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‘ AU NOM DU …….KARATE… VIII ’ |
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PAR
ALBERT SIMEONI (BEBERT)
Ma retraite
sportive ‘volley-ballistique’ s’acheva en 1970, suite aux départs de tous
mes compagnons de terrain et de fortune.
Rester inactif à 25 ans.. ? m’était
insupportable. Je tâtais dans la course de fond. Jogging. 4
à 5 km par soir, aller /retour entre la Goulette et Carthage.
Un
jour, un ami d’été qui partageait parfois nos carrés de volley 'On the
Beach' dans l’eau, au hasard d’une rencontre m’entretient d’une
discipline qu’il pratiquait assidûment depuis quelques années. Le karaté.
Il était à cette époque
ceinture marron avec ‘grade ceinture noire’ mais non reconnue en
Tunisie. La Fédération en arts martiaux n’existait pas à cette époque.
‘Viens’..
me dit t’il ‘…avec moi au moins une fois dans la salle et tu verras… !’
J’acceptais,
sans grand enthousiasme sa proposition.
Salle
du Zéphyr à la Marsa ( banlieue de Tunis Nord). 19 heures. Je rentre donc
accompagné par mon ami et m’assieds sur un banc tandis que mon ami Rémy Taïeb
rentre se changer. Surnommé Blek le Roc, mon copain, Rémy Taïeb, en imposait
par sa haute stature, tout en muscle. Des biceps durs comme de l’acier et des
jambes de béton. Une force de la nature, deux tablettes de chocolat à la place
des abdominaux, deux poêles à
frire pour pectoraux. Un gabarit qui n’est pas loin de ressembler à
Schwarzenegger avec 20 cm en moins ‘tbarkellah yali’ ( D.ieu bénisse pour
lui). Un caractère si gentil et si doux qu’on se prend à se demander si ce
corps musclé doté d’un pareil moral n’était pas une erreur de la nature.
Un mauvais mariage. Imposant et dissuasif. Blèk sortit donc des vestiaires en
kimono et se présenta sur le dojo en kimono. Il salua le tatamis désert….l’air.
A le voir ainsi habillé, j’en ris discrètement. Les autres initiés
suivirent à la queu-le-leu. Toujours en saluant sur le bord du ‘tapis’
…l’esprit.
Le
maître, Si Chèdli Hamida ( Que D.ieu ait son âme) foula le dernier les
‘rectangles, de paillasson, verts, râpeux et durs.
Des
‘Kyây’ ( cris) et des ‘ha’ ponctuèrent cette séance où les coups de
poings ( oi- tsuki) et
coups de pieds (mae guéri )
s’alternaient, faisant
tourbillonner et fouetter l’air tout autant
que les bruits de
claquements secs des kimonos imprimés par ses premiers.
Je regardais mon ami, contrôlant sa respiration, évoluer avec force et précision un genre de danse que je ne connaissais pas, les ‘katas’ ( combats imaginaires). Le regard tendu vers le vague, concentré au maximum, Rémy déchirait l’air par ses gestes amples, précis, rythmés par sa respiration en sourdine. Il terminait toujours sa démonstration par le cri de la ‘mort’ le ‘Kyây’. Salut et assise en tailleur, une fois son exhibition terminée.
Je fus convaincu et me présenta à son maître, Si Hamadi, ceinture noire deuxième Dan en karaté ‘Waddou Ouriou’. Un art martial, sorti d’une des nombreuses écoles que comporte la pratique des arts martiaux traditionnels des anciens samouraïs japonais. Quelques jours plus tard, je foulais à mon tour le tatamis du dojo. Blèk me fut d’une aide très appréciable. Il m’encourageait par de petites tapes aux épaules qui n’étaient pas loin de déboîter mes bras. Ceinture blanche….au bout de six mois, je montais en grade, grâce à mon sérieux et ponctualité. 3 mois plus tard, je passais au grade supérieur jaune, orange..puis …. ceinture bleue quelques mois suivant. Un coopérant français de passage à Tunis, Monsieur Braque, deuxième dan, offrit ses services gratuitement. Il introduisit dans la salle, un autre karaté, le Shotokan, un style d’art martial moderne tout en finesse et plus axé sur la souplesse et le combat. 18 mois d’un régime à vous lasser, à vous décourager tant étaient grandes la dureté et la souffrance. J’étais si pris par cette pratique, que mon nouveau Maître me dispensa, moyennant finances, des leçons particulières à la maison en plus de mes cours en salle.
Blèk, avait entre temps immigre en France pour des raisons personnelles. Je passais mon concours de ceinture marron. Arrivé en fin de contrat, mon entraîneur français, regagna la France. Suite à ces deux départs, je me retrouvais ainsi projeté sur la scène, responsable de la salle, ayant sous ma direction une vingtaine d’élèves.
Rémy, profitant de
ses courtes vacances d’été, passait
souvent dans la salle joignant
l’utile à l’agréable.
Et voici, qu’un jour, un heureux évènement se présenta à la salle en la personne d’un ami de saison, Fènéch. Un garçon frustré, gentil mais au physique ingrat. Plus haut qu’une bouteille de gaz renversée de 1 m 20 avec cependant un handicap sérieux et appréciable, ses membres supérieurs, ses bras étaient nivelés à hauteur de son nombril. Sa présence nous surprit. Nous conjurâmes le mauvais sort en lui conseillant, amicalement, fraternellement , allant même jusqu’à le décourager et le menacer, de ne pas franchir la première marche du dojo. ‘Fi.’.nous dit’ il . Il insista et s’invita donc sur le tatamis affublé d’un kimono flottant, genre combinaison faite d’une toile blanche au toucher douteux. Certainement une ancienne robe de sa maman reprise pour la circonstance. Une honte juive vêtue d’un sac de jute couleur plâtre. Il monta sur le tatamis en nouant sa ceinture – que dis-je – sa ficelle blanche par dérriére comme une soubrette. Un sacrilège venait d’être commis. Les initiés, tous musulmans, en rirent. Pris de pitié, j’allais vers lui d’un pas martial en roulant des épaules.
Croyant à une attaque
imprévue et lâche de ma part, il recula de trois pas et se mit en position de
combat de boxe, me présentant ses petits poings à hauteur de visage.
‘Tu vas me
frapper…hein.. !..Bèbért…attention … ! je ne me laisserai pas faire !’ me
dit t’il avec son air renfrogné
en sautillant et agitant ses menus bras
de nain. Il battait l’air devant mes élèves hilares.
‘Te frapper.. ?..espèce de clown de cirque….tu nous fais honte…ya rkhlikâ mchoumèh ( sale visage) ….je viens ajuster ton nœud de cravate …yâ blid..( antipathique).' Lui dis- je en chuchotant.
Sa prestance, avec ses pieds en x y , fût d’une telle beauté et d’un genre si nouveau durant ces quelques semaines, que nous avons compris ces soirs là qu’un ‘khratèman’ ( un merdique de karaté) incongru venait ‘déchirer l’air ‘ par ses pitreries. Il démissionna quelques deux mois plus tard, reconnaissant enfin que cet discipline n’était pas convenable à son goût.
Quant à moi, je ne pus passer au grade supérieur et sortia avec ma ceinture noire dans mon esprit après 9 ans de supplice.
"albertsimeoni" <albertsimeoni@wanadoo.fr>
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