LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS.
L’ENFANT DE LA GOULETTE.
PAR ALBERT SIMEONI (BEBERT).

Dans la série témoignage….



LE 18/06/89 LE 29/03/2001

PHOTOS..2
Le temps à la Goulette on le tuait…. On ne le laissait pas passer et même s’il y réussissait …On n’en voyait pas l’heure..là bas, à..

‘……LA GOULETTE ….MON PAYS…..’

L’heure n’était pas accrochée aux horloges. Les horloges n’étaient pas accrochées aux murs…. On vivait au rythme du soleil, de la lune, des saisons et des floraisons. Point de nuit …Il faisait toujours lumière en nous. 
Regardez à Paris …L’heure est dans leur tête ..Sans lui ils oublieraient rendez-vous d’affaire, déjeuner et coup de fil à leur femme.
On n’avait pas l’impression de vieillir …Il nous semblait même avoir tous le même âge..Nos visages reflétaient la joie de vivre dans ce pays sans heurts et sans soupirs.
La Goulette... ? Mon pays c’était quoi…. ? Des buildings.. Nenni…. Des tours infernales …Nono…Des jardins tracés par Lenotre … ? ’..Que….non’…. Alors.. ? Des boulevards réhabilités par Haussmann.. ?…Que…..donc ..messire ..…
Cette Goulette.. ? Pays.. ? ..ce trou du cul d’une bouteille couchée, ce bout de terre coincée entre un canal sud et un nord…limité entre la Mèdittérannèe et le lac Bahira, qui puait en été, offrant pendant les fortes chaleurs de l’été, un décor magnifique, celui des ventres argentés des poissons asphyxiés flottants sur la surface de l’eau …1 km de long 200 mètres de large environ.. qui ressemble à si méprendre à un hamac vu de haut.
C’était quoi… ? Un fort qui garde l’entrée ….du goulot .. ? Dont-on en parle encore après des décennies et même si on n’en parle pas, on se la ramène entre nous…Je reconnais un goulettois à son regard marin, à l’odeur du poisson .
Quelques arbres tordus.. ? Des moineaux … ?.Des chats et chiens errants qui le soir venu farfouillaient dans les poubelles… ? Qui miaulaient à la saison des amours et aboyaient sans fin dans le lointain… ? C’est c’la mon pays… ? Des ‘degazzas’… ? (diseuses de bonne aventure) qui, aux premières chaleurs de l’été, arpentaient pieds nus , un bébé pendu au dos comme un sac d’aujourd’hui, les rues et ruelles ‘siestantes ‘ chantonnant quelque chose comme..
‘Yallèl houli yà mâ ! yallèl houli yè’
Yallèl houli yè louidi zit nètlèb, Rabbi..
(‘Sur ma situation maman… ! Sur ma situation toi
Sur ma situation mon fils je fais l’aumône, Mon D.ieu….’)

Ou alors………’Yè salèg èl ouahlin, ya salèg èl ouahlin…’.
‘ Oh nous qui sommes dans la misère….
Et nous terminions par….
‘Enti tabèss ouèni nik…’
(Toi tu te courbes et on te nique…’)
Comme on était grossier à l’époque, aujourd’hui on s’est francisé, grâce à D.ieu.
Et puis, vous voyez des ‘dègazzas’ sur les Champs- Elysès… ?

