AU
NOM DE TOUS LES NOTRES..
Récit à lire de haut en bas sans aller dans la cave. Texte inédit.
‘…..Elle était là , ma vieille fleur flétrie, assise sur son lit. Ma
grand-mère Meiha.
J’avais pris l’habitude quand elle gémissait la nuit de la rejoindre sur
son lit et de l’enlacer , mon dos contre le mur.
Nous sommeillons ainsi serrés , l’un contre l’autre, dans cette
inconfortable position. Sa tête posée sur ma poitrine.
Un soir, j’entendis le râle. Je ne voulais point réveiller mes parents et
mes frères. Je me levais donc, sans bruit et allais près d’elle. Ses
petits yeux, mal réveillés m’ont deviné.
Je la soulevais délicatement. L’entourant comme décrit ci-dessus. Mais ce
soir là, j’étais mu par un affreux pressentiment….
-‘Echbik …yè mémè yinyin… ? ( Qu’as tu mémé.. ?)
-Moujya……mè tkâyèmch ômôk… ( j’ai mal…ne réveille pas ta mère…
!)
-Mnih…. ! ( bon)
-Yè ouldi..yattini yèddék….( mon fils, donnes moi ta main)
Je pris sa douce main veinée et la serrais. Nos doigts étaient à présent
mariés dans le silence de la nuit.
-Yè ouldi…wèynouè Chouââ…. ? ( mon fils où est Chouè )
(Elle vient d’invoquer le nom de son mari Sauveur décédé le 9 mars 1945
le soir même de mon fekkèn èl Couhin. Je suis né le 9/2/45. Ma vente aux
enchères s’est dèroulè dans le palier tandis qu(un autre rabbin entonnait
le chant du défunt le Télim. Curieux destin. Naissance et mort. 2 en 1.
-Téwè nââtoulèk….( Je vais l’appeler).
-Yèrrak tfouj… ( Que tu vives).
-Yè Ouldi…ââyèt Louizè… ! ( Appelles- moi Louise ).
Elle demande à présent à parler avec sa sœur, décédée le 1/5/1973.
Louise vivait chez nous sous notre toit pendant 20 ans. Elles étaient fâchées
depuis ce temps là. Incompatibilité de caractère. Vous avez remarqué, ma
grand-mère ne demande pas à parler à sa fille, ma mère. mais…
-Deidou..( mon père)…bouchou..nèch mnèh…( Deidou….embrasse le , il
est gentil )
Je compris que les anges de lumière tournoyaient au-dessus de nos têtes dans
un ballet invisible. Ils allaient emporter dans leurs chariots couverts
d’or, celle qui durant 37 ans m’a élevé en association avec ma mère.
A présent, Sa tête reposait sur mes épaules . Je regardais son doux visage
sillonné par les rides…elle souriait.
-Mémé…lébèch… ? ( Mémé tu vas bien… ?).
Ses doigts lâchèrent prise et son bras glissa lentement comme une larme sur
ma joue vierge.
Paisiblement sans bruit, sans chichi ni tracas, sans plainte ni râle, ma
vieille mémé sans prévenir ni avertir monta dans le carrosse angélique.
Les amères larmes de mon chagrin coulaient sans retenue sur les draps,
inondant ses cheveux blancs dans le silence noir de sa chambre obscure.
Invocation…
Yè Joul, Jouli…..
Echmââouni ..
Enéh Halquelouwèdi.
Ben Chemyouni…
…( …écoutez moi je suis goulettois et fils…Chemyouni ).
-‘Yè mèmè Yinyin….yè mémè…enti li kââda fèl dénièt èl
haq….oukken ji tarèf kââdèch bkit èkkèl nâr éddèk…oukkén jit tarèf
kââdèch twèhechtkôm enti ou babba….nakssin li…Echmââyouni …nhabkôom
mè fôm qu’albi .. …Ouni fèl site ta Adra fèrghè , nètkèllèm yâllikôm
bèl yarbi mkéssar ou bèl francise ouakèf…En dalli femmou kââddèh en
habkôm…
Tèwé mè nèjemch en ji kââyad lèyi biya…Samhouni….samahni ya
baba….yè hanin…ouldèk mrââyar…..’
(Eh…mémé…yinyin…toi qui repose dans le monde des justes..…si tu
savais combien j’ai pleuré ce jour là….si tu savais combien je vous ai
langui toi et mon père….vous me manquez …Ecoutez moi … ! Je vous aime
de tout mon cœur… Ici…dans le site Adra du vide...je parle de vous en
arabe cassé et en bon français debout …Je crois qu’ils ont compris
combien je vous aime.
A présent, je ne peux pas venir près de vous…je m’occupe
d’elle….Pardon…pardon papa….l’affectueux…ton fils a des
soucis….)
‘OHHHH…. OHHHHHH..Larmes ne vous retenez pas .. !
Coulaient donc sur mon clavier gris et sous mes pas
Inondaient ses caractères…jusqu’à la moisissure…
Le fils et p’tit fils Breitou n’a point de salissures. ‘
Que le site s’assagit quelques instants en mémoire de nos aïeux, de nos
parents, frères et sœurs et en souvenir de toutes les victimes innocentes de
la terre qui ne peuvent plus prendre la parole.
Que leur ‘nèchama’ restent dans nos cœurs à tout jamais .
ALBERT ABRAHAM BREITOU SIMEONI dans un de ses états d’ âme.
Merci de votre attention.