LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS

L’ENFANT DE LA GOULETTE

PAR ALBERT SIMEONI (BEBERT)

DANS LA SERIE DES AVENTURES……..

….Tenant la serviette ….dans  toute ma splendeur…moi….à coté…Mme Bennady…l’instigatrice….mes trois enfants en bas âge dont une sur la poussette….ma femme au vert…les deux autres grandes filles et le garçon les Bennady….le mari tire la photo  debout sur échelle…..

Les voyages me fatiguent. Mes déplacements à l’étranger furent toujours marqués par quelques surprises plus ou moins insolites. Plus insolites que moi. Je vais donc vous narrer avec beaucoup de sérieux mon……….

                                       ‘……EXPEDITION A KORBA*…..’

Korba a 80 kms de Tunis, petit douar sur la mer pas très loin de Nabeul et Hammamet.

A la Goulette, les couples d’amis se faisant rares, nous avons sympathisés avec un couple  hors du commun LES BENNADY. Non point qu’ils fussent nouveaux pour nous mais disons que nous nous fréquentions plus en été qu’en hiver. Le mari Bex (1m 55 ) est fonctionnaire à l’Ambassade de France tandis que sa femme Marcelle 1 m 48 (mè netechouech= que je ne parte pas en sacrifice ) fonctionne plus à la cuisine ou sur une Singer (Machine à coudre). Grande couturière. La Marcelle a aussi du génie dans l’organisation des voyages, un don que j’ignorais . On ne peut tout connaître sur ces amis. Y’a pas deux comme elle. Les agences de voyages devraient en prendre de la graine. Bref, un jour d’inspiration, son premier certainement , elle nous propose un week-end au Club Med de Korba. Tout auréolé de gloire, ce plazza ‘Attenant’ à la plage, n’avait nul besoin de publicité. Sa renommée étant faite depuis LOUIS X . Je me voyais, comme dans la chanson, au bord d’une piscine de rêve à l’ombre des cocotiers ‘Korbiens’ allongé sur un transat et bercé par une douce mélopée hawaiienne. Le prix était plus qu’abordable. De joie, j’embrassais ‘la proposition’. …

                        ‘Ya Marcelle…yamèlt mesvah élli propositné èl mèchié hédi..’

                       (‘……………je te rends grâce de nous avoir proposé cette escapade.)

Nous avons brûlé durant toute cette semaine du Jaoui(encens) même nos valises s’y sont pliées à ce rituel. Au dessus du canoun . ’Yanèin èl zraba mi yahkmouch finé (Les yeux des rats ne nous jugeront pas= ne pas nous prendre de l’œil). En ce fameux, samedi matin, nous étions sur pied vers les 6 heures du matin, piaffant d’impatience. Le départ était fixé à 18 heures locales de Tunis devant la porte de nos bienfaiteurs. Nos joies, imprimées sur nos visages, avaient peine à se contenir. Embrassades et rires avant le départ.. Rires et chansons sur tout le parcours. Nos deux voitures se suivaient

1 heure plus tard, nous étions à Korba. Renseignement pris auprès des autochtones …

                                                ‘Ahhh…I clib Mid…..chè la bas…ya rouhiéh…’

                                               (‘………Le Club Med….c’est là bas…mon frère’)

J’ai une très bonne vue et un hôtel Club Med même sans jumelle astronomique  cela doit se voir. Ni montagnes, ni vallées, ni buissons, ni crevasses, ni ma mère, ni dune…. temps clair sans brume et pourtant……

Moi                     ‘Yèh Marcelle…kayddè tchouch hajjèh éffellou ksirah... ?’

                                    (‘ Et Marcelle…..vois- tu quelque chose même avec ta petite taille.. ?.’)

Même un nain aurait vu quelque chose…

           Marcelle étonnée…..’ Ourass Bèbert…je ne vois rien…. !’

                                             (Sur ta tête …………….’)

