LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

Reponse 

Cher ami, en lisant votre reponse, je constate une certaine lacune ou confusion dans vos connaissances en matiere de Torah. Vous considerez la Torah orale comme une institution rabinique. Ce n'est en fait pas du tout le cas. Lorsque D-ieu a donne la Torah a Moche, sur le mont Sinai, il lui a donne la Torah ecrite et la Torah orale. Cette derniere, qui comprend tous les details d'application de la loi ecrite, a ete transmise de generation en generation, pour etre finalement consignee de facon ecrite, comme ceci a ete explique des les premiers ecrits de la Torah orale, et comme on peut le voir egalement dans la Torah ecrite, comme il y est ecrit : "Et les Torot" (pluriel de Torah). Certaines sectes, comme les tsedoukim ou les baitoussim, ont voulu rejeter la Torah orale, mais en rejetant la source elles se sont elles-memes "asphyxie" et ont maintenent disparu depuis longtemps. La Torah orale, donc, definit clairement que c'est la mere qui transmet le judaisme, et ceci a titre d'enseignement et non de precaution, comme je l'avais dit dans mon courrier precedent. Pour ce qui est du mariage de Moche, que vous citez en exemple, il a eu lieu avant le don de la Torah. La notion de transmission de judaisme n'avait pas encore pris effet dans le monde. Il existe plusieurs exemples similaires datant de cette epoque. C'est par contre a partir du don de la Torah que celle-ci a investi notre monde materiel et que les commandements y ont pris effet. Vous dites dans votre lettre que certaines lois ne seraient pas adaptees a notre epoque. Vous voulez certainement signifier par la que leur application necessite des efforts. Il faut donc savoir que la Torah n'a jamais prone la facilite. Chaque epoque presente ses propres epreuves, que ce soient celles des interdictions de pratiquer la Torah sous peine de mort ou celles de manifestions antisemites plus ciblees, que ce soient celles de la pauvrete ou au contraire celle de la tentation d'une vie sans contraites, ou encore celle de la desinformation. Notre peuple a deja traverse toutes ces epreuves; certains ont cede et d'autres ont tenu. Les juifs identifies aujourd'hui comme tels sont les descendants de ceux qui ont tenu, ou dont les enfants/petits-enfants ont rejoint leurs racines. Vous semblez parler egalement de preceptes de la Torah qui ne soient pas repris dans la hala'ha. Je ne comprends pas ce que vous entendez par la. Merci de me le preciser. Vous precisez que la pratique l'emporte parfois sur l'aspect spirituel et sur l'etude. Ceci correspond a ce que la Torah demande de nous. Bien sur, aucun des aspects ne doit etre neglige, mais les commandements que D-ieu nous a fixe relevent de la pratique; ils doivent etre realises de facon materielle. Je precisais plus haut que la Torah a investit notre monde materiel lorsqu'elle fut donnee sur le mont Sinai. Elle est maintenant bien presente dans la matiere, que notre role est d'elever spirituellement par le biais de l'accomplissement des mitsvot. Bien sur, l'aspect spirituel ne doit pas etre neglige. Il depend de la ferveur qui accompagne l'accomplissement des mitsvot, comme l'ont dit nos sages : "une mitsva accomplie sans ferveur ressemble a un corps sans ame". Pour autant, celle-ci ne peut passer que par le canal de l'accomplissement lui-meme. De meme, l'etude est un aspect essenciel de notre Torah, car c'est elle, comme l'ont dit nos sages, qui engendre la pratique. Pour autant, ils nous ont de nombreuses fois mis en garde contre le piege constitue par une pratique qui se laisserait depasser par l'etude. Ils nous ont egalement mis en garde par rapport au fait d'etablir une hierarchie dans les mitsvot, comme le dit la Michna : "Cours apres une mitsva legere comme apres une mitsva importante, car tu ne connais pas le salaire des mitsvot". Toutes les mitsvot ont le point commun d'etre la volonte de D-ieu. En tant que simples creatures, nous n'avons aucune competence pour evaluer une hierarchie entre elles. Seules les informations qui nous ont ete transmises a ce sujet par la Torah orale sont dignes de foi, et si celle-ci insiste sur l'importance particuliere de certaines mitsvot, comme le lachone hara, le respect du Chabat, etc.., elle ne nous a jamais enjoint a negliger certaines mitsvot, ni a etablir un choix preferenciel. Je precise a ce sujet que ce ne sont pas les 10 commandements qui sont cites pour avoir une importance particuliere. Leur particularite et leur celebrite vient en fait de ce qu'ils ont ete l'objet du devoilement public de la voix divine. Je comprends votre point de vue par rapport au fait qu'il est preferable qu'un juif pratique peu que pas du tout, ou pratique un peu plus qu'un peu moins, et je le partage. Cependant, il est necessaire de lui presenter une vision exacte de ce qu'est la Torah, meme s'il ne la pratiquera pas totalement. Il doit savoir qu'il est important, et non seulement louable, d'en pratiquer chaque detail. On lui donne ainsi la possibilite de pratiquer, sans le resteindre. C'est de lui et non de nous que dependra sa pratique. Et enfin, ceci est necessaire a la transmission de la Torah, afin que le message de D-ieu puisse traverser les generations, comme il l'a fait jusqu'a present, sans en etre affecte. J'apprecie votre conclusion, par rapport au besoin de solidarite qui existe entre nous. C'est un point sur lequel j'insiste souvent, et les evenement actuels nous le font plus que jamais ressentir. Il s'agit par contre bien d'une solidarite entre les personnes, et non entre les idees. Il ne s'agit bien sur pas d'accepter toutes les idees, mais par contre d'aimer chacun et d'etre solidaires entre nous, quelles que puissent etres nos differences et les particularites de chacun de nous.

Amities,Chlomo

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