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La soirée a la terrasse……
Elle se passait en général à la terrasse. Deidou, levé tôt, le matin va
louer tables et chaises chez un cafetier connu. La vaisselle sera prêtée par
les alliées. Pas un plat ni couvert qui ressemble à l’autre. Le maître de
céans achètera les sodas et bières Stella en tout genre qu’il mettra dans
une Billè ( grande bassine à linge à avec de la glace par-dessus. Il sera
aidé par toute la smala. Tout sera transporté sur une charrette à bras.
Cependant quelques ‘ingénieurs’ en électricité ( bèl hafiè) auront
pour tache de
suspendre les ampoules, lièés entre elles par un long fil, autour du périmètre.
A la limite du parapet.
La scène, le madar, de grandes planches en bois posées sur des tréteaux et
recouverts de batania gafsi ( couverture en laine, tressés artisanalement de
Gafsa ).
Il recevra l’orchestre de Raoul Journo composé de 4 ou 5 musiciens connus.
L’attraction sera les danseuses connus de l’époque ZINA et AZIZA, deux
jumelles aux contorsions suggestives.
« ‘Yè Jojo…in yaddin rabbèk…chouf èkkèl ambouba …tafia…maymiche
ou lè ahwèl…in yadin ? »
(Eh...Jojo …Juron…tu ne vois pas l’ampoule qui est éteinte…Tu es
aveugle ou louche…in yaddin…)
Deidou à déjà bu 3 verres de boukha bien avant que la fête commence.
Il est 20 heures . Les invités commencent à arriver. Ils doivent grimper un
escalier aux marches’ crissantes’ , en bois dont les nez sont souvent usés.
« ‘ Ya maa….redbeylèk wèèn that sakkiiik…. ! »
( Maman…faits attention où tu mets les pieds ) »
Malgré cet avertissement, la vieille Mili rate une marche et va s’étaler
sur le palier…
« ‘Oualliââââââ …oualiâââââ…yâ mââââ..( tu ries NAO ,
c’est sa mère… ) yè Gagou…ômmi tahat… ? »
« ‘Chnâmèl rabba…. ! hate ouken tmout… ! ( Qu’est ce que tu veux
que je lui fasse…qu’elle meurt.. !’
« ‘ Yâtik èl mout ya bougroun… »( Que tu meurs toi , cocu….)
21 heures l’ espace est plein. Les enfants jouent entre eux.
Les vis à vis d’en face regardent assis sur les rebords le déroulement de
la fête.
« ‘Yè Rjijlè….Yè rjijlè….ijja bahdèééééé…? «
(Eh Giséle… ! Eh….Giséle….viens près de nous…. ? )
« ‘Lè yendi nchibi hab yékyââd bèhdéh èl madar… ! »
(Non….J’ai mon gendre qui veut être près de la scène… !)
Le préposé à la derboukah chauffe le cuir de sa derbouka au dessus- d’un
canoun rempli de braise.
« Nyeyeyyee…nyeyeye …….. »le violoniste accorde ses cordes…
« Takaktaktakta…Takaka… Takatatinakaa…… ».le tambourinier accorde sa
derboukah…
« Din din din dan dan don….diiiim….danannana….. »’Le Kanounier ‘
(Kâânoun) ajuste sa mécanique et ses clefs.
« ‘El oud….’ » est à Raoul Journo que les racines sont aux
arbres.Dan..Din..Din…dan..
L’Orchestre est fin prêt. En attendant que le célèbre artiste monte sur
le madar,
Feu Follet dit Fetah , un chanteur amateur, chante sous les quolibets des
invités un air de Aldelhalim Hafez….
Feu…
« ‘……Ennè mèchi sawèh…. » ( Et moi je marche perdu….’
Lilo lui répond du fond de la terrasse.
« ‘….Wène jeddè…..’ » ( Et nous aussi ..)
Feu..
« ‘…..Sawèh…ou mèchi sawèh…fi bilèd ….oul khatwé bin ou
bin..habibti barah….’ « (‘….Perdu…dans la ville….Et j’ai perdu
le pas de ma chérie ).
Lilo……’
« …Euchkèt yè blid…. ! » (Tais toi antipathique..)
Feu…..
« ….Welli arab èl nââr ….Wène layéli kôn habibi salimouli
yalli…… »
(… Et ce qui a fait fuir le jour …..Où sont passées mes nuits avec mes
amis….saluez les….)
Lilo……
« ’ Ouwè nè marti arbet yalliyè….in yaddin rabbok yè Feu… »
( Et moi ma femme m’a quitté . Juron)
Il change de chanson……( Yallè chott èl bahr èl ewé)…( Sur la plage
près de la mer et de l’air).
Feu……
« ’ Yaddinnè èl chôo…Yââdinné……..yallè bèr èl èwé yaddinné….
( On est passé sur notre passion…….sur nos airs ont a passé…)
Lilo……
« ’ Wèhnéh kââdin myèdbin…..yal bèr èl chott…yè neyèk… !
( Et nous nous souffrons…..Près du bord de la plage…pédé..)
Feu…….
« ……Ené myââk…..myâââââââââââââk……’ «
(…….Et moi je suis avec toi….toiiiiiiiiiiiiiiiiiii….’
Lilo
« ‘ Ewe z…i……mèyââk.. »…
( Tiens voilà mon zizi avec toi. ..)
Feu……….
« ’ Ewé yè èwé ….yâddiné….’ « ( Air au mon air…nous avons
passé..)
Lilo…….
