LE JOUR DU ZÉBU. [D’un zébu chamarré mais nerveux Un débile jerbien s’en accommoda. L’anecdote  s’est bien passée Un jour, et nullement inventée. Je fus jeune témoin D’un fait certain. Je narre cette Goulette charitable En son temps qui fut bien misérable. Son prestige plein d’honneur Fit sa gloire en toutes heures. D’un débile bien heureux 33 ans bien sonnés Nouvellement importé Orphelin et bien pauvre Déclara un jour à la volée N’être pas communié. Un juif non confirmé Cela se pouvait t’il… ? Après tant d’années… ? Même un arbre sans racine Aurait eu droit à son tfélim.( bar mistva) La rumeur prit de l’ampleur. Et notre grand mécène CHICHI AGOUBA ‘ z’al. Gardien du Haras des Beys, proclama Haut et fort qu’il sera celui là. Entendez par là, bonnes ouailles Garant de sa fête et bien au delà. Il fit sonner de son balcon les shofars Annonçant à la plèbe  son désir d’y pourvoir. Un jour d’été  fut fixé plus tard. Le délai arriva. Au jour dit, la Goulette s’endimancha. Dés l’aube, la Mairie compatissante brocarda Drapeaux, oriflammes et calicots. La fanfare s’invita et  ignorant le borico On préféra à sa place un bélier costaud. Encore heureux que ce ne fut un toro. La fête prit la forme d’un défilé Au départ du grand square rénové. On amena le futur communié Bien lavé et parfumé, habillé D’une djellaba au  pied d’un zébu Maquillé et bien sellé. Le ‘Mitsvé’(le communié) Fut installé, heureux et joyeux Sur sa monture à bosse. Hilare, il s’en donnait à cœur joie Saluant sur son passage, Un peu comme le faisait Notre Rais avant qu’il ne soit défait. La smala goulettoise, pour certains Sur les balcons, debout, et les biens malins Accoudés aux parapets des terrasses ensoleillées, Applaudissait et youyoutait sur le chemin. La marche était bien rythmée et le zébi suivait. Le bélier aux corneilles baillait Alors que des quidams s'esclaffaient Sur le spectacle qui les enchantait. Notre jerbien, n’en faisait qu’à sa tête Croyant avoir affaire  à un âne assoupi Taclait les flancs bien arrondis de l’énorme bête. Prit de colère, il se cabra et envoya en l’air Sous les regards médusés, son locataire. Notre zébu prit la poudre d’escampette Galopant comme un forcené sur le macadam Chauffé à blanc tandis que l’infortuné gémissait Sur son sort. La maréchaussée prise à défaut   demanda renfort. Alors que notre grand animal passait devant le Casino. Les enfants s’en donnaient à cœur joie Tant le spectacle  avait bafoué la loi. In fine, notre belle mascotte de zébu Termina sa course à l’orée du canal nord. Nous fûmes tous quittes pour une grande peur. Moralité de l’histoire. Qui veut faire une grande mistva Doit réfléchir au choix de la bête. Mais qui de l’homme ou de la  bête l’est…? Du premier j’en suis sur sans me casser la tête.

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