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Bientot commence la première nuit de la fête de Soukkot, c'est tout naturel
que je relate notre tradition comme on l'avait pratiquée chez mes parents et à
Béja.
J'étais encore un enfant, notre voisin de l'immeuble, Fraji Chaouat, le père
de Rémi, Aimée, Jojo et leur grand frère, se prenait la tâche de construire la
soukka sur la terrasse de l'appartement de Houaya Fargeon, qui était du même
immeuble. Je me souviens de la grande terrasse qui avait des carreaux en
céramique bruns-rougeâtres. Tous les enfants de mon quartier assistions
curieusement au montage de la Soukka.
Fraji Chaouat, que Dieu benisse son âme, avait fait faire tous les élemets qui
constituaient la Soukka. Tous les Chaouat, que Dieu les bénisse tous là ou il
sont et donne la vie et la santé au seul survivant, Rémi, qui est à Nathania
avec ses enfants et ses petits enfants, participaient tous activement et avec
enthousiasme à monter la soukka. L'un tenait les poteaux, l'autre montait les
traverses et je suivais cette activité avec beaucoup d'intérêt.
Une fois que la soukka étaient debout, venait le tour de Houaya (Haim) Fargeon
et ses enfants, Lalou Fargeon, et de son frère Fraji et leurs soeurs Fortunée
et Maïssa de décorer avec des feuilles de palmier. Ensuite c'était le tour de
leur mère Rachelle et de ma mère d'étaler des beaux draps en couleur. Quand
tout était fini, elles accrochaient des kandils (lampes à l'huile) suspendus
aux poutres centrales de la soukka. Après cette phase, venait le tour de mon
père et Jojo Fargeon pour mettre une rallonge électrique et après avoir
installer quelques douilles et des ampoules de 100W ils allumaient et voilà
que notre belle soukka était éclairée . Maman mettait la table avec une belle
nappe et toutes les femmes participaient à garnir cette table avec des fleurs,
un bouquet de Rihan. Après la prière les femmes venaient avec des bons plats
cuisinés par les trois femmes à l'avance..
Ensuite les trois familles se réunissait autour de la table pour manger. Je me
souviens encore du vieux Houaya (Haim) Fargeon avec son pantalon bouffant qui
tenait le verre rempli de brakha que l'on faisait avec des raisin secs, et qui
faisait la prière par coeur avec Fraji Chaouat et mon père entourés des
garçons et des filles et des femmes, Marie Chaouat, Rahel Fargeon et ma mère.
Toute la fête de Soukkot c'était mon grand plaisir de profiter de l'absence de
tout le monde pour aller dans la soukka avec mon plat et manger tranquillement
en jouissant de l'atmosphère que la Soukka créait. Mon meilleur délice -
jusqu'à ce jour est de manger le plat de Mhamer dans la Soukka.
Le soir du premier jour du "hol hamoed", on se préparait pour aller au
pèlerinage de Testour.
Le lendemain nous le passions à Testour avec tous les pèlerins venus de chaque
ville de la Tunisie et d'Algérie autour de la tombe de Rebbi Fraji Chaouat
avec du michoui, de la boukha et aussi certaines nourritures de notre ville
que l'on mangeait les jours de Soukkot.
Ma femme qui n'est pas née en Tunisie et n'a pas grandi avec nos traditions,
mais qui avait appris de ma mère nos coutumes culinaires, m'avait enjolivé ces
jours de fête avec des plats tunisiens et tout particulièrement avec des
"Mhamer" (des aubergines farcies) que j'aime beaucoup. J'espère que tous ceux
qui me lisent passent aussi de bonnes fêtes de Soukkot et de même je souhaite
que nos frères, là où ils se trouvent passent aussi de bonnes fêtes de Soukkot
avec nos traditions. Je me ferais le plaisir de lire des histoires de nos
compatriotes sur ces jours et évidemment sur les recettes en mémoire de nos
parents. (Zikhronam le vrakha)
Emile Tubiana
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