« ’ Ouni èl éwè kif èl khrâââ…’ » ( Ici l’air est comme de la
merde)
Ouririririririririririririririri…..yallè RRIRIRIRIRIRIR…..
On réclame Raoul….
Lilo…‘Houttè yââlik yè RawèééééééL…’ ( 5 poissons pour toi
…)
Deidou est sur la piste, une bouteille de boukha à la main………Taka
taka..taka…il trépigne …Il tourne…. sur lui même en esquivant une
danse ta rabbi….
‘Ouriririririri….Ourririririririi…. !
Riri fait le tour des tables…..On lui remet discrètement les cadeaux…..
Titine envers son mari……
« ’ Chatti touuuuuu…. ? » ( Qu’est -ce que tu lui as remiiiiiiis…..
? )
Son mari…….’ Yatitou rab ômôôôôk….. ! ( Je lui ai donné
…..juron )
Elle prend sa mère à témoin….
« ‘Chmââtou…yâ mââââ…. ? …kfar yallièééééé…. ?
( Tu l’as entendu ..mamanananan…il a blasphémééééé sur moi..? )
La mère……
« ’ Mnih…..tra mèldli tarf torchi khèl…. ! «
( Bon…passes moi un morceau de variante…)
Le mari envers sa belle-mère….
« Yèrrak fèl khèl… ! » ( Que tu sois dans le vinaigre )
La vieille répond au gendre…
« ‘…Allaiche….thabni mséirrahhh ? »
( Pourquoi me veux- tu assaisonner… ?)
Lui……
« ’ Ekkèh doum èktar….fi halbiyè… ! «
( Comme ça tu dureras longtemps dans une amphore…)
La piste est prise d’assaut…
‘Ouriririririririri…..Ouriririririri…..Ouririririririri…..’
On réclame l’artiste…..Enfin….il rentre sous les vivats de la bande de
vulgaires en costume blanc, nœud papillon rouge et chaussures diplomates, un
micro dans les mains . Il a failli trébucher sur un fil électrique oublié
sur la terrasse…Il se reprend…
« ‘ Smella yallik yè Raoul….. !» ( Que D. ieu soit avec toi RAOUL… !)
‘Yèli….yè lili……Yè liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiili…..Yèèèèèèèéééé
Riri….Mèhlèli jeinou…….
Les vulgaires sont en délire….
‘…..Bèl yawèdah….èllah lèy yèktallou yâddè….wèn khèf yâlli
khémssé oul khmiss yâlli……Ahhhhhhhhhhhh……..yè liiiiiiii….mèhlèli
kâddou….bèl kechouttou…en sallah yètlali rajèl….oun khèf alli ou èlf
hawtè yalli…..’
( …Avec l’orchestre…..Que D.ieu ne le prive pas
de sa fête….et j’ai peur pour lui…5 x 5 pour
lui…….Ahhhhhh………………comme il est beau…..avec son
costume….espérons qu’il sera un homme…..et j’ai peur pour lui…mille
poissons…pour lui….)
Ouriririririri……Ouriririririri……Ouririririririririri……
Les danseuses Zina et Aziza , les deux jumelles aux corps de rêve rentrent
avec des gargoulettes en équilibre sur la tête. Tous les hommes, même les
cul jattes, rentrent en piste….Une poterie a failli tomber…
« ‘Wène machi yè serdouk… ? »‘ dit Titine à son mari presque ivre..
( Où vas tu ….Espèce de poulet… ?)
« ‘ Euckette yin yaddin rab ômôok…Thab tharèmni …. ?’ »
( Tais toi ….juron sur sa mère….Tu veux me priver…. ?)
« ‘Ahhhh….Thab tèmchi tèstah yè yasffour….yallè kèl jeine élli
fik…. !’ »
(Ahhhhh…Tu veux aller danser…espèce de freluquet…pour ta belle beauté….
!)
Il la toise méchamment et fait fi de sa remarque.
Titine envers sa belle-mère……
« ‘Chouffou…ouldèk…tharhar… ! I tiyah… chadouuuu… ! »
( Regardes le ton fils….Il s’enhardit…Que sa chance tombe…)
La vieille…..’
« … Médli tarf jilat… ?’ »
( Tends moi un morceau de glace… !)
Titine…..
« ‘ Ahhh…Thab èl jilat….ennè kââdda fèl chroun wènti thab èl bérééééd..
? »
( Ahhhh…tu veux de la glace…moi je suis en chaleur et toi tu es dans la
froideur)..
Lilo est entré sur la piste blanche….A force de tourner , il tombe…
« Aie…Aie……sakki….sakki…. ? »
On lui, écrase son pied…..
Sa femme …
« ‘…En sallah…i kessoualèk…’ «
(… Pourvu que l’on te la coupe…..)
Bref….Les voisins accoudés sur les parapets d’en face vont suivre la soirée
en rythmant de leurs mains les cadences.
La soirée se terminera ‘sur des queues de poisson et des nœuds de bœuf (
akoud ) en ragoût……avec beaucoup de querelles . L e Hattan aura tout le
temps de faire l’inventaire de ses cadeaux…
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« ‘ Chatak Kheilou..yè Riri… ? ». ( Qu’est ce qu’il t’ a donné
Khèlou..Riri…’)
« ‘ Yasbana bèl doud….’ » ( Une saucisse verminée.. !)
Il faut bien qu’il apprenne les bonnes manières Riri.
C’était Breitou Albert qui vous a raconté du Théâtre de Chi Mardoum la
communion ( la Bar Mitvah) de RIRIRIRI…..
ALBERT SIMEONI
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