Un Tune, Pas Forcément Célèbre, Un Comme Tous Les Autres …

Je m'appelle Gad Shahar, alias Georges Chemla. Je suis membre-fondateur du kibboutz Regavim, le premier kibboutz fondé en Israël par des pionniers  nord-africains et italiens.

Je suis marié, père de trois enfants, grand-père  de 6 petits enfants. L'ainée de mes petits enfants, Noa (24 ans), après avoir fait son service militaire à Tsahal, l'armée de défense d'Israël, a terminé sa maîtrise d'Informatique et se trouve pour quelque temps à Paris. La dernière, Moriel, a fêté son troisième anniversaire fin janvier.

Les autres, Dooby (22 ans), a terminé l'amée et étudie à l'Uiversité de Jerusalem. Maya (19 ans) fait son service militaire. Elon (17 ans) se prépare à son service militaire. Tom (9 ans) est un fou du football et de maccabi Tel Aviv.

Ma femme, Ruth alias Laurette Sebaoun, est d'origine algérienne. Quant-à moi, je suis né a Tunis en décembre 1923 et j'ai terminé mes études secondaires au Lycée Carnot en 1942 (deuxième Bac math-elem).

En été 1942 et simplement pour remplir mon temps libre, j'ai étudié l'hébreu moderne aux cours de Nahum Yerushalmi à l'alliance israelite, à Malta Srira...  C'est ainsi que tout à fait par hasard, mon sort s'est trouvé lié au mouvement sioniste.

En décembre 1942, un mois après l'entrée des troupes allemandes en Tunisie, j'ai été pris, comme d'autres jeunes de mon âge, dans les camps de travail obligatoire des allemands. Je suis passé par Saf-Saf (près de Mateur) Djefna et Sedjenane.

C'est de là que je me suis évadé le 5 mars 1943, pour trouver notre maison au 12 rue d'Athènes complètement détruite deux jours plus tôt par un bombardement aérien des forces alliées (nous étions très près de l'hotel Majestic où était installée la kommandantur allemande). Clandestinement, nous avons préparé des activités de caractère sioniste.

Au mois d'Avril, pendant la semaine de Pessah, nous avons organisé une fête clandestine à laquelle ont assisté près de 150 invités. La fête s'est passée dans le hammam de l'avenue de Londres, mis gracieusement à notre disposition par notre regretté camarade Andre-Loulou Samama. Dehors les bottes allemandes marquaient lourdement le pas dans cette rue typiquement juive; dedans, nous chantions en hébreu, nous présentions une pièce de théatre d'esprit sioniste et nous exhortions nos frères juifs à ne pas perdre courage, car, dans l'air, nous sentions que l'ocupation touchait à sa fin.

Nous ne savions pas qu'au même moment, dans le ghetto de Varsovie, la résistance juive menait son dernier combat, le combat pour l'honneur juif.

Le 7 mai 1943, c'était la libération, la fin de l'occupation allemande. Le 7  juillet 1943 j'étais parmi les fondateurs du mouvement sioniste Tseire Tsion qui proposait un but bien défini à la jeunesse juive : le départ, la alya vers Tsion et la fondation d'un nouveau kibboutz par des jeunes juifs d'origine Nord-Africaine.

Jusqu'à ma propre alya en avril 1945, j'ai été membre de la hagana (la self défense juive) en Tunisie; j'ai participé à l'achat d'armes clandestines avec mon camarade André Krief, aujourd'hui Dan Kariv. Ensemble nous avons créé des centres de préparation agricole (hakhchara)  à Bejaoua, près de Kassar Said et à Henchir Sultana près de Borj Cedria.

Entre 1944 et 1945, un garin Nord Africain s'est groupé en Israël, au kibboutz Beith Hashita.

En juillet 1948, pendant la guerre de l'indépendance, nous avons occupé une place forte (Mishlat) à Boutimat, remplaçant les soldats qui nous avaient précédé et qui sont montés continuer les combats en Galilée. Attaqués a deux reprises  nous avons défendu le Mishlat et repoussé les attaquants .

En juillet  1949, nous avons créé le kibboutz Regavim, avec un groupe de Haloutzim (Pionners) d'origine Italienne et jusqu'à présent nous sommes là. Venez nous rendre visite car notre région est très belle, surtout au printemps.

En 1960 je me suis porté volontaire comme membre du réseau d'activités sionistes en Afrique du Nord et  j'ai pris le commandement d'une filière chargée de  l'organisation de l'émigration clandestine vers Israël sous toutes ses formes. Pendant les trois années de ma mission, notre filière a permis l'arrivée en Israël de près de 100.000 immigrants clandestins ou semi clandestins.

Cette réussite a été sanctionnée par l'octroi en 1962, le jour de la fête de l'indépendance d'Israël, de la distinction Ot Hanassi  par le Président d'Israël, Itshaq Ben Tsvi, sur recommandation du directeur de l'agence juive, Moshe Sharet. La cérémonie s'est déroulée en dehors de ma présence, puisqu'au même moment, je remplissais encore ma mission en dehors d'Israël et que de toute façon, le caractère de mon activité défendait ma présence dans les médias de l'époque.

En 1983 au 35ième anniversaire de l'Etat d'Israël, décrétée Année de La Bravoure, le gouvernement m'a fait l'honneur d'être choisi pour allumer le flambeau dédié à la gloire des activités et des missions clandestines dans les pays orientaux.

En 1997, à la cérémonie de commémoration de la Shoah et de la révolte du ghetto de Varsovie au kibboutz Lohamei Haghetaot, j'ai eu l'honneur d'allumer un des six flambeaux à la mémoire des victimes et des combattants tombés en Europe.

Mon e-mail  :    gad_shahar@hotmail.com