|
|
Dans la sidra " YITRO ", nous avons évoqué la Révélation au Mont Sinaï qui
s'est déroulée, d'après notre tradition, le CHABBATH 7 SIVANE DE L'ANNEE DE LA SORTIE
D'EGYPTE, alors que le MATANE THORA (Don de la Thora) était " programmé " pour
le 6 du même mois.
Aussi, les générations ont-elles conservé cette date du 6 SIVANE pour célébrer la
fête de CHAVOUOTH -la Fête des Semaines-, respectant la prescription de Lévitique
XXIII, 15 et 16 : " Puis, vous compterez chacun, depuis le lendemain de la fête (1er
jour de Pessah), depuis le jour où vous aurez offert l'ômer, sept semaines, qui devront
être entière ; vous compterez jusqu'au lendemain de la septième semaine, soit cinquante
jours
".
CHAVOUOTH est désigné dans la Thora sous deux autres appellations :
- Fête des Prémices
- Fête de la moisson
En ce qui concerne le fait central de cette fête, le Don de la Thora, il y a lieu de
résumer quelques informations de base : dans la Tradition juive, la Création n'a été
assurée de durer qu'à la condition que l'homme marche dans la voie que lui a tracée son
Créateur, l'Eternel. Ce pacte a été rompu par l'homme, et l'Eternel a effacé tout ce
qu'il avait façonné en noyant la terre sous le déluge : seule la famille de Noé a
été épargnée. Elle s'est multipliée, mais par la suite, la majorité de la
descendance de Noé est retombée dans les errements qui avaient été à l'origine du
déluge. Seul Abraham a reconnu le Dieu unique et a montré par sa conduite qu'il entamait
une ère nouvelle d'observance des conditions de l'Alliance. Surtout, il commanderait à
sa descendance d'observer les lois et décrets divins.
Après les années de servitude, les enfants d'Israël arrivent, sous la direction de
Moïse et Aharon, au désert du Sinaï. C'est là qu'a lieu la Révélation. Le Décalogue
codifie d'abord les rapports de l'homme vis-à-vis de Dieu (monothéisme) et finit par les
rapports de l'homme vis-à-vis de son prochain (ne pas assassiner, ne pas voler, ne pas
convoiter, etc.)
Dieu ne veut pas que l'homme soit divinisé comme le Pharaon d'Egypte. Il ne veut pas non
plus que l'homme soit avili, humilié, asservi comme cela se passait dans les sociétés
de l'Antiquité.
Il donne à l'homme les conditions de sa liberté, liberté limitée par la reconnaissance
de sa véritable condition, créature -donc obligation de reconnaissance de l'existence
d'un Créateur-, et par l'observance de la Loi morale de respect de l'Autre, quelle que
soit sa couleur ou sa croyance.
C'est à la descendance d'Abraham, Isaac et Jacob qu'échoit la lourde tâche de montrer,
par sa conduite, les conditions d'une vie sociale harmonieuse, assurant ainsi la
pérennité du genre humain. Des " DIX COMMANDEMENTS " découlent 613 mitzvoth
(commandements) résultant tant de la lecture de la Bible -LOI ECRITE- que du Talmud et
ses commentateurs -LOI ORALE-.
Sans l'éclairage de la LOI ORALE donnée à Moïse au Mont Sinaï, la Bible nous poserait
des énigmes insolubles.
Prenons, par exemple, le cas de RUTH LA MOABITE, dont nous lisons le récit à CHAVOUOTH.
Dans le cinquième Livre de Moïse, le DEUTERONOME, nous lisons : " L'ammonite et le
moabite n'entreront pas dans la Communauté de Dieu
ceci à jamais ! Parce qu'ils ne
sont pas venus au-devant de vous avec du pain et de l'eau sur le chemin, quand vous êtes
sortis d'Egypte " [Deutéronome XXIII, 4 et 5].
Et RUTH, alors ? Eh bien, dans le Traité " YEBAMOTH " p. 76 b du Talmud de
Babylone, la question est posée à propos de David, descendant de Ruth et de Boaz; et la
réponse est : LE moabite et non LA moabite, car il n'est pas d'usage que les femmes
viennent au-devant avec du pain et de l'eau.
En outre, il y avait chez Ruth une qualité qui avait fait défaut à son beau-père,
Elimélekh, l'amour désintéressé, le " 'HESSED ", qui n'attend rien en retour
: Naomi, sa belle-mère, veuve, pauvre, âgée, frappée par le sort, s'en retourne à
Bethléhem, puisque rien ne la retient plus dans les " champs de Moab ". Ruth,
princesse du pays de Moab, encore jeune, la suit, partage sa peine et sa misère, et
embrasse la foi d'Israël, sans aucune perspective de vie meilleure ou de récompense.
C'est ici que " les circonstances " font qu'elle épouse Boaz, que sa conversion
désintéressée est reconnue et que de sa descendance naîtra DAVID, ROI D'ISRAEL A
JAMAIS !
Le Peuple d'Israël tout entier est comparé à Ruth : il suit Moïse dans le désert,
nature hostile s'il en fût, sans bien savoir à quoi il s'engage. Il le fait
aveuglément. Il est encore tout imprégné de la culture et du culte des divinités de
l'Egypte pharaonique, et du " confort alimentaire " dans lequel il baignait, et
vient " se convertir " au pied du Mont Sinaï en affirmant " tout ce qu'a
prononcé l'Eternel, nous l'exécuterons docilement " (nous le ferons PUIS nous le
comprendrons) [Exode XXIV, 7].
Cet amour désintéressé, l'Eternel ne l'oublie pas. Ne s'écrie-t-il pas, par la bouche
du prophète Jérémie : " Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de
ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une
région inculte. Israël est une chose sainte, appartenant à l'Eternel " [Jérémie
II, 2 et].
En guise de conclusion, je ne puis résister à l'envie de citer ces deux versets sublimes
que prononce Boaz à l'égard de Ruth : " On m'a fidèlement rapporté tout ce que tu
as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari ; que tu as quitté ton père, ta
mère et ton pays natal pour te rendre auprès d'un peuple que tu ne connaissais ni d'hier
ni d'avant-hier. Que l'Eternel te donne le prix de ton uvre (de dévouement) !
Puisses-tu recevoir une récompense complète du Seigneur, Dieu d'Israël, sous les ailes
duquel tu es venue t'abriter ! {et c'est encore plus beau dans le texte biblique !}
A toutes et à tous, BONNE FETE DE CHAVOUOTH et bonne étude de la Thora ! 'HAG SAMEA'H !
! !
LEON MASLIAH
lmasliah@club-internet.fr
|