Nous étions pourtant stationnés, à notre insu,   juste en face de la porte. Une pancarte sans doute cachée par l’air s’est dérobée à notre vue ‘Bienvenue au Club Med’. Nous mettons pied à terre. Je pousse une grande porte grille en fer pas forgée et là je tombe sur de G.O derrière une grande table garnie de couvertures et d’oreillers. Des couvertures et des coussins d’hôtel à l’air libre ce n’est pas très courant.

Moi…………’Yèh Marcelle ? lèy nèhik…btatèn ou mrèdéth èl bara… tbarkalla…’

                        (‘Eh……..que tu vives…..des couvertures et coussins dehors ..D.ieu bénisse’)

Je m’adresse tout de GO .…

                                    ‘Bonjour monsieur…! le Club…’

                                    ‘C’est ici, monsieur, vous avez vos réservations…’

                                   ‘Vous croyez que nous sommes venus jusque ici sans nos rése….’

                                   ‘Bon….parfait…’

Les Bennady traînent le pas……

                                    ‘Alors Marcelle…chenouè.. ? c’est le moment de flâner….il y a la distribution des ‘vêtements’…comme à l’O.S.E (Œuvre de Secours pour l’Enfance)…..ya mèjjèlli…(Ma chance)’

            Le tout de GO………’ Vous êtes 4 personnes et un bébé.. ?’

                                    ‘Oui…monsieur… !’

                                    ‘Tenez 4 couvertures et autant d’oreillers….chambre ‘Hibou.’.n° 48 !’’

Au Bennady…………’Vous êtes 5 personnes et…………..chambre’ Hirondelle’ n° 47’

Que des noms d’oiseaux. Nous étions donc logés à coté comme dans une cage.

                                    ‘Monsieur…? Pour les chambres ? C’est par où… ?’

                                    ‘C’est simple….vous prenez ce chemin là, puis vous tournez à droite en longeant l’allée des peupliers ensuite vous tournez à gauche au bout du carrefour des 4

chemins et là vous tombez dessus… De toutes les façons tout est indiqué…’

‘Merci monsieur….en effet c’est facile… !’

Je prends les affaires sur mon épaule et les valises avec les pieds. Les Bennady prirent les leurs en charge. Nous avancions dans l’obscurité. De temps à autre, je me retournais pour m’assurer que les enfants me suivaient. Quant aux autres, ensevelis sous leurs affaires, peinaient à avancer. J’avais l’impression de voir des couvertures affublées de jambes trottinant sur un chemin de campagne par un beau soir de Mai. Pour ce qui est de l’orientation, je suis le meilleur. On s’est perdu ‘kobbara allikoum’( que je parte en sacrifice )

en pleine brousse. Mamannnnn. Je ne voyais queudale. Ni lumière, ni son de grelots. Que du chant de cigales pour toute compagnie. Mon horizon était limité à un mètre. Nous marchions en tâtonnons, à l’aveuglette. Les autres.. ? pas de nouvelles..sans doute  tombés dans un ravin sans me prévenir…..Je battais le sable dur  en maugréant contre la Marcelle….….

‘Ya rkhèd fik èl hak ya Marcelle …enti élli yamèltanèh…’

(‘Que la justice te juges.. Marcelle…..c’est toi qui nous la faite ( mis dans cette situation)…’

Nous tournions en rond avec l’espoir d’être secourus. Mais en vain. Il était minuit. Au bout d’un moment, las et fatigués, nous nous arrêtâmes au bord du chemin attendant une providence..

‘Yarèk, fèl rèl yé Marcelle….ou fèl mèlh….yé Marcelle...’                                        (‘Que tu sois dans le vinaigre…..et dans le sel……’)

Je maugréais encore et encore en prenant le ciel à tèmoin..…. tant et si bien qu’un bruissement d’entre les arbres, nous fit sursauter. Une ombre, genre Goldorak en gandoura et muni d’un  bâton surgit d’entre les fourrés. Et quelle providence.. mes amis. ! .la fèjyà…( la peur).

                                     ‘Roud …yayèche rouhié…yéndi 100 Dinars…(500 frs).’

