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LA MÉMÉ
 


   
 
Hier  j’étais invité à une bar mitsvat.

J’adore les bar mitwah juives, d’ailleurs je n’en connais pas d’autres.
Et les soirées mariages, bar mitswat etc…Chez les juifs bien sur, sont l’occasion pour moi de relever des brides de conversations bien de chez nous dites dans ce parlé judéo qui m’enchante.

Je suis friand de ces belles envolées que l’on ne trouve nulle part. Ma curiosité insatiable ne tarira jamais de ces propos qui font la renommée de notre culture.

Je suis donc assis pas très loin d’une table d’amis et dans cette table, il y a la belle mère Milie et sa bru Esther et le reste de la famille.

Arrive le moment du dessert.

La belle mère impotente ne peut se lever quant aux fils, il est dehors à terminer un mégot de cigarette.

La belle fille bien sur, demande à la mémé ce qu’elle préfère comme sucreries et comme fruits.

La commande est donc prise et voilà la bru se diriger vers le buffet envahi d’une nuée d’affamés  qui, sans grand respect pour les autres, squatte certains endroits choisis.  Disons le, tous. Ils sont la debout interdisant aux autres convives de se servir.

Or, il arrive parfois qu’atteindre une tranche de melon ou de pastèque tient du miracle et lorsque la providence fait qu’enfin une place se libère, il ne reste que des miettes, des pépins ou des grains de raisins sans le fruit ou encore des fraises si mesquines que même un SDF ne prendrait pas.

Quant au buffet des gâteaux orientaux pas la peine de chercher un reste de caramel de la pièce montée, elle n’a pas eu le temps d’escalader les marches du premier étage qu’il n’y a plus.
Donc là aussi s’armer de patience et jouer des coudes sont les seules solutions si on veut enfin remplir son assiette vide. Presque vide.
Je ne parle même pas de ceux qui se servent et font déborder leurs plats quelque soit le diamètre de leur couvert.

Un amoncellement de sucreries et de fruits enchevêtrés,  qui font honneur au porteur.

La bru revient avec trois pommes dures comme des cailloux, deux poires en mauvais état, trois mandarines ramassées au hasard d’un oubli et deux macarons perdus  dans la cohue.
Elle présente le plat à la vieille qui surprise demande…

‘…Mé lqitch manecotti… ?’ Tu n’as pas trouvé des manicottes… ?’
‘…Le mémè, y’à n’a plus… !’
‘…Ou ma lqitch makrouds… ?’ Tu n’as pas trouvé des makrouds… ?’
‘…Ouféw… !’ Terminé.
‘…Téma yoyo… ? Y’a-t-il des yoyos… ?’
‘…Ils n’ont pas faits de yoyos… !’
‘…Méllè loucen me taméch edou, jebt’li jilat… ?’ Mais alors s’il n’y a pas tout cela, m’as-tu apporté une glace… ?’
‘…Enti chnè'néc yah’mlou él broud… ?’ Mais est ce que tes dents supportent le froid… ?é
‘…Lé, méllè loucen en khaliyè tech’ren nejem neqélè… !’ Non, mais si je la laisse se réchauffer, je peux la supporter… !’
‘…Ah jilat chroun mélè… ? ‘Une glace chaude alors… ?’
‘..E’li témè… !’ Ce qu’il y a… !’
‘…Non mémè pas de sorbets, ils ont tout prit… !’
‘…Fraises… ?
‘…Lé… !’
‘…Yânéb… ?’ Raisins… ?’
‘…Que ca… ?’
‘..Yé’khir e’nè mitta béjou béch nekel él zouz ââ’nbet él mézrabin… ?’ Est-ce que moi je suis une affamée pour grignoter deux misérables raisins… ?’
‘…Téma teféh… !’ Il y a des pommes… !’
‘…Droussi taïbin mé nejemch neqel… !’ Mes dents sont délicates je ne peux pas les manger… !’
‘…Mémè yé’khir loucen teqââd méghir tahélia, ech’béch yejraléc… ?’ Mémè si tu restes sans dessert qu’est ce qu’il va t’arriver… ?’

‘…Narmi… !’ J’accouche… !’ 
‘…Pas ici en tout cas… !’
‘…E’nè chubélli néch bah’bou’hin, tah’nè mé met’nin… !’ Je croyais être tombé sur des gens généreux voilà que je tombe sur des gens avares… !’
‘…Mé tén’sséch é’li hfidéc é’li lébech et felin… !’ N’oublie pas que c’est ton petit fils qui fait sa bar mitswat… !’
‘…Haté i counou mél sormi, clém el hac i deoui jarh él touna… !’
(Même s’ils sont mes enfants, paroles de vérité guérissent l’avarice… !’)

Fin des propos avec l’arrivée du fils.

Albert Simeoni
 

  


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