Souvent le dimanche nous allions entre amis, filles et garçons, pour la journée en pique-nique. Nous emportions un repas froid et des boissons. Un des lieux préférés était celui des ruines puniques et romaines de Carthage. Après le trajet en TGM et une petite marche, nous nous installions à l’ombre des vestiges et des rares arbres de la colline.

Sous la forte chaleur nous avions la possibilité de nous rafraîchir dans un endroit situé à l’intérieur d’une grande enceinte entourée d’un mur blanc. On y entrait par une petite porte toujours ouverte. Un robinet d’eau fraîche permettait de se désaltérer.

En toutes saisons, une herbe verte et drue y poussait, même en plein été par temps de sirocco. Des stèles verticales en marbre blanc étaient alignées. Sur chacune d’elle étaient inscrits un nom et un prénom, le lieu et les dates de naissance et de décès. On trouvait quelques étoiles a six branches au milieu des croix.

Il s’agissait du cimetière militaire américain. C’est là que reposent pour toujours la plupart de ceux qui, venus en 1943 pour nous libérer de l’armée nazie, sont morts bien loin de leur pays. Au moment ou était envisagée la déportation massive des juifs de Tunisie.

Sans tous ces soldats, nous n’aurions plus été là pour fonder un foyer, nous retrouver ou faire connaissance sur HARISSA, écrire nos souvenirs dans ADRA, bavarder au café, et parfois nous rencontrer.

Bien plus tard, en vacances en famille en Normandie, j’ai découvert d’autres cimetières, en particulier celui de Colleville-sur-Mer, avec près de dix milles tombes. Il m’a fait penser à celui de Carthage car il est situé aussi près de la mer.

Aujourd’hui 6 juin 2004 est commémoré le soixantième anniversaire du débarquement  des troupes alliées en Normandie. Nous ne devons jamais oublier ce que nous leur devons.

Sans le sacrifice de ces dizaines de milliers de jeunes, les Européens seraient aujourd’hui obligés de parler l’allemand ou le russe.

Nous ne devons et ne pourrons jamais haïr les Etats-Unis comme le font ceux qui ont la mémoire courte ou ignorent l’histoire. Je suis sûr que si cela était à nouveau nécessaire, les Etats-Unis seraient pour la troisième fois prêts à défendre la liberté à côté de nous.

Armand

Pour visiter le cimetière de Carthage

http://www.abmc.gov/na.htm

Pour visiter le cimetière de Normandie

http://www.abmc.gov/no.htm