PARACHA BE'HOUKOTAI
Le premier verset de la paracha Be'houkotai nous dit : "Im be'houkotai tele'hou, veet
mitsvotai tichmerou ..."
Ceci signifie : "Si vous suivez mes decrets, et gardez mes commandements ..."
Or le mot "H'oukot" (decrets), n'est qu'une des categories de mitsvot
(commandements). Il designe celles qui sont supra-rationnelles, qui n'entrent pas dans le
cadre de la logique humaine. Une autre categorie est designee sous le nom "Edot"
(temoignages), et reference les mitsvot qui nous rappellent un evenement, comme c'est le
cas de nos fetes, du Chabbat, des tefilines, etc...
Quant a la troisieme categorie, ce sont les "Michpatim" (lois civiles), qui
traitent des rapports entre les hommes, et que nous aurions pu nous imposer nous-meme si
D-ieu ne l'avait pas fait.
Pourquoi le verset en question a-t-il donc distingue les decrets par rapport aux deux
autres categories ? Rachi, commentateur du sens simple du texte, repond a cette question
en expliquant que "Si vous suivez mes decrets" se refere a l'acharnement dans
l'etude de la Torah. Pour autant, le rapport qui existe entre les decrets de la Torah et
l'acharnement dans l'etude ne semble pas evident.
De fait, le mot 'Houkot provient ethymologiquement du mot 'Hakikah, qui veut dire
"graver". Et c'est un fait que de meme qu'il est plus difficile de graver que
d'ecrire, il est egalement plus difficile de s'investir dans un commandement dont nous ne
parvenons pas a saisir la logique, que de s'investir dans un commandement qui est a la
portee de notre intellect.
Le terme "decret" souligne donc l'effort; et de la nous pouvons comprendre
l'explication de Rachi, qui fait reference a l'acharnement dans l'etude. Cette explication
etait en fait deja presente dans le Zohar, oeuvre de Rabbi Chimon Bar Yorai dont nous
fetons la hiloula ce mardi, ou il est precise qu'il s'agit particulierement de
l'acharnement dans l'etude de la Torah orale.
Le choix que la Torah a fait du mot "decret" dans ce contexte nous delivre un
enseignement. Precisement lorsque l'on etudie la Torah orale, celle-ci doit etre comprise,
comme le definit clairement la hala'ha. Cette etude est donc liee a l'intellect. Pourquoi
dans ce cas avoir employe le mot "decret", qui fait reference aux lois qui
transcendent l'intellect ?
C'est ainsi que nous pouvons comprendre le veritable sens que prend le terme
"acharnement" dans cette explication. S'acharner, c'est etudier au dela de ce
que desire notre intellect. Lorsque l'on etudie un passage, un sujet, jusqu'a le
maitriser, on reste dans le cadre de notre intellect. C'est au contraire lorsqu'apres
avoir depasse le stade de la maitrise, on comprend que le sujet depasse notre intellect,
que s'applique veritablement ce terme d'acharnement.
Il est ecrit que "la Torah et D-ieu sont Un". De la meme facon qu'il n'est pas
possible a notre intellect humain, limite, de comprendre notre Createur, qui est au dela
de toutes les notions de limite, de meme il ne nous est pas possible de comprendre Sa
sagesse, qui est habillee dans la Torah.
L'acharnement definit par "Be'houkotai" doit nous permettre d'atteindre ce
niveau de comprehension : comprendre reellement que la profondeur de la Torah, Torah
ecrite et Torah orale, va bien au dela de tout ce que nous en avons compris, sans aucune
limite.
Nous sommes egalement aujourd'hui, Lundi, la veille de "Lag Baomer", qui est le
jour de la hilloula de Rabbi Chimon Bar Yo'hai.
Rabbi Chimon Bar Yo'hai fut l'un des plus grands tsadikim que le monde ait connu. C'est
lui qui a revele aux grands de sa generation les nombreux secrets de la Torah qui sont
consignes dans le Zohar.
A sa propre demande, le jour de sa hilloula est accompagne de beaucoup de rejouissances,
car sa hilloula signifie qu'il a termine sa mission sur Terre, celle de nous delivrer les
enseignements en question.
Il est dit sur Rabbi Chimon Bar Yorai, que son etude de la Torah est son metier. Il a
effectivement etudie la Torah pendant treize annees dans une grotte, cache des romains, en
se nourrissant des seuls fruits que lui procurait un caroubier, et d'eau de source.
Rabbi Chimon bar Yohai cite dans la Michna l'existance de trois couronnes : celle de la
Torah, celle de la pretrise, et celle de la royaute. Mais il precise que celle de la bonne
renommee les surpasse toutes. Ceci peut sembler etonnant. Lui dont l'essenciel du service
de D-ieu se faisait par l'etude de la Torah, privilegie ici les bonnes actions, puisque ce
sont elles qui engendrent une bonne renommee.
Ceci rejoint l'enseignement releve sur notre paracha. Aussi loin que va l'acharnement dans
l'etude de la Torah, cette etude demeure imparfaite, puisque la cible est infinie. Au
contraire, dans l'action concrete, dont la cible est finie bien qu'elevee, il est possible
d'atteindre la perfection.
Bonne etude, bonne action, bonne fete, et bonne semaine !
Chlomo
chlomo@libertysurf.fr