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LA VOIX DE MON PERE.
C’est en fouillant dans mes vieilles cassettes que je tombe sur la voix de mon
père.
Je me souviens qu’un jour, je l’avais surpris en solitaire, avec une radio
cassette, enregistrant sa voix.
Il arrêta la cassette pour me dire….
‘…Eqe kif nem chi fi ze…i , nte’jmou tech’maou hochi… !’
(‘..Comme ca quand je partirai vous pourrez écouter ma voix .. !’)
Il me fit cette réflexion avec un sourire aussi large que la baie de la
Goulette.
Je le laissais continuer son sketch et rentrais dans ma chambre.
Je l’écoutais se la raconter tout en évoquant des mimiques entrecoupés de rires.
Il dialoguait tout seul en s’adressant dans sa solitude du moment, à ses enfants
et à ma mère…
‘…Chouff ye Héyè, mé ten’sèch elli bââd amor twil, el cassette hedi tkhè’biya
eqe tnej’mou louken tous’hach’touni téch’ma’ouni… !
Habit en kol’kom elli mey’sakch tahj’nou âaliyè el ââm ou tnech sar, lè^, jmi’a
ede qou’è…. !
( Regarde ma femme, n’oublie pas qu’après ma longue vie, tu cache cette cassette
comme ça vous pourrez m’entendre( d’outre tombe) quand
vous m’aurez langui, je veux vous dire aussi qu’il ne faut pas tenir le deuil,
des années et ses années, une semaine suffit… !)
J’écoutais sa volonté qu’il avait par sa voix enregistrée.
Des années ont passe et voilà que je tombe comme je vous le disais, il y a une
semaine sur cette cassette que je me suis empressé
de réécouter. Son timbre de voix ne s’était pas altère ; il était le même, la
bande originale aussi n’avait pas été altèree par le temps et j’avais
l’impression qu’il n’était pas loin.
Je posais à côté de sa voix, sa photo et je pouvais à loisir voir et écouter mon
père.
Tout bêtement je me suis mis à lui parler en lui donnant de nos nouvelles. Alors
que lui continuer à parler.
Je lui parlais de ma petite fille SHARON,putain de merde, tout en écoutant sa
voix. Comme s’il ignorait que je suis grand-père. Alors qu’il le savait
certainement
bien avant moi. Puis il s’est mit à raconter des petites blagues pour nous faire
rire et me faire oublier qu’il n’est pas là.
Il disait que la mort, ne l’effrayait pas, il s’en moquait. Et tout cette
faconde avec un humour qui me faisait rire aux larmes.
Il disait ‘ …EL mout… ! Temchi tne’yèq… !’ . Il était un vrai tune sans complexe
et surtout un bon vivant.
Je me pose cette question de merde, celle de savoir si mon père est toujours un
bon vivant dans le domaine des MORTS.
ALBERT Simeoni
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