** Contexte historique:

La Palestine d’alors occupait une position clé dans le monde antique; entre l’Afrique et l’Asie, fenêtre de l’Asie sur l’Europe et l’Afrique. Ce petit coin de terre fut le centre de gravité de l’hégémonie mondiale.

Malheureusement le roi Josias se mêla aux querelles de la politique mondiale. Son fils Yoachaz après avoir régné trois mois, est mis en prison par les égyptiens qui mettent un nouveau roi Yoyakim. En 607, la Babylonie entame la lutte finale contre l’Egypte pour s’assurer la domination mondiale, Néko est défait, Yoyakim paie sa rébellion par son propre exil. Sédécias lui succède au trône. Nabukadnetsar comptait sur lui pour maintenir Juda comme état satellite de la Babylonie. En 588 Hofra, roi d’Egypte entraîne Sédécias dans son sillage. Nabukadnetsar se prépare à porter un coup fatal à Jerusalem. En 586, le 9 de AV, le Temple est la proie des flammes.

***Histoire de Jérémie, fils de Hilkiahou, l’un des prêtres d’Anatot en terre de Bényamin. Anatot au nord de Jérusalem n’était pas une résidence des Lévi, mais un lieu d’exil (très proche de Jérusalem).

C’était une branche déchue, et sa déchéance, prescrite par Salomon était respectée à travers les siècles par les souverains de Juda. Il faut remonter à Ebiatar, grand prêtre, aïeul de Jérémie pour en comprendre la raison.

Ebiatar avait trempé dans le complot qui avait failli porter sur le trône Adonya à la place de Salomon. Salomon ne voulut pas le condamner à mort, en souvenir de son père David, dont Ebiatar avait été le compagnon d’armes. Salomon ne voulut pas le condamner à mort, en souvenir de son père David, dont Ebiatar avait été le compagnon d’armes. Salomon préféra le destituer et le reléguer à Anatot.

***Si on remontait l’arbre généalogique on trouverait le prophète HELI et ses enfants Hofni et Pinhas." Tu connaîtras les angoisses domestiques, au milieu du bonheur d’Israel, et jamais dans ta famille, on n’atteindra la vieillesse. ***Aussi, quand Jérémie se met à prophétiser, la tribu familiale réagit avec brutalité: "Ne prophétise pas au nom de l’Eter-nel, sinon tu mourras de nos mains". Ils ne voulaient pas avoir d’histoires; enfermés dans leur destin de "paria", ils ont peur d’attirer l’attention sur eux. Cet incident surprend Jérémie, qui ne se doutait pas que l’on complotait contre lui. Sa riposte fut violente: "Oui ils mourront jeunes, tous les garçons et les filles d’Anatot, et moi aussi puisque je suis un garçon d’Anatot, mais je ne mourrais pas de vos mains; je vous verrai d’abord périr par le glaive et par la famine".

**De l’avis unanime le Sanctuaire portait en lui-même la garantie de sa pérennité. On confondait le but et les moyens: Ce n’est pas l’homme qui devait se conformer à la Volonté de D’, mais au contraire l’activité divine pourrait être gérée par les créatures; "Soudain ils sont devenus insensés et sots, pris dans une doctrine de folie". Un brouillard d’illusions rendait les hommes aveugles et insensibles. Ne dîtes pas Temple de l’Eter-nel, le Temple c’est vous-même. Le peuple avait reporté sur le Temple le caractère absolu de D’. A leurs yeux, l’élection d’Israel n’était pas un engagement mais un privilège. Les meneurs de ce mouvement furent les prêtres, mais aussi les prophètes que les prêtres tenaient à leur "solde" et qu’ils avaient "domestiqués".

**Eclate alors le premier scandale: Un fonctionnaire sacerdotal du Temple de Jerusalem, Pach-Hour intervient; il gifle Jérémie et le met aux arrêts pour un jour. Il croit "l’éduquer"; mais chez Jérémie c’est une véritable explosion; tout ce qui couvait en lui jaillit. Il annonce que, sans repentir, Jerusalem subira le sort de SHILO. Arrêté, il est jugé. Sa défense est simple et émouvante:"... Quant à moi je suis entre vos mains, faîtes de moi ce qui vous paraîtra bon et droit à vos yeux; toutefois, sachez bien que si vous me faîtes mourir, c’est du sang innocent que vous répandez sur vous, sur cette ville et sur ses habitants. Car en vérité, c’est D’ qui m’a envoyé vers vous pour dire à vos oreilles toutes ces paroles".

**"...Ils se dérobent mes paroles les uns aux autres, font "marcher" leur langue habilement pour prononcer des oracles..." "...Ces diseurs de songes trompeurs égarent mon peuple par leurs mensonges, et leur verbiage frivole, alors que Je ne leur ai donné ni mission, ni ordre..."

"C’est des prophètes de Jerusalem que la corruption s’est propagée dans tout le pays..."

"Ils vous bercent de chimères; ils vous débitent des visions de leur invention, que l’Eter-nel n’a point inspirées".

***Jérémie est comme un "enfant" sans esprit critique, sans volonté révolutionnaire. Sa prophétie ne jaillit point de son fort intérieur, comme l’écho de sa nature; il est contraint de parler, alors qu’il ne voulait pas parler. Il n’est habiter par aucun rêve. Pendant de long mois, il est mis au ban de la société comme un lépreux, enfermé dans un cachot comme un criminel. "Arracher, démolir, extirper et détruire pour bâtir et planter".

"Rétablissez la liberté à l’intérieur, supprimer tout servage corporel et cessez désormais d’opprimer vos frères".

