SIMHAT THORA A TUNIS AVANT LA DEUXIÈME GUERRE
Depuis que les Juifs avaient immigré en Tunisie, ils avaient toujours avec
eux leur patrimoine religieux et les rites qu'ils avaient apporté avec eux
d'Israël. Donc les danses et les chansons de Simhat Thora existaient en
Tunisie depuis bien longtemps. Déja quand j'étais enfant, avant la deuxième
guerre mondiale je me trouvais chez ma grand-mère à rue Sidi Klef et
j'allais alors à la synagogue de la Hafsia. Je me souviens qu'à Simhat Thora
on faisait danser les Sifrei Thora en chantant, puis on sortait de la
synagogue et la population du coin nous accompagnait le long du chemin. La
procession s'élargissait petit à petit avec des personnes qui se joignaient
à nous de toutes les petites ruelles du quartier juif.
Quand on arrivait à la porte de France, d'autre caravanes se joignaient à
nous, venant de différentes directions aussi avec leurs Sifrei Thora et les
personnes de différentes synagogues. On traversait l'avenue de France avec
les Sifrei Thora, certains emmenaient des bouteilles de Boukha d'autres
avaient avec eux des Bouteilles d'eau de cologne, des bouteilles de mazhar
(eau de fleur d'oranger). Puis le corps de musique se formait le long du
chemin, ceux qui jouaient la Darbouka, certains avec le luth, d'autres
jouaient du violon puis le fils de Chneychen de Sidi Mardoum que "D' bénisse
son âme" électrifiait la caravane avec son biniou. Chaque participant
enjolivait la procession, certains chantaient avec differentes voix et
different ton, on chantait la chanson de "Simhat Thora Simhou Tzadikim
Simhat Thora Ki mi Tzion Titze Thora". Certains venaient par l'avenue de
Londre et par le passage et se dirigeait vers l'avenue Gambetta que l'on a
renommé aujourd'hui l'avenue Habib Bourguiba,
Quand on arrivait, les palmiers qui se dressaient le long de l'avenue
Gambetta semblaient nous attendre puis un vent doux faisait bouger les
branches comme s'ils voulaient dancer au rythme de la chanson pour nous
saluer. La population de Tunis contribuait respectueusement à notre
processionn. les Arabes locaux respectaient pieusement se mêlaient à la
caravane pour jouir des songs de musique très semblables à la musique
tunisienne. Certaines personalités officielles, Françaises et des amis
Italiens, et Maltais se joignaient à nous par esprit de solidarité. Le
trafic des voitures, des carrosses et les tramways s'arrêtaient aux
croisements pour nous laisser passer lentement. Nous chantions et nous
dansions avec les Sefrei Thora en main à la stupéfaction de certains qui ne
connaissaient pas le rite juif. Le chant de "Simhat Thora, Simhou Simhat
Thora Ki mi Tzion Titze Thora" ne s'arrêtait pas nous faisions comme si
l'avenue était uniquement pour nous, rien ne nous faisait changer le rhytme
de nos pas jusqu'à arriver au lac de Tunis. Là on faisait les prières . A la
fin de la procession on retournait chez soi et ceux qui venait de la
synagogue raccompagnaient les rabbins et les Sifrei Thora.