| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages |
 

 

 

Esseyed El Maa'rabi à El-H'amma


 

 

 

 Pour un enfant qui a grandi dans le sud tunisien, le Maa'rabi était omniprésent. La petite ville de El H'amma n’était qu’à 30 km de Gabès et nous y allions souvent, même en dehors du pèlerinage de H'anuca. On y venait aussi pour ses sources chaudes. On jurait sur "Ourass es-Seyed"(sur la tête de Maître), tout le monde savait que le Seyed était Rabbi Yossef el Maa'rabi. Même les arabes le vénéraient et n'osèrent jamais déranger les pèlerins, d'autant plus que cela faisait fleurir leurs petits commerces.

Un petit détail personnel. Etant né le jour même du pèlerinage (Rosh-Hodesh Teveth, le 1er jour du 4eme mois) et ayant de la famille à El-H'amma, mon père m'y prenait chaque année.

Je me rappelle ces sortes de petites piscines publiques, non loin du souk local et

qui ressemblaient plutôt à des abreuvoirs à ciel ouvert, où les gens entraient, tout habillés, dans une eau brûlante

Le tombeau du Rabbi était au centre d'une grande cour entourée de muraille autour de laquelle on avait construit un banc en pierre. Il servait pour le repos des pèlerins ou pour certains petits commerçants d'objets sacrés ou de gâteaux.

Près du monticule de pierres du tombeau il y avait un foyer où l'on jetait des bougies Le souvenir de l'odeur de la cire brûlée était si fort que partout où je  la sens je retrouve mes souvenirs d'enfance, là bas.

Le nom de Maa'rabi était assez répandu chez les garçons juifs de la région.

 

Le Maa'rabi me ramène aussi à l'occupation allemande de 42-43, je n'avais pas encore 5 ans quand nous nous étions réfugiés à El Hamma. Mon père cherchait à éloigner sa petite famille de la ville de Gabès, où il y avait une base militaire française importante et comptait probablement sur la protection du Saint Homme.

Nous habitions, avec plusieurs familles, une grande maison avec cour. Dans cette cour qui n’était pas dallée, on avait creusé des tranchées ouvertes dans la terre rouge. Nous y sommes restés jusqu'à ce que les allemands fussent chassés de Gabès.

Curieux  que le plus grand souvenir qui m'était resté de cette période était, ces "cloches" de sucre blanc que mon père achetait  je ne sais d'où et que tout le monde se mettait à transformer en poudre. Ils la concassaient d’abord en petits blocs comme des cailloux qu'ils pilaient ensuite au Mahraz, ce marteau pilon de cuivre. Pour arriver à la phase finale on mettait les petits cristaux de sucre obtenus entre 2 couches de tissus et on roulait dessus une grosse bouteille, à plusieurs reprises.

Le sucre servait à faire survivre la famille. Ma mère fabriquait des beignets au miel, des makrouds et autres gâteaux que mon père vendait au souk.

De retour à la maison après El-H'amma, je revois l’image de mes parents entrain de balayer les débris de verre, car les bombardements des 2 cotés, allemands et Alliés, avaient brisé toutes les vitres.

 Durant mes deux récents voyages en Tunisie (1997 et 2000), les portes du lieu saint du Maa'rabi étaient fermées et nous ne le vîmes que de l’extérieur, c’est alors que je me suis rappelé la légende du tank nazi qui fut immobilisé quand il voulait détruire la tombe du Saint.

 

 

 
 


 

 

 

Dans le dixième numéro de «SOCIO-ANTHROPOLOGIE» du 11 juillet 2005, (coordonné par Sylvie Pédron-Colombani Université de Paris X-Nanterre), on trouve une analyse de la célébration de la Ziara en général et celle du Maa'rabi en particulier.

                        Le pèlerinage tunisien à Sarcelles

                             par Laurence Podselver.