                                     (Tiens…je t ’en pris mon frère.. voilà cent dinars…’)

                                    ‘ Ni pas peur….ji suis la sècourité…’

                                    ‘In yaddin…rab….tu m’as fais peur….ou il i la chambre n° 48… ?’

                                    ‘Ahhhh….Hibou….véné…’

Nous le suivîmes comme les hébreux suivirent Moise dans le film ‘ La traversée du désert ‘…

 Point de Bennady cependant. Il nous conduisit vers notre havre de tranquillité. Et là, mes frères ,  même dans le noir un aveugle sait reconnaître une chambre d’hôtel d’une case…. c’était la case de l’oncle Tom…..Une Case….je vous dis pas …..avec  porte faite en osier sans  serrure ni clefs…Où est l’interrupteur.. ? pas ni…Un bungalow sans lumière ? ni toilettes ….une vraie chaumière de sorcière….’L’oiseau de nuit’ de mes couilles…je maugréais…encore …

                                    ‘Ya Marcelle nèj yanèyé èl chmé ou nkoull rabbi  chamhèk…’

                                    (‘………..Je lève mes yeux au ciel et je demande qu’il te pardonne…’)

On tâtonne   dans le noir…pour prendre connaissance avec la belle ‘Hibou’…des murs en osier…des lits ras de sol comme au football, pas de guéridons…. deux tables basses.  Briquet et clarté. Nous voyons à présent sous la faible lueur  de ma torche, la meilleure chambre d’hôtel de ma vie. Pipis et cacas des enfants dehors, les fesses à l’air. Pas d’eau. Tout le confort de D.ieu était dans cette antre. Mes idées fatiguées et mes filles harassées remirent à demain nos colères. Nous commencions à somnoler quand des voix imperceptibles et lointaines arrivèrent à nos oreilles presque endormies…Les Bennady appelaient….Le silence de la nuit fût déchiré par un cri d’angoisse …..

                        ‘ Bèberrrrrrt…..Bèberrrrrrt…..Bèberrrrrrt….où êtes vous… ?

Les voix se rapprochèrent……

            ‘Ecoutes Evelyne ! attention tu réponds… ?  ce serait là un prétexte pour divorcer… ?’

Dis- je  à ma femme.

Elle                ‘Mais….c’est    NAPED…..’

                     ‘Quoi… ? c’est quoi ça… ?’    

                      ‘Non Assistance à Personnes En Danger…’

                     ‘ Et nous tout à l’heure .. ?  on n’était pas  rab…k. en NAPED.. j’ai crû qu’on allait être assassinés… ?

 Au bout d’un moment, pris de pitié, je sortais sur le seuil…

                       ‘Nous sommes là bandes de cloches…..c’est ça ton club de Merde Marcell’…(naine)   à voix basse. ?.’

Répondis-je et répliquais-je  -en   gueulant.

                                    ‘Je ne savais pas ourras Bèbert… !.’ (….sur ta tête)

Telle fût sa réponse….

                ‘Quand on ne sait  pas… on ne s’aventure pas comme ça avec des gosses en pleine savane…Marcelle…. ?’

A ce moment là, un touriste anglais ouvre sa porte …..

               ‘ Please ! …..  shut up…’

 Je lui réponds ..’délicatement’..

         ‘Le chott ( jeu de mots) c’est plus loin …ya kbâr unglize..’ Ehnèh fi rassrah’ ..et il nous dit ‘shut up ‘ 

         (‘ La plage ……… espèce de tombe anglaise… ‘Nous, nous sommes dans l’angoisse’…et…….’

Au petit jour renseignement fût pris.  Nous comprimes qu’il fallait apporter des bougies, une lampe et des insecticides. Presque toute la maison. Les moustiques, ce soir là se sont empiffrés de viande goulettoise cacher. C’est  tellement bon.

Quant aux toilettes et autres commodités, ils étaient tout bonnement installés au centre du village, c’est à dire à 1 km de notre CASE. J’ai fais connaissance ce jour là avec la Ziarra  tà rebbi ….. Triganou..’ ( le pèlerinage du Rabbin…Trigano.’)

"albertsimeoni"