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Cet article de souvenirs, ne concerne pas seulement les Arianais, mais aussi
tous les petits Tunes de 10 à 14 ans, qui n’ont pas vécus les années
antérieures à l’indépendance.
Le tiro, est un jeu, qui se jouait dans la rue. Pour les Tunes habitant, les
USA ou le Canada, il s’apparente, à quelque chose près quant à ses règles, au
Base-ball américain.
Ce jeu, ne s’achetait pas, chez le marchand de jouets. Nous le fabriquions
nous même. D’ailleurs, pour nous, petits garçons pas toujours fortunés, nos
jouets, nous les faisions nous même de bric et de broc. Revenons à notre Tiro
.
Pour fabriquer ce jeu, il fallait d’abord avoir un vieux balai. Ce n’est pas
le balai qui nous intéressait, mais son manche. Ce manche fait de bois de
hêtre, bien droit et bien solide. Parfois, quand le besoin se faisait urgent,
nous prenions le balai de nos mères au risque de taloches et de punitions. Il
fallait voir la tête de ma mère, quand elle prenait son balai et que le manche
manquait !
D’abord parlons de sa fabrication : c’est donc, un manche à balai, dont on
tirait deux morceaux. Un morceau de la taille de 45 à 50 cm, pour la batte, et
un de 10 à 15 cm pour le tiro. Ce petit bout de manche était taillé comme un
crayon (en forme de cône), à ses deux extrémités. C’est tout, le reste se
trouvait dans la rue.
Le jeu maintenant : Le jeu se jouait à deux, ou bien par équipe de deux ou
plus. Mais on ne pouvait jouer que deux à la fois, l’un contre l’autre (comme
au base-ball, un lanceur et un « catcher » (pas le terme Français, pour la
lutte). Un catcher est quelqu’un qui attrape.
Comme je le disais, le reste du jeu se trouvait dans la rue. Il fallait
choisir deux grosses pierres, d’au moins 15 à 20 cm de diamètre.
Le jeu commence : le lanceur « pitcher », qui tient la batte d’une main, et le
tiro de l’autre. Il va frapper le tiro, avec la batte, le plus loin possible
et en essayant de frapper très bas pour que l’adversaire ne puisse l’attraper.
Il mettra ensuite la batte sur les deux pierres, en équilibre.
Si l’adversaire (le catcher »), attrape le tiro sans que celui-ci ne touche
terre, le lanceur est éliminé et c’est au suivant de jouer. Sinon, le «
catcher », envoie le tiro avec la main, très fort, en visant la batte qui est
posée sur les deux pierres, pour la faire tomber. S’il réussit, l’autre équipe
est alors éliminée et c’est au tour de son équipe de lancer.
Il y a aussi une autre façon d’éliminer un joueur ; au cas où le tiro, même
s’il ne fait pas tomber la batte, atterrisse à une distance, maximum, égale à
la longueur d’une ‘batte’ par rapport aux pierres, alors le joueur est
éliminé.
Les points, maintenant : Comment marquer les points. Si le catcher, en lançant
le tiro, manque la batte posée sur les deux pierres, le lanceur prend sa batte
et se dirige vers le tiro. Alors là, c’est l’adresse qui définit le bon ou le
mauvais joueur.
Je me rappelle d’un ami, Sylvain Benattar, qui était lui un très bon joueur,
il lui arrivait même de jongler avec le tiro au bout de la batte.
Donc, il frappe avec la batte sur l’un des bouts coniques du tiro, pour le
faire tournoyer en l’air et le frapper une deuxième fois, dans son envol, pour
l’envoyer le plus loin possible. (Ce n’est pas facile croyez moi). Cette
manœuvre ne se fait que trois fois.
Après ça, nous mesurons, la distance qu’il y a entre le tiro et les pierres,
avec la batte comme unité de longueur. Le nombre de ‘battes’ nous donne les
points marqués. Parfois quelques tricheurs, mesuraient en zigzag, pour marquer
plus de points.
Bien sur ces parties duraient longtemps, et il fallait surtout une rue
tranquille où les voitures ne passent pas beaucoup. Lorsque une voiture
passait, (pour les Arianais seulement : celle du Dr. Soria) nous enlevons les
pierres, pour les mettre de coté. Parfois ces parties de tiro, se terminaient
« mal », c’est la casse d’un carreau de fenêtre.
Nous disparaissons du décor le plus vite possible. A la fin, il fallait payer
les dégâts, pour les parents, c’était le vitrier, pour nous, comme on disait,
la « Tannée ». Bien sur, ce jeu ne pouvait pas se jouer sur l’avenue de Paris,
par exemple.
Ce jeu n’était pas pratiqué par tous les petits garçons, car il était quand
même dangereux. Nous pouvions recevoir le tiro en plein visage, et ça fait
mal.
Il y avait d’autres jeux qui se jouaient dans la rue, comme : le jeu de
billes, la toupie, les noyaux d’abricot, les trottinettes et bien sur le foot,
avec une balle de tennis. Je vous parlerai plus tard des Trottinettes.
Et puis, je ne sais pas pourquoi, après l’indépendance, ces jeux ont disparus.
Voila une histoire de mon enfance, ou plutôt de mon adolescence. Peut être
racontée d’une façon un peu trop technique.
Je m’adresse à ceux qui vivent aux USA et Canada, n’y a-t-il pas de similitude
avec le base-ball ?
Si quelqu’ un connaît l’origine de ce jeu. J’aimerai bien la connaître.
Charly Sarfati
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