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LES TRAITES ENTRE CARTHAGE ET ROME
Vers le milieu du VI° siècle avant Jésus-Christ, les Carthaginois s'étaient
alliés aux Étrusques pour chasser les Grecs de Corse. En 348 av.J.C., ils
signent un premier accord avec Rome, renouant ainsi avec l'héritière de l'Étrurie.
(Certains prétendent même qu'un précédent avait eu lieu, en 509). Ce traité
était rédigé comme suit:
"Entre les Romains et leurs alliés, d'une part, les Carthaginois, les
habitants de Tyr, d'Utique, et leurs alliés d'autre part, il y aura paix et
amitié aux conditions suivantes:
Les Romains s'abstiendront de faire du butin, de trafiquer ou de fonder une
ville au-delà du Cap Beau (au sud du Cap Farina).
Si les Carthaginois s'emparent dans le Latium d'une place qui ne soit pas
sujette de Rome, ils garderont l'argent et les prisonniers, mais remettront la
place aux Romains.
Si les Carthaginois prennent quelque citoyen d'un peuple qui soit en paix avec
Rome, de par un traité formel, mais sans lui être soumis, ils ne le débarqueront
pas dans un port romain; s'il y est débarqué, et qu'un Romain mette la main
sur lui, il sera remis en liberté. Les Romains, de leur côté, observeront
les mêmes réserves.
Si un Romain prend de l'eau ou des vivres dans une contrée soumise aux
Carthaginois, il ne s'en servira pas pour porter tort à aucun ami ou allié
de Carthage. Si cette clause est transgressée, on ne devra pas se faire
justice soi-même; si quelqu'un le fait, la nation entière sera rendue
responsable de ses actes.
Les Romains ne pourront ni trafiquer, ni fonder une ville en Sardaigne ou en
Afrique. Ils n'y aborderont que pour prendre des vivres ou radouber leurs
navires. Si une tempête les y pousse, ils en repartiront dans les cinq jours.
Dans la Sicile carthaginoise, et à Carthage même, les Romains pourront se
livrer au négoce et aux autres activités dans les mêmes conditions que les
citoyens eux-mêmes. Les Carthaginois jouiront des mêmes droits.
Ce premier traité semble avoir favorisé Carthage, Rome étant soumise à ses
décisions. En effet, si les Romains sont libres de naviguer et de trafiquer
dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, de nombreuses
restrictions leur sont appliquées en Sardaigne et sur les côtes d'Afrique.
En échange, les Carthaginois acceptent seulement de renoncer à toute
ambition sur le Latium.
Cet accord, vraisemblablement signé pour une vingtaine d'années, semble
avoir été reconduit aux environs de 326. Les clauses restent les mêmes,
mais sont exprimées de telle sorte que les intérêts romains soient mieux préservés,
en détaillant quelques mesures sans doute apparues nécessaires au fil des
ans. Le rapport de forces entre Carthage et Rome paraît évoluer vers une
meilleure parité.
De nouveau, en 306, un troisième traité est signé. Il entérine les mêmes
dispositions.
La Douda
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