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Les juifs en Afrique ou Ifrikya |
Les
juifs en Afrique ou Ifrikya
C'est à DJERBA, après la destruction du premier Temple par Nabuchodonosor en -
586, que quelques juifs ont trouvé refuge, ce seraient des Cohen ( Cohanim)
qui auraient même apporté avec eux une pierre du Temple édifié par Salomon,
les autres juifs ayant été massivement déportés à Babylone. On pense que la
Synagogue dite de la Ghriba date de cette époque. Cependant, ces juifs
auraient rejoint d'autres familles qui avaient suivi les Phéniciens et avaient
contribué à l'édification de Carthage pour fonder leur première diaspora.On
est à peu près certain de l'époque, les juifs vivants après le second Temple
parlaient l'araméen.
En effet, Carthage fut fondée par la Reine Sidon vers 813 avant JC, elle fut
détruite par les Romains en -146. L'influence de Carthage fut fondamentale,
car par le biais de ses colonies, elle va semer la culture des peuples
sémitiques du Proche Orient, unis, avec les phéniciens et juifs. Pendant sept
siècles, Carthage va régner sur l'Afrique du Nord. Les juifs sont présents, la
langue utilisée, le punique, est bien sûr proche de l'hébreu.
Il existe 11 synagogues dans l'île, de Djerba et on dénombre en 1999 une
population de mille juifs vivant dans deux quartiers que l'on appelle "Hara
Kebira" et "Hara Sghira" avec leurs maisons décorés avec des mains , des
dessins d'yeux, des poissons et des étoiles de David .Les juifs organisent
tous les ans lors de Lag Bahomer une Hilloula , les femmes viennent
particulièrement prier pour leur fertilité et celle de leur descendants. De
nos jours, la communauté juive de Djerba semble vivre en parfaite harmonie
avec ses concitoyens arabes, malgré un climat pesant depuis septembre 2 000.
Au premier, puis au second siècle, après la destruction du second Temple,
d'autres juifs viennent rejoindre leurs frères. En effet, plusieurs centaines
de milliers de juifs sont déportés par les romains (Titus et Trajan au 1 er
siècle puis Hadrien au 2 ème siècle) dans toute la Méditerranée. A Gamart,
près de Tunis, on a découvert une nécropole juive datant de cette époque.
Ils sont nombreux, arrivent même par le sud, venant du Yémen, passant par le
Soudan, et le Sahara, si nombreux qu'ils font du prosélytisme, et
convertissent des tribus Berbères ; à l'époque on trouve des juifs dans le
Sahara et au Niger.
Le Talmud raconte qu'au II ème siècle, Rabbi Akiba fit un séjour dans cette
province appelée alors "Césarienne", il venait de Judée, pour consolider
l'instruction et la culture juive, et contrer celle imposée par les Romains.
Les juifs sont nombreux lorsque s'écroule l'Empire romain, ils voient passer
de nombreux conquérants : Les Vandales tolérants (vers 430), les Grecs de
Byzance qui imposent la conversion et les répriment durement, ils assistent
aux débuts du catholicisme (St Augustin, d'origine Berbère vit à Hippone,
l'actuelle Anaba).
Une impératrice juive, la Kahéna, fait face à l'invasion des Arabes en 693,
son Empire chevauche la Tunisie (Gabes) et l'ouest de l'Algérie (jusque dans
les Aures). Elle meurt au combat, et les berbères se convertissent
massivement, mais sous la contrainte, à l'Islam.
D'autres juifs viennent alors enrichir les "autochtones" ils suivent les
troupes arabes et viennent de Perse et d'Irak (Bagdad est la ville-phare de
cette époque), plus instruits, ces juifs contribuent à la construction de
Kairouan, et à son resplendissement. Kairouan devient la nouvelle capitale de
l'Ifrikya Ces juifs apportent avec eux le Talmud et les commentaires
rabbiniques jusque là inconnus dans cette contrée.
Sous une lourde domination musulmane, fortement imposés, souvent humiliés,
appelés "Dhimmis", ils sont considérés comme citoyens de seconde zone,
néanmoins protégés par les gouvernants, et plus tard par le Bey, sous la
domination Ottomane, lequel nommait un Caïd parmi ses sujets juifs, on peut
citer les COHEN-TANOUDJI et les SCEMAMA. Jamais persécutés, les juifs qui se
comptent par dizaine de milliers, peuplent de nombreuses villes : Bizerte,
Tunis, Hamam Lif (cité de Naro, où on a trouvé les restes d'une synagogue en
1883), Gabès, Tozeur, Hadrumète,Gafsa, Sfax, Sousse, des communatés nomades
vivent sous la tente dans le sud tunisien , d'autres dans des maisons
troglodytes à Matmata, mais ceux de Djerba gardent le secret de leur identité.
En Tunisie, on assiste à une ghettoïsation des communautés, avec un
regroupement des juifs dans les "haras"., c'était pour des raisons de
sécurité, mais aussi pour des raisons sociologiques et religieuses.
A Kairouan, Jacob ben Nissim ben Josias, fonda une Yéshiva réputée, au IX éme
siècle, à la fin du X éme siècle, un esclave Huchiel ben Elhanan devint
l'autorité spirituelle du judaïsme en Afrique du Nord, deux grandes autres
sommités s'illustrèrent dans cette ville : Issac ben Amram Hamoussalem et
Isaac Israëli, médecins réputés. Au XI ème siècle, Kairouan fut décrétée ville
sainte de l'Islam, et fut interdite aux juifs. Ces derniers quittent la
ville;ils n'y sont jamais retournés.