Des échoppes … ? Des charrettes à bras tirées par de vendeurs ambulants de quatre saisons qui criaient à tûe- tête leurs marchandises… ? Des cafés disséminés .. ? Deux cinémas ouverts à plein temps et en toute saison plus un en été à ciel ouvert ? Des surnoms en gamme comme Lalou ‘Tiazoumide (suppositoire) Chouchou Barbar ( Joseph l’affabulateur) ou sa femme Emma Hachouwè (Emma la purée )… ? Un pays qui tient dans la paume d’une main, habité par 5000 …10000 bènis ..et de saintes nitouches.. ? 
Jamais de recensement ..La municipalité les connaissait tous et même s’il en manquait un l’appel …il se présentait pour se faire réinscrire ..deux fois ..qu’on retranchait par la suite pour ne pas lui faire de peine. C’était ‘Rahlti ( la tante = voisine ) Haloumè’ qui allaitait le bébé juif ‘Chyaddou’.. ?.
Pas de neige…Ni montagne …..Sauf celles du canal Khèrrédine érigées provisoirement à l’époque du dragage……Des bouches d’égout qui débordaient pendant les fortes ondés d’automne … ? Une Venise d’occasion … ? Qui offrait du bonheur aux ‘prématurés de la cervelle ‘ qui mettaient à l’eau leur chambre à air rapiécèe ou pneus Michelin- leur barque à rame pour naviguer sur les flots/égouts puants tandis que d’autres s’échinaient à pousser leur voiture ‘calée’ en plein milieu de l’avenue .La Goulette des ‘Kfirs ‘ (insultes ), des kifs.. ? (apéros ) des compétitions sportives …? Un pays de rires et de larmes ou tout le monde s’égosillait avec beaucoup de mauvaise foi…. ? Des insultes .. ? Des bagarres envers les ‘visiteurs’… ? C’est Moumou Bou Rtal (la livre ) qui pesait sa livre de viande et la faisait payer un kilo. ? .C’est le maltais/laitier – qui nous versait son litre de lait avec une telle dextérité qu’il manquait toujours trois doigts à sa mesure .. ? Souvent mélangé à l’eau . La Goulette … ? C’est Daoui .. ? Le pétrolier trompettiste ‘Clairon’ qui laissait l’écume de pétrole déborder en nous disant…. 
‘Aouièdék attitèk b’zaied yà kèbdti’
‘Voilà je t’ai donné du rabiot …mon foi…(ma ou mon chérie)
alors qu’en fin de compte’ l’écume s’évaporant il restait 900 cl au lieu du litre…
C’est Mahou … ? Qui roulait sa pâte de feuille de breikhs avec ses mains pleines de ‘Rkhnanè’(morve, son mouchoir si sale, si ‘amidonné’ qu’il ressemblât à une pierre ponce grise. Quant à son mari Sayèd, il pleurait souvent en disant …
‘Mahou dèrbétni…. !’
(Mahou m’a frappée…)
C’est ma mère .. ? Qui du balcon, laissait tomber son couffin à ras de terre sur le trottoir afin d’être servie par le maraîcher ambulant qui lui refilait deux ou trois tomates pourries …recouvertes par du kraffès (céleri).
C’est le plombier/crieur de rue ‘Laham’ qui soudait nos ‘Kinkè ‘ avec du chewin-gum arabe qu’il camouflait avec un peu de peinture argentée..hein…. ce bouche trou à la gomme ( je plaisante sur celui là).C’est Elie Haddouck…. ? ‘Je joue ou y'à pas jeu ‘..Frigolos , bombolonis , caramels gaufrettes, petits et grands taffards.. ?.Bichi ..Kahloun et granit… ? Bébert et Curatolo et ‘zab..ayoun’ ... ? .C’est le ‘Bouchadia’.. ? Vêtu d’oripeaux, qui bouffait nos pièces ..C’est le Boutbaylà… ? Souvent récompensé par des épluchures diverses et des bouchons de soda lancés sur sa tronche quand ils réveillaient son monde par sa ‘musique tam tam.’..Des bouffeurs d’harissa.. ? Qui dérangeaient leurs hèmorroides grosses comme des pastèques ..C’est Simon et son chien Rex… ?. Qu’il aimait d’un amour tendre..C’est Babani ‘yà mrâa ouldèt’( femme qui a accouchée ) .. ? ‘.
Des élections municipales… ? Pourquoi… ? Pour qui.... ? Ils étaient tous maires…pères, frères, et accessoires ..Des rabbins, prêtres .. ? .... Tous assidus aux offices religieux et voyous au dehors..Intellos et ignares à la fois…Une vraie cour je vous dis où chacun tenait sa place, son rôle dans ce grand pays de comédiens de luxe ..où les nuages ressemblaient plus à des rots et des pêts suspendus au dessus de nos têtes. Des balancelles et des italiens/maltais avec des ‘ A fan culo testà di minguià..di cazzou ’ (Va te faire encu….tête de nœud) et l’odeur du ‘bsal’ mixè au vin dans leur haleine … ?

Cette ville bénit, non pas par des D.ieux de l’Olympe mais par Baba Rabbi’ Tà èl youd, èl messèlmin woul catoulicous ( catholiques) etc…. qui a malgré tout donné naissance à des médecins, des avocats, des professeurs, de peintres, des maîtres conférenciers en tout genre , des cadres, des ingénieurs en ‘elèctrolux ‘et pas luxe , des sportifs de renom, internationaux, des artistes efféminés, des actrices renommées plus en prime une miss Tunisie, des cariocas et et pour couronner le tout un cancre….moi ..’ obstrèticiennne en esthètie ‘ pour les noires.

Et.. l’ami (e) je ne vais pas tous les citer ces ‘ robba vecchià .. ? Et bien cette ville mérite d’avoir le Prix Nobel de la Concorde. 
La suite de ‘Halque –El-Oued ya blèdi’ vous sera présenté la semaine prochaine. En arabe parlé avec traduction. Un vrai bonheur de lyrisme.

‘ Oui …..Ecoute …toi l’étranger…C’était c’la mon pays de cocagne que tu n’as pas eu la chance de connaître et que tu ne connaîtras jamais.. Notre minuscule point de bonheur que je ne vois plus mais qui laboure encore les sillons de ma cervelle. ……Aujourd’hui un désert aride qui ressemble à un rêve …..perdu.
Point final..On a tourné la page. Et la Goulette aussi. Vive Maisons –Alfort..
Mon patelin de vieillesse où il ne se passe jamais rien ..où tout et ordre et ..ennui.

ALLEZ LIRE LE THEATRE DE BREITOU SUR LES COMMENTAIRES. ADRAA. 
TOUS LES SOIRS ANIMATION ET BOISSONS CHAUDES.

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