‘…AMOUR D’ AVRIL 68..’
Août 1967. Sidi - Bou- Said l’Olivier rouge, discothèque à la mode dans
les années 70. ‘Jean’ côtelé bordeaux, chemise crépon orange (de la
pure phosphorescence). J’évoluais au milieu de la piste dans un pas de
Madison twist parmi les invités ‘gratos’. Une jeune fille, coupe à la
garçon, se mêle en solitaire à la foule, en plein milieu de la piste. Elle
‘ s’accote’ et suit mon pas maladroitement. Je lui tiens la main et
l’aide. Connaissance et échanges ‘banaux ‘. Nous passons le reste de la
soirée ensemble, assis sur les petits tabourets recouverts de tissu
rouge/grenat. Elle était en vacance chez sa tante qui habite Kèrrédhine.
Marseillaise. Nous avons passé tout le mois ensemble. Echanges de lettres et
retour à Pâques. Je l’attendais avec une très grande impatience car je
l’aimais.
Un jour, de cette semaine là, elle me fait une confidence et me dit..
‘Je préfère faire ça avec toi…. avec quelqu’un que j’aime.’
C’était la première fois de ma vie que j’entendais une pareille sincérité
dite par une jeune fille de 18 ans.. A 23 ans, j’étais puceau dans le vrai
amour. Nous avons donc convenu de faire abriter notre premier échange dans la
discrète maison d’hiver de sa tante.
Je la trouvais encore plus belle et très attirante. Tout est vraiment beau
quand on aime.
La pièce sentait le renfermé. Nous, nous assîmes sur le bord du lit. Une pénombre
bienfaitrice et un silence, seulement dérangé par le clapotis des vagues
accompagnés notre esseulement.
L’angoisse fait toujours allumée une cigarette. Aucun échange verbal. Pas
de murmure. Rien que des regards confus et pudiques. Je lui pris la main que
je portais à ma bouche puis lentement, délicatement comme voulant savourer
cet instant de joie refoulée, je pris sa tête entre mes mains et
l’embrassais fougueusement. Une étreinte unique pour moi qui n’ai étreint
que des betteraves. Je l’aidais à dégrafer son soutien gorge, et là sous
mes yeux purs, je découvris ses petits seins garnis de deux belles cerises,
couleur grenat. Mon dard était levé depuis longtemps. Il salivait dans sa
cache. Mon pantalon à terre formait avec sa jupe un ensemble coloré. Nos
deux culottes, l’une sur l’autre s’enlaçaient à notre insu..
Nous nous découvrions. Mes doigts, tout tremblants naviguaient à vue. Ma tête
reposait sur son ventre. Je gardais les yeux fermés de peur de faire fuir
cette fleur aux pétales doux. Mon cœur battait une symphonie curieuse. Un
halètement. Comme une fin de course, courût par un forcené. Je pris mon
courage à deux mains et la, j’ai vu. J’ai vu pour la première fois ce
que j’imaginais dans ma tête encore adolescent. Je perdais à cet instant là
mon regard vierge.
Oui, pour la première fois, j’ai vu en chair et en poils ma fleur de lys.
Lentement, je désirais sans effaroucher mon flirt, palper cette inconnue en
éveil qui dormait à quelques cm de mon nez.. Puis détournant légèrement
ma tête …. je levais mes yeux vers C…., elle qui attendait le reste et
moi qui demandais un consentement acquis dès l’instant où nous fûmes là.
Mes doigts, mûs par l’instinct et pleins d’audace osèrent…..
Et là …je descendais dans le creux de son vallon , pur et vierge , encaissé
dans le plus beau carrefour du monde. Je découvrais cet énigmatique bourgeon
en éveil sur lequel était posé une goutte de rosé au goût et à l’odeur
si parfumé que je restais plusieurs minutes à boire dans ce calice ce flot
de jouissance, m’enivrant jusqu ‘ à l’ivresse.
La porte du Paradis s’ouvrait sous mes yeux pudiques, honorant plusieurs
fois de mon étalon impatient ce fourreau de velours, sans retenue. Pour le
bien de notre désir.
La lisière de l’orée fut franchie. Nos deux corps ne formaient plus
qu’un. Ils s’enivrèrent tellement que nous chavirions ensemble dans un même
élan. Dans ce qu’on appelle communément l’amour. Non ce n’était pas
de l’amour commun. C’était un accouplement paradisiaque, une union que
maints poètes, chacun à sa façon, ont su dans leur délire, décrire avec
engouement, beauté et une telle explosion d’images et de verbes que je me
suis permis, à mon tour, de vous faire découvrir naïvement, sincèrement et
sans culot ma première vraie expérience d’amoureux.
La femme est très belle. Je l’aime non pour ce qu’elle a mais pour ce
qu’elle ait. Un morceau de Paradis sur terre qu’il faut écouter avec des
oreilles de sourd.
ALBERT ….l’amoureux.