Sidra Ree, par Leon Masliah

LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

Comme nous l'observerons souvent au fur et à mesure que nous avancerons dans la lecture du Deutéronome, Moïse rappelle à l'envi trois notions essentielles liées à la Promesse faite aux Patriarches Abraham, Isaac et Jacob :
1. Israël est un royaume de prêtres et une nation sainte
2. Il en découle de nombreux engagements sur la manière de vivre et surtout la lutte contre l'idolâtrie en Terre Sainte
3. Le non respect de ces règles de vie entraîne malédictions et exil.

Cette semaine, nous voyons qu'il met en garde Israël au sujet de la relation immédiate entre la possession de la Terre et la pratique " des lois et coutumes que j'énonce aujourd'hui devant vous " [Deutér. XII, 32].

S'agissant, comme nous l'avons dit précédemment, d'une " conférence récapitulative " de Moïse durant les derniers jours de sa vie, cette péricope traite de 54 mitzvoth -17 positives et 37 négatives- portant sur la conduite à tenir à propos des lieux de culte idolâtres, de la séduction de l'idolâtrie et de la pratique idolâtrique.

Il y est également question des fêtes du calendrier juif à célébrer, de la dîme et de l'année sabbatique.

Nous y trouvons enfin les caractéristiques des animaux consommables par les Bené-Israël et ceux dont la consommation est interdite.

A ce propos, il m'a paru utile de rappeler l'évolution de la Thora à propos de l'alimentation humaine depuis la création :
Dans la Genèse, Ch. I, verset 29, nous lisons : " Dieu dit : Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture ". Ainsi donc, au commencement, l'homme qui vivait dans le Jardin d'Eden devait être végétarien.

Après le Déluge, l'Eternel dit à Noé et ses fils " tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes.
Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang " [Genèse IX, 3].

Le régime alimentaire Noah'ide (avant la Révélation du Sinaï) s'enrichit de la chair d'animaux préalablement abattus et saignés, l'une des sept lois Noah'ides étant précisément l'interdiction de consommer un membre d'un animal encore vivant, " la chair avec son âme ".

Après l'Exode d'Egypte, l'Eternel précise quels animaux sont propres à la consommation (" cachers ") des enfants d'Israël : " Voici, entre tous les animaux terrestres, les bêtes que vous pourrez manger : tout animal qui a le sabot fourchu, fendu en deux ongles, et qui rumine" [Lévitique XI, 2 et 3].

" Parmi tout ce qui vit dans l'eau, vous pourrez manger ceci : tout ce qui a nageoires et écailles et vit dans l'eau, mers ou fleuves " [Lévitique XI, 9].

Voici donc les enfants d'Israël distincts du reste de l'humanité par ce qu'ils sont autorisés à manger.

Et, dans la Sidra de cette semaine, Réé, s'ajoute une précision de taille : les bêtes doivent être immolées conformément à des règles très strictes, les " hilkhoth chéh'ita ", l'abattage rituel que les juifs observent encore de nos jours.

Nous lisons, en effet, dans les trois versets 15, 20 et 21 du chapitre XII du Deutéronome :
15 : " CEPENDANT, tu pourras, autant que tu EN AURAS ENVIE, abattre des animaux et en manger la chair dans chacune de tes villes… "

20 : " Lorsque l'Eternel ton Dieu aura étendu ton territoire, comme Il te l'a promis, et que tu diras : " je veux manger de la viande ", PARCE QUE TU AURAS ENVIE de manger de la viande, TU POURRAS le faire autant QUE TU EN AURAS ENVIE ".

21 : " … tu pourras tuer DE LA MANIERE QUE JE T'AI PRESCRITE, de ton gros et de ton menu bétail… et TU POURRAS manger…AUTANT QUE TU LE DESIRERAS ".
Observons que la Thora précise que cette consommation EST POSSIBLE chaque fois " QUE TU LE DESIRERAS " ou " EN AURAS ENVIE ". C'est donc UNE FACULTE que manger de la viande et NON UNE OBLIGATION. La tendance au REGIME VEGETARIEN semble résulter de ces versets.

Enfin, il est clair que les halakhoth de l'abattage selon le rite ont été données dans le cadre de la Loi Orale (" de la manière que je t'ai prescrite "), nullement précisées dans le texte, ce qui vient confirmer ce que nous avons déjà vu à propos de ce complément -GUEMARA- que constitue la Loi Orale -THORA CHEBE'AL PEH- par rapport à la Loi Ecrite -THORA CHEBIKHTAV-.

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