Sidra Emor par Leon Masliah

Trois thèmes essentiels sont abordés dans la sidra de cette semaine :

- Les devoirs et obligations des " COHANIM " (prêtres du Temple de Jérusalem)
- Les différentes fêtes du calendrier Juif
- Les problèmes juridiques concernant les conflits entre les individus.

1. La conduite, la tenue et les qualités des COHANIM doivent être parfaites. Il doit en être de même de leur entourage. La Thora se montre très stricte sur ce sujet. Elle ajoute [Lévitique XXII, 32] : " Ne déshonorez point Mon Saint Nom, afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d'Israël, Moi l'Eternel qui vous sanctifie, qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte pour devenir votre D.eu : Je Suis l'Eternel "

2. Quant aux fêtes du calendrier juif, elles commencent par le Chabbath. Lévitique XXIII, 2 : " Voici mes solennités (convocations saintes) : pendant six jours on se livrera au travail, mais le septième jour il y aura repos… Ce sera le Chabbath de l'Eternel dans toutes vos habitations ".

La gravité de la transgression de l'observance du Chabbath est régulièrement soulignée dans la Thora. Cependant, quand la vie humaine est en danger, il n'y a aucune hésitation : il faut vivre par les mitzvoth et non mourir pour elles. Maïmonide écrit : " il est interdit de retarder le moment de la transgression du Chabbath pour un malade en danger. On peut en déduire que les règles de la Thora ne sont pas draconniennes, mais guidées par un sentiment de bonté, de gentillesse et de paix " (cité par le Rav Joseph Dov SOLOVEITCHIK dans " L'homme de la halakha ").

Dans le cadre des fêtes du calendrier -que je m'efforce de présenter, précisément à l'occasion de chacune des fêtes-, j'évoquerai le " comput de l'omer ", car il en est question, entre autres, dans la sidra " EMOR " : " Vous compterez, chacun, depuis le lendemain de la fête [de PESSAH']… sept semaines qui doivent être entières " (Lévitique XXIII, 15).

Compter chaque jour de l'"'OMER ", dès le deuxième soir de PESSAH' (chaque jour commence la veille au soir), est une mitzva pour chaque juif. La " SEFIRAT HA'OMER " (le comput de l'omer) a lieu à l'office du soir après la " 'amida ". Elle est précédée d'une bénédiction.

Bien que la Thora ait dit " quand vous serez dans le pays que je vous accorde " à propos de la mitzva de l'omer, nous avons continué, malgré la destruction du BETH HAMIKDACHE, à compter les " sept semaines entières " qui séparent le deuxième jour de PESSAH' de la veille de CHAVOUOTH.

Des commentateurs ont avancé de nombreuses explications concernant le comput de l'omer. Parmi elles, l'impatience que manifeste la Communauté d'Israël de célébrer le don de la Thora à CHAVOUOTH : on compte chaque jour de la même manière qu'on voit s'épuiser un sablier…

Mais, j'ai déjà eu l'occasion de le dire : les enfants d'Israël ne cherchent pas la raison des mitzvoth pour les accomplir (rappelez-vous : NAASSé VENICHMAA - nous ferons et (puis) nous comprendrons). Il suffit, pour notre entendement, de nous soumettre aux commandements de l'Eternel, en sachant que dans toutes les mitzvoth de la Thora il y a de la Sagesse du Créateur, que l'intelligence humaine ne saurait appréhender.

Il n'est, cependant, pas interdit -au contraire- de connaître le " pourquoi " des mitzvoth, dans la mesure où l'intellect le permet.

Dans le judaïsme, la foi pure demeure quand même le niveau le plus élevé de la sagesse, de l'intelligence et de la science.

3. La Loi du talion.
La lettre du verset 20 Chapitre XXIV du Lévitique ne rend pas compte de l'intention de la Thora : " fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent ".

En effet, imaginons qu'un borgne éborgne quelqu'un qui jouit d'une vue normale de ses deux yeux. L'application brutale de la loi dite " du talion " le priverait de son unique œil valide, ce qui ne correspond nullement au dommage causé ! Dans les traités " Bava Kamma " et " Kétouboth " du Talmud de Babylone, nos Maîtres ont tranché : l'auteur du délit dédommage PAR DE L'ARGENT la victime.

Dans un article paru il y a quelques années sous la signature du Grand-Rabbin Michel GUGENHEIM, Directeur du Séminaire Israëlite de France, j'ai découvert un éclairage édifiant -et original- de l'expression " œil pour œil " : en hébreu, œil s'écrit " 'AÏN " -les lettres " 'AÏN, YOD, NOUN "- et l'expression " œil pour œil " traduit " œil sous œil ". Or, si nous prenons les lettres hébraïques QUI SUIVENT DANS L'ALPHABET les trois lettres du mot " 'AÏN " (œil), nous trouvons " phé, kaf et samekh ", les trois lettres du mot KESEPH (argent). D'où ARGENT POUR ŒIL !

La sidra se termine sur un verset lourd de sens en matière de droits de l'homme : " Même législation vous régira, étrangers comme nationaux ; car Je Suis l'Eternel, Votre D.eu " (Lévitique XXIV, 22). A méditer !

CHABBATH CHALOM !

PROVERBE DE LA SEMAINE : " Chéol et abîme sont insatiables ; les yeux de l'homme le sont également " [Proverbes XXVII, 20].

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