La célébration de cette fête en France, à Sarcelles, a permis à l'auteur de traiter les  "diverses expressions des religiosités contemporaines : rationnelles et symboliques, éthiques et techniques." du sujet

Voici le lien pour cet article

http://revel.unice.fr/anthropo/document.html?id=157

 

On est loin de la condescendance pseudo intellectuelle de certains de nos coreligionnaires "affranchis" ou du dédain de certaines de nos autorités religieuses. Dans ces manifestations populaires; les premiers voient une pratique superstitieuse, tandis que les autres y voient des rites de A'avoda Zara (d'idolâtrie).

 

Je voudrais citer quelques phrases qui, je l'espère, inciteront à lire tout l'article.

 

" C’est une journée de célébration dans laquelle le plaisir d’être ensemble et plus particulièrement pour ceux de la région de Gabès compte tout autant que l’aspect strictement religieux. Aussi est-il difficile de déterminer la part du sacré dans l’accomplissement du rite. S’agit-il d’un groupe nostalgique procédant à son auto-célébration, au point que l’on peut se demander si ce n’est pas justement la présence communautaire qui porte en elle la part du sacré ?.....

…Le succès de ce rite « transposé » qui apparaît tardivement après l’immigration est l’une des formes récentes d’affirmation de l’identité illustrée par la formation d’une association autour du pèlerinage et du patrimoine juif tunisien. Il illustre l’attachement de la communauté à des valeurs que l’immigration n’a pas effacées mais aussi la compatibilité, trente ans après l’installation en France, des cultures minoritaires et de la culture française que la grande majorité des juifs du Maghreb revendiquaient et avaient faite leur…

….En mettant en scène un particularisme culturel le pèlerinage mêle à la fois le religieux et l’ethnique. Il est aussi l’aboutissement d’un processus d’atomisation des structures et des références religieuses puisque tout se passe en dehors des grandes institutions. C’est un moment très intense d’affirmation du lien social et des solidarités fondées sur l’interconnaissance plus que sur l’organisation hiérarchique officielle. Le culte des saints, très marginalisé par la culture savante tant au Maghreb qu’en France, est réactualisé au moment où le religieux devient plus central dans les modèles d’identification…..

…De plus sa transposition en exil inscrit le pèlerinage dans une rhétorique qui, au-delà de la nostalgie, exprime les besoins d’un groupe social particulier. La multiplication des pèlerinages, tant en France qu’en Israël, témoigne sinon de la vitalité des croyances, du moins de l’attachement aux cultures locales. Quand l’exil perdure, et malgré l’éloignement, la coutume est transposée…."

 

 

On reste plein de reconnaissance envers cette analyse du sujet et je voudrai seulement ajouter, en plus du besoin de l'identification communautaire nécessaire à nos racines, quelques mots sur le plaisir des sens que nous ressentons dans ces occasions.

Nous sommes tout envahis par, la musique , les odeurs de la cire brûlée et des grillades, les mets qu'on vous offre et ceux que vous achetez et les couleurs qui vous harcèlent de partout. Ajoutez à cela le contact avec tout un monde, sans distinction de sexe ni de milieu social, qui se bouscule, "rit et s'interpelle" (comme dans Les marchés de Provence de G: Bécaud).

Les mosquées d"Istanbul, les Pyramides d'Egypte ou les églises Gothiques d'Europe nous remplissent d'admiration devant leur beauté monumentale. On y perd sa dimension humaine. Je crois avoir vu plus de chaleur dans les yeux des pèlerins de Lourdes que chez ceux qui visitaient les cathédrales de Reims ou de Paris.

 

Le pèlerinage du Maa'rabi se pratique le même jour dans 3 continents différents.

Voici des liens avec des témoignages photos qui illustrent chaque événement 

 

A Sarcelles en France             http://www.sayedmarabi.com/

A El Hamma en Tunisie   http://www.harissa.com/D_Religion/sayedelmaarabi.htm

A Ramlé en Israël                 http://www.harissa.com/maarabiramleh.htm

 

 

 

            Texte et photo Avraham Bar-Shay (Benattia)

                       

                        absf@netvision.net.il

 

 

 


| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages |
 

Cherche Harissa

Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un émail a :
jhalfon@harissa.com
copyright 1999-2006.  Harissa Inc. All rights reserved.