Les siècles passent, l'Espagne est devenue musulmane depuis 711. Dans la
péninsule ibérique, les trois religions cohabitent, la civilisation resplendit
et éblouit le monde par l'éclat des découvertes scientifiques et
philosophiques. Mais après la "Reconquista" (1492) voulue et orchestrée par
Isabelle la Catholique, fuyant l'inquisition, les juifs s'éparpillent dans le
bassin méditerranéen, certains gardent la langue judéo espagnole, le Ladino,
on les retrouve à Alexandrie, à Smyrne, à Salonique. D'autres se rendent au
Maroc surtout à Fès puis à Meknes, quelques rares familles se réfugient en
Tunisie.
La Communauté Juive Portugaise en Tunisie.
D'autres familles avaient choisi de quitter l'Espagne pour le Portugal plus
proche, beaucoup ont adopté la religion imposée pour ne pas perdre la vie, on
les a appelé les Marranes ou Conversos, ils pratiquaient néanmoins en cachette
les rites juifs et respectaient les grandes fêtes et le Chabbat.
Le Portugal est alors un pays dans lequel l'inquisition n'était pas encore
opérationnelle. Ces derniers commercèrent avec l'Angleterre, la Hollande et la
France. Ils durent précipitamment quitter au XVI éme siècle le Portugal. Un
grand nombre s'est installé à Amsterdam, ou à Londres d'où ils partirent
fonder des colonies dans le nouveau monde , d'autres, après avoir cherché
asile en Europe, trouvèrent refuge en Italie, plus précisément en Toscane.
C'est donc un siècle après l'expulsion, en 1592 que Ferdinand 1 er de Médicis,
protecteur de Galilée les invite. Ils peuvent en toute liberté pratiquer leur
religion, s'installer dans des villes en pleine mutation intellectuelle et
architecturale comme Florence, Pise, célèbre par sa Tour penchée et Livourne,
grand port de commerce de l'époque.
La décision des Médicis n'était d'ailleurs pas innocente, car les juifs
avaient non seulement le sens du commerce, mais gardaient des liens étroits
d'amitié avec leurs coreligionnaires de l'empire Ottoman. Ils devenaient le
trait d'union entre l'Orient et l'Occident.
De Toscane, dès le XVIII éme siècle, des familles partirent s'installer à
Tunis, et firent de Livourne et des princes de Toscane les interlocuteurs
privilégiés des Ottomans et des Arabes : Rachat des esclaves faits prisonniers
par les pirates, commerce de matières premières, d'épices et de produits
artisanaux, ils participèrent à la création des premières industries, ces
juifs parlaient l'italien, et ne se mariaient qu'entre eux..
On les appela les "GRANA" ou Livournais. Habillés à l'européenne, portant
perruque, ils avaient leurs propres rites, leurs propres synagogues, leurs
officiants et rabbins, leurs cacheroutes, leurs cimetières, et se
considéraient comme le fleuron de la bourgeoisie venue d'Europe. Ils fondèrent
le "Souk el Grana" qui fut le centre commercial de la veille ville.
L'arrivée de cette nouvelle communauté provoqua la création d'un schisme qui
divisa les juifs de Tunisie pendant presque deux siècles. Le premier accord a
été ratifié par le très célèbre "Baba Sidi", Rav Abraham Taïeb en 1741, il
concrétisa malheureusement la séparation des deux communautés Ils n'avaient
pas ou peu de relations avec les juifs autochtones (TOUANSA) tunisiens qui eux
parlaient le judéo-arabe se vêtaient à l'orientale.
Les relations entre les deux communautés étaient tendues. Les "Grana"
soutinrent l'Italie tout au long du XIXémé siècle dans sa lutte pour la
colonisation de la Tunisie, contre la France. Les Beys de Tunis ne cédèrent
pas à la pression. Ce n'est qu'à la fin du XIX éme siècle, après le décès du
Grand Rabbin des Grana : Tapia, et sous la pression des autorités françaises
que la fusion fut acceptée.
Cet état de fait n'a été véritablement aboli que lorsque les autorités, au
lendemain de la première guerre mondiale prirent la décision de raser le mur
du cimetière de Tunis, qui séparait, même dans la mort les deux communautés.
Quelques noms de Grana : Cardoso, Castro, Cassutto, Lumbroso, Mendoza, Moreno,
Malka, De Paz, Louisada, Boccara,…
Les DE PAZ construisirent une industrie basée sur les sucreries, les bonbons
et surtout se rendirent célèbre en commercialisant le "Halva le Lion".
La période de 1940 à 1944 fut tragique pour la communauté, mais seuls les
juifs de Sfax portèrent l'étoile jaune, car malgré les ordres du gouvernement
français de Vichy, le Résident Général de France n'appliqua pas à la lettre
les décrets, mais un numerus closus fut imposé dans les écoles, et sous la
pression des troupes d'occupation allemandes et italiennes, le travail
obligatoire mobilisa tous les jeunes juifs dans les camps du Borgel et de
Bizerte, quant au Bey, il protégea les juifs.
La libération par les troupes alliées finit par arriver, à la tête des troupes
libératrices le Général Montgomery. De nombreux juifs s'engagent et
participent au débarquement de l'île d'Elbe à la libération de l'Italie et
pourchassent les Allemands en Rhénanie, leur casernement fut établi à Baden
source: www.ifrance.com/cohenhadria/
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