PARACHA REEH

 

La paracha Reeh nous expose quels sont les animaux cachers, et quels sont ceux qui ne le sont pas. Pour ce qui est des quadrupedes terrestres, la regle est la suivante : Sont cachers ceux qui ruminent et ont le sabot separe.

En outre de l'aspect legal de cette regle, un enseignement peut en etre tire concernant notre service de D-ieu.

Les deux vecteurs de notre service sont l'amour et la crainte de D-ieu. Il existe dans chacun d'eux deux categories : La crainte inferieure est la premiere etape dans notre service : c'est la crainte qu'a un serviteur de son maitre, de qui il depend. Cette etape, bien qu'insuffisante, est indispensable, ainsi qu'il est dit dans la michna :
"Sans crainte, point de sagesse".
L'etape suivante est le premier niveau d'amour de D-ieu, appele "ahavat olam"; l'amour lie au monde. Il se devoile chez nous par le bais de notre reflexion sur la grandeur de D-ieu, sur le fait que D-ieu, infiniment plus eleve que tous les mondes, les porte a l'existence de facon permanente et continue, les transcende et les
investit tous, depuis les mondes spirituels eleves jusqu'a notre univers materiel et fini, et bien sur nous-memes.
Et parmi tout cela, sur quoi D-ieu porte-t-il son amour infini ? Sur son peuple, le peuple juif, ainsi qu'il est ecrit : "Non par l'intermediaire d'un ange ..., mais D-ieu
lui-meme, dans toute son essence et sa gloire", et comme ceci est egalement decrit dans le "chir hachirim". Toute cette reflexion ne peut qu'eveiller un amour profond envers D-ieu, dans notre coeur.
Cette meme reflexion sur la grandeur de D-ieu, ainsi que sur son omnipresence, eveille en nous un niveau de crainte superieur appelee "yiraat haromemout" ou "yirat bochet", c'est a dire "crainte liee a la grandeur", ou "crainte liee a la honte". C'est a dire un honte face a la grandeur de D-ieu, de se separer ne serait-ce que d'un iota de la volonte divine, telle qu'elle est exprimee dans la hala'ha, la
loi juive.
Quant au second niveau d'amour, il est appelle "ahava raba", ou "ahava betaanouguim". Ceci signifie "grand amour", ou "amour avec delice". Celui-ci ne peut etre eveille par notre propre reflexion ou service. Il est au contraire un cadeau du ciel, offert aux tsadikim en tant qu'avant-gout du monde futur. Pour autant, il peut nous etre accessible de facon passagere a certain moments propices du service de D-ieu, lorsque l'on prie avec tout son coeur.

Ces deux vecteurs, donc, la crainte et l'amour, necessitent un certain equilibre dans le service divin. Nos sages les ont compare aux deux ailes d'un oiseau, sans lesquelles les mitsvot que nous accomplissons ne peuvent s'elever vers D-ieu. De meme qu'un oiseau ne peut voler avec une seule aile, de meme les mistvot ont besoin de ces deux vecteurs afin de s'elever.

C'est ici qu'intervient l'enseignement de notre paracha. Le sabot doit etre separe, en deux cotes egaux. C'est a dire que la crainte et l'amour doivent etre bien equilibres. C'est dans l'absolu quelque chose de difficile, car chacun est naturellement attire vers l'un ou vers l'autre. L'equilibre entre les deux releve donc d'un effort personnel. Si l'on fournit cet effort, alors on eleve effectivement l'animal qui est en nous vers le service divin. Sinon, c'est ce meme animal qui nous entraine dans le sens contraire.

Savoir si cet equilibre est atteint n'est pas non plus evident. Notre paracha nous enseigne egalement qu'un animal cacher doit ruminer.
C'est a dire que l'aliment, bien qu'ayant deja ete mache, doit l'etre a nouveau. Ceci fait allusion a une reflexion approfondie. Il faut effectuer un veritable bilan de nous-meme, afin de determiner si l'on sert D-ieu au mieux de nos possibilites, si l'on a vraiment atteint cet equilibre necessaire.

Cette semaine est egalement la troisieme des sept semaines de consolation qui suivent le 9 av. Puissions-nous donc y vivre des maintenant la venue de Machia'h, comme l'annoncent les paroles de la haftara.

Bonne semaine,
Chlomo
chlomo@libertysurf.fr