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L’EXODE (du 20éme siècle.) |
Un exode cela ne se prévoit pas, prenons pour exemple
celui qui a frappé la population « Européenne » de Tunisie.C’est un vent
de panique qui souffle, qui enveloppe la population, le bouche à oreille
circule à la vitesse d’un TGV, allez savoir pourquoi.Tout le monde se
retrouve au port, les uns accompagnant les autres.Au début ceux qui
accompagnent sont plus nombreux que ceux que l’on accompagne, au fur et à
mesure, la tendance s’inverse.En fin de compte, il ne reste plus personne
pour accompagner les derniers partants. C’est un peu comme pour les
fossoyeurs, il faut bien qu’il y en ait pour les enterrer, non ?Des bateaux
il y en a eu beaucoup qui faisaient la traversée de Tunis à Marseille.Ils
partaient pleins à ras bord, ils revenaient à vide, recharger leur
cargaison, avec les pleurs en supplément de bagage, mais gratuits.Il y avait
le Chanzy, le Ville de Tunis, le Ville d’Alger, le Kairouan, le Ville de
Marseille, le Ville d’Oran, mais le plus ancien était le Président
Cazalet.Les scènes étaient toutes identiques.Les familles partantes étaient
escortées des parents, des amis et même des voisins.Chacun portait ou
faisait transporter par un portefaix, ses bagages.Et les cocottes-minutes, car
on était persuadé à Tunis, qu’il n’y avait pas de cocottes-minutes en
France.Les douaniers n’ont jamais compris pourquoi chaque famille emportait
cet ustensile.Egalement à la main, la petite valise dite « valise
nord-africaine », qui contenait des victuailles pour la traversée Un poulet
rôti, des sandwiches de toutes sortes, de la boutargue, etc.Le pain était
conservé dans un sac, pour ne pas sécher.Pour les boissons, on aviserait, on
en achèterait à bord.On allait faire les formalités d’embarquement, et
munis des cartes d’accès à bord, on poursuivait les recommandations pour
certains et les regrets de rester pour les autres.-Fais attention, mon fils,
n’oublie pas de rendre visite à tata Claudine, tu te rappelles son adresse,
à Bagnolet.-Garde bien tes valises près de toi dans le train, ma fille,
ferme-les bien.Etc. etc.Et les pleurs redoublaient d’intensité, à mesure
que l’heure d’embarquer approchait.Premier coup de sirène, comme si le
commandant voulait à loisir leur déchirer le cœur.Alors là on se jetait au
cou, on s’embrassait pour l’énième fois, on renouvelait les
recommandations.Il fallait embarquer. Les mouchoirs étaient sortis, pour les
agiter et aussi pour s’essuyer les yeux et se moucher. A BORD ! La plupart
des personnes voyageaient à fond de cale. Il ne fallait pas trop dépenser
pour un voyage sans retour.Ce n’était pas un voyage d’agrément, chaque
sou économisé, comptait.A bord, on louait des chaises longues, qu’on
installait en cercle, par famille.Quelques fois des amis ou voisins se
rejoignaient.Au début on bavardait pour se remonter le moral, certains, plus
fanfarons, montraient qu’ils ne craignaient pas la mer, ils montaient sur le
pont supérieur, voir défiler la route tout le long du canal, l’usine électrique
de la Goulette, le canal et la mer.Jusqu’à la « passe », tout se passait
bien, on se croirait à bord d’une felouka, longeant les côtes.Une fois la
« passe » franchie, c’est là que commençait le balancement du
paquebot.Selon la nature du vent, sa force, il y avait tangage ou roulis.On
entendait alors ces phrases :-Ya Rebbi Miyer ! ya Rebbi Fraji ! ya Rebbi Haï
Tayeb ! Qalbi bache yemchi aaliya ! Rani bache nmoute !La grand-mère ou le
grand-père avait le mal de mer.Cette indisposition étant « contagieuse »
moralement, petit à petit l’ensemble des voyageurs avait le cœur retourné.Ensuite,
on se reprenait, et on adoptait le pied marin.Comme la mer donne faim, c’est
connu, on ouvrait les valises et on commençait à préparer les casse-croûtes.Chacun
selon son appétit, ses dispositions.Il y avait parmi les voyageurs, quelques
dégourdis, qui se mettaient d’accord avec le chef de cabines ; moyennant un
petit supplément payé de la main à la main, ils passaient en classe supérieure
pour bénéficier d’avantages substantiels.Une cabine, avec dîner et
petit-déjeuner compris.A bord la vie s’organisait, on louait des
couvertures pour la nuit.Le balancement du bateau berçait, on
s’endormait.Quelques fois en entendait quelqu’un vomir, de suite chacun se
proposait de lui donner un remède de son savoir.Le lendemain matin, on
arrivait tout près du golfe du lion, à quelques miles de Marseille.Souvent
les choses se gâtaient.Si le mistral soufflait, il empêchait le bateau
d’avancer, malgré un renforcement des machines.Le bateau tanguait, le mal
de mer redoublait, on rendait tout ce que l’on avait ingurgité.Le navire
pouvait parfois mettre plusieurs heures avant d’accoster.En bout de peine,
et avec la grâce de D.ieu, on arrivait à bon port.C’est là, que les
vraies difficultés commençaient. J'ai quitté mon pays, j'ai quitté ma
maison Ma vie, ma triste vie se traîne sans raison J'ai quitté mon soleil,
j'ai quitté ma mer bleue Leurs souvenirs se réveillent, bien après mon
adieu Soleil, soleil de mon pays perdu Des villes blanches que j'aimais, des
filles que j'ai jadis connues.Avec l'aimable collaboration de mon ami, qu'il
trouve là toute mon estime. Raby Myak.NB/ Ce que je vais vous décrire là en
ajout.Les familles restés sur les quais, après le départ du paquebot, se précipitaient
vers la Goulette, pour attendre le passage du bateau qui devait croiser, à
quelques mètres des blocs le Phare du Bouraz, et là, les émigrés sur le
pont se faisaient de grands signes de la main par un signe distinctif pour se
faire reconnaître des leurs, un mouchoir de couleur, une serviette, un tricot
bref un tissu qu'ils faisaient tourner au dessus de leur tête. Les mouettes
suivaient et les remous des hélices venaient se fracasser sur les digues.
Certains téméraires allaient même se positionner sur les premières roches
pour être plus près de leurs cousins ou alliés. Je me souviens que la
surface de l'eau était comme aspirée par le passage du paquebot. Ghbinè….Voilà
Lala….
Merci. Albert SIMEONI L'ENFANT DE LA GOULETTE.
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