"Parce que vous ne voulez pas accorder la liberté, je proclame contre vous la liberté du glaive, de la peste et de la famine".

Les sages diront avec ironie que Jérémie devait avoir une goutte de sang étranger, qui avait fait de lui l’intraitable censeur de la société".

**Dans la quatrième année du règne de Yoyoakim, Jérémie reçut l’ordre de D’ de prendre un rouleau et d’y mettre par écrit les paroles que D’ leur a inspirées. Le roi y brûle alors le livre colonne par colonne dans un brasier que l’on avait allumé parce que c’était l’hiver. Jérémie prend un autre rouleau et son scribe Baroukh se met à écrire. Jérémie et Baroukh sont alors obligés de se cacher, jusqu’à la mort de Yoyakim.

Le fils de Yoyakim monte sur le trône, mais il est rapidement déporté par Nabukadnetsar en Chaldée.

**C’est Sédécias qui succède et Nabukadnetsar comptait sur lui pour faire de Juda un état satellite. Mais Sédécias refuse d’accepter cette situation et essayera de se rebeller. Dans le même temps, un prophète, Hanania fils d’Azour accoste Jérémie et d’une voix claire et assurée lui déclare: "Ainsi parle l’Eternel Cé-vaot, D’ d’Israel: Je brise le joug du roi de Babel, encore deux années, et Je ferai réintégrer dans cette ville tous les vases du Temple de l’Eter-nel...et Hanania saisit le joug posé sur le cou de Jérémie et le brise.

**Jérémie a peur alors de s’être trompé. Il se retire et poursuit son chemin. Mais à peine a-t-il fait quelques pas que le ciel éclate et envahi son âme: "Va et dis à Hanania ce qui suit: Tu as brisé un joug de bois, tu le remplaceras par un joug de fer..."

Jérémie s’adresse alors à Hanania: je suis prophète et tu l’es aussi; mais ce qui nous partage, ce n’est pas le bonheur que tu prophétises, toi, et le malheur que j’annonce moi; c’est que moi D’ m’a envoyé pour la vérité, alors que toi tu "leurres" ce peuple par le mensonge. Au cours de cette année tu mourras; et en effet Hanania mourut la même année.

**sédécias envoie alors ses délégués à Jérémie pour lui demander: " Prie, prie, prophète, on a besoin de ta pière pour infléchir D’.Mais Jérémie ne prie pas.

Il n’a qu’une seule consigne: "Quiconque restera dans cette ville, périra par le glaive, la famine et la peste. Mais ceux qui en sortiront et se rendront aux Kaldéens qui nous assiègent vivront.

**Quand ce fut la fin, D’ dit à Jérémie: "Va à Anatot, achète un des champs de ton oncle Hanamel. Quand Jérémie revint d’Anatot pour se rendre à Jérusalem, il vit monter une fumée vers le ciel: "Peut-être Israel a-t-il fait techouva et apporte-t-il au Temple des sacrifices. Arrivé près de la muraille, il vit le Sanctuaire en ruine, il jeta alors un grand cri: "Tu m’as abusé Sei-gneur, Tu m’as éloigné de la Maison, et tu l’as détruite". Un feu ardent brûle dans mon cœur. Aucun des prophètes passés n’avait provoqué la chute de Jérusalem; il a fallu que moi je l’a détruise. Jérémie n’avait pas cru en ses "propres paroles". Il n’avait jamais sérieusement envisagé la chute de Jérusalem. Il avait conçu ses visions comme une menace et non comme une certitude absolue.

**Puis ce fut les jours de terreur, les jours de la chute. Voyant un groupe d’adolescents enchaînés, il enchaîna sa propre main, mais Nabuzradan (officier dans l’armée de Nabukadnetsar) le sépara du groupe. Jérémie aperçoit épars sur le sol, les doigts et les orteils des prisonniers. Il les recueille dans son manteau, il les couve de baisers et pleure. Les exilés éclatent en sanglots: "maître, Jérémie, ne nous abandonne pas", et Jérémie de leur répondre: "Si seulement vous aviez pleuré alors que vous étiez à Tsion, vous ne serez pas parti en exil". Jérémie fut appelé à vivre la catastrophe après l’avoir annoncée.

**Les exilés furent envoyés à pieds, jusqu’en Babylonie, et ne purent se reposer qu’une fois arrivés, car Nabukadnetsar craignait que D’ ne les prenne en pitié.

Après l’assassinat de Guedalia, la peur des représailles égare les esprits, et les rescapés choisissent de s’exiler en Egypte, entraînant avec eux le prophète. La fin de Jérémie est enveloppée de ténèbres. Est-il mort à l’étranger ou a-t-il revu la terre bien aimée de ses ancêtres? Nous l’ignorons.

**Nous terminerons par d’autres prophéties de Jérémie: "Voici, des jours vont venir, dit le Sei-gneur, où je féconderai la maison d’Israel et la maison de Juda par une graine d’hommes et une graine d’animaux. Tout comme Je m’étais appliqué contre eux à arracher, renverser, démolir, détruire et faire des ruines, ainsi Je m’appliquerai, en leur faveur, à bâtir et planter, dit l’Eter-nel". Jérémie 31.

"Je serai leur D’ et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus besoin de s’instruire mutuellement en disant: "Reconnaissez l’Eter-nel" car tous, ils me connaîtront, du plus petit au plus grand, dit l’Eter-nel, quand j’aurai pardonné leurs fautes et effacé jusqu’au souvenir de leurs péchés.