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A Edith, Simon Barukh, Albert Uzan et Bebert
J'ai lu votre correspondance sur Harissa.com et j'en ai eu des larmes aux yeux, car c'est
la premiere fois que je retrouve des personnes qui ont vecu ou participe a cette aventure.
En ete 1961, j'avais 15 ans, Je faisais partie de la Gordonnia (Ihoud Habonim).
Nous avions comme Madrikhim : Sam Perez, Claude Saada, Yael Taieb, Ronny (Zal), etc ...
Nous campions à quelques Km de Bizerte.
Un jour, le camp est evacue en quelques heures pour rejoindre Tunis en train.
Nous sommes restes quelques uns sur place pour demonter les tentes, rassembler les
equipements, etc.. . Des camions devaient nous recuperer le lendemain.
Le soir meme, notre camp, situe à cote d'un campement militaire tunisien, a ete bombarde.
Nous voyons les avions francais passer en rase motte et nous mitrailler.
Des balles de mitrailleuse sont passees a deux-trois metres de nous.
La DCA tunisienne qui se manifestait de temps en temps donnait l'occasion aux avions de
revenir nous mitrailler car notre campement avait des tentes de type militaire.
Par miracle il n'y a pas eu de blesses.
Au lever du jour, nous avons quitte precipitement le camp pour rejoindre Bizerte a pieds.
Je me souviens :
- de la bataille si proche de nous,
- du desordre qui regnait partout,
- des cadavres et des blesses abandonnes sur la route,
- du bac que nous avons pris pour rejoindre le centre ville, sur lequel des morts et des
blesses tunisiens etaient alignes.
Nous sommes arrives a Bizerte a la recherche d'un abri.
Les paras francais etaient menacants et etaient prets a nous tirer dessus.
Nous avons appris que notre groupe n'avait pu regagner Tunis et s'etait refugie dans une
vieille ecole. Nous les avons rejoint.
Pour un gamin de 15 ans, les souvenirs que j'en garde :
- c'est la fraternite qui nous liait dans un tel moment de desarroi
- ce sont les retrouvailles avec le groupe
- c'est l'accueil a Tunis par les parents et amis :
En effet, la radio avait informe du bombardement de notre camp et de sa destruction ....
Nous etions consideres donc comme morts.
De cette aventure, quelques images me sont restees gravees dans la memoire, et j'ai
souvent eu l'impression que c'etait en fait un (mauvais) reve car personne autour de moi
ne m'en avait reparle.
Des notre retour a Tunis, notre mouvement est rentre dans la clandestinite. Certains ont
ete envoye a Toulouse pour suivre une formation (ahchara). Mais tres vite nous avons
quitte la tunisie.
Je joins des photos de la gordonia qui datent de cette periode.
J'ai bien envie d'echanger des souvenirs avec vous et les haverim et haverot qui ont vecu
cette aventure. Merci ... et a bientot
Jose Yossy TAIEB - ISRAEL
Email : jotaieb@netvision.net.il
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