part, leur esprit était mobilisé pour la
poursuite de la guerre et la libération de l’Europe.
Tunis libérée
Plusieurs jours furent nécessaires pour parvenir à bout des points de
résistance localisés au Cap Bon et dans certains endroits de la plaine
de Zaghouan.
Le Général Alexander, chef suprême des forces alliées en Tunisie, envoya
à Churchill, le 13 mai 1943 à 14 heures 15, le télégramme suivant :
« Sir,
J’ai le devoir de vous annoncer que la campagne de TUNISIE est terminée.
L’ennemi a cessé toutes résistances. Nous sommes maîtres des côtes
d’Afrique du Nord. »(6).
Les réjouissances durèrent deux semaines, jusqu’au 20 mai 1943, jour du
défilé officiel de la victoire. Des Américains, qui avaient pris Bizerte
le jour même de l’entrée à Tunis des Anglais et des Français,
participèrent à la revue. Pendant deux heures, les troupes américaines,
françaises et anglaises défilèrent dans les rues noires de monde, dans
le grandiose final de la campagne d’Afrique du Nord.
Dans cette atmosphère de fête, la population tunisienne ne fut pas de la
partie. En effet, après la destitution de son souverain patriote et la
vague de répressions, sans précédent, qui s’est abattue sur ses membres,
celle-ci s’est retranchée dans l’isolement et la torpeur. Il est
invraisemblable que des personnages comme le Général Catroux, homme
affable et ayant refusé l’occupation allemande, puissent se poser la
question de l’absence d’adhésion du peuple tunisien à cette libération
alors que les faucons d’Alger avaient décidé de l’en exclure. En
réalité, la Tunisie avait été libérée pour les colons et non pas pour le
triomphe de la liberté.
Bien qu’elle fut un tournant pour les Alliés, l’année 1943 a été fort
sombre pour la Tunisie. En effet, c’est au cours de cette période que le
peuple tunisien a subi la pire des répressions de la part du pays
protecteur, la France, et obligé, injustement, le Bey régnant à
abdiquer.
Ainsi les forces coloniales, avides d’avantages économiques, avaient
poussé leurs gouvernants à commettre l’irréparable en opprimant
davantage les peuples colonisés et en ignorant la Charte de
l’Atlantique.
La fin de la guerre en Europe sonnera le glas des colonies, et les
colons, voulant tout avoir et refusant toute émancipation des peuples
colonisés, perdront tout dans les vingt ans à venir. Il est aussi grand
temps que nos historiens se penchent sur cette période de notre histoire
pour l’expliciter davantage et nous enlever cette étiquette de la
collaboration que le sionisme international a exploitée contre le Monde
arabe jusqu’à présent.
Notes :
(*) M’hemed ben Gtennech est un militant de la première heure et
compagnon d’infortune de Salem Dhouib, père de l’auteur de ces lignes,
dans la sinistre prison « Hsine » de Sfax, arrêtés par les autorités
coloniales en octobre 1943 pour le futile acte d’accusation : «
intelligence avec l’ennemi».
Bibliographie:
1) MONCEF BEY tome I : Le règne, SAID MESTIRI Arcs editions1988
2) MONCEF BEY tome II : Chroniques des années d’exil, SAID MESTIRI Arcs
editions1990
3) ACTES DU 4ème SEMINAIRE SUR L’HISTOIRE DU MOUVEMENT NATIONAL (4, 5 et
6 juin1987)
4) LE NEO-DESTOUR FACE A LA DEUXIEME EPREUVE 1938-1943.Centre de
Documentation Nationale
5) MILITARIA Magazine N° 28 HS 1er trim1998
6) Le tournant du destin, Librairie Plon 1951- (MEMOIRES SUR LA DEUXIEME
GUERRE MONDIALE, WINSTON S.CHURCHILL TOME IV)
7) LA BATAILLE DU DESERT, RICHARD COLLIER, Edition Time Life 1980
8)LES BEYS DE TUNIS (1705-1957), EL-MOKHTAR BEY Editions SERVICED 2002.