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Extrait du livre en préparation
Les mémoires d'un déraciné.
Par Victor Cohen.
Mais les dimanches étaient consacrés au keteb école d’éducation religieuse.
Son rabbin, Rabbi Zeitoun, était un rabbin moderne, bel homme, haut de taille,
sans barbe, avec une grosse paire de moustaches arrondies sur les bords,
habillé à l'europeenne toujours élégamment, proprement, et avec beaucoup de
goût.
Il était bijoutier de métier, il faisait en plus le rabbin, il accomplissait
son sacerdoce et donnait des cours d’éducation religieuse.
Rabbi Zeitoun avait plusieurs fonctions, il était en même temps, bijoutier,
rabbin bénévole, circonciseur, toiletteur de morts, psalmiste pendant qu’il
veillait les morts, professeur d’hébreu et d’éducation religieuse il faisait
l’abattage rituel des bêtes de boucheries aux abattoirs de la ville, tous ces
services il les faisaient bénévolement bien entendu.
Il ne refusait jamais de faire une mitzvah. (Bonne action recommandée par le
judaïsme)
Non seulement il le faisait gratuitement mais souvent cela lui coûtait de
l’argent.
Jean Claude se souvient qu’un jour, il se promenait avec sa mère et une de ses
tantes, cette dernière était visiblement enceinte, Rabbi Zeitoun les salua
chaleureusement et s’adressant à sa tante lui dit.
- j’espère que c’est un garçon que vous attendez là madame H….
- Je ne sais pas ya-rabbi, faite moi une prière pour que se soit un garçon.
-D’accord madame, mais promettez moi que vous me choisirez comme circonciseur
pour le bébé si c’est un garçon….. si j’obtiens votre promesse….. non
seulement je ferais une prière, mais pour m’avoir choisi, vous aurez en cadeau
un pendentif pour le bébé et un bracelet pour vous, le tout en or filigrané,
je les confectionnerais spécialement pour vous.
- Merci Rabbi, vous êtes trop bon, j’en parlerais de cela avec mon mari.
Cette conversation, Jean Claude l’a vécu et ça a existé.
Y a-t-il encore des rabbins de cette trempe de nos jours ? De ceux qui se
disputent une concurrence bénévole ? Se demande encore actuellement Jean
Claude.
Des rabbins qui offrent des cadeaux pour qu’on les appelle pour rendre un
service sacerdotal.
La majorité des rabbins en Tunisie étaient de cette trempe, faire le rabbin
n’était pas un métier mais une vocation.
Ils avaient un autre métier que rabbin pour gagner leur vie, en général
c’étaient des commerçants, le sacerdoce ils l’accomplissaient bénévolement et
gracieusement.
"Tout ce qui est rituel pour les fidèles, il faut le faire au nom du ciel".
Disait souvent rabbi Zeitoun en vers et avec son sens de l’humour.
La récompense viendra du ciel, n’ayez aucune crainte, le tout puissant voit
tout, il n’oublie personne, il pourvoie même aux besoins du petit oiseau qui
est sur l’arbre. Disait il.
Voila comment les rabbins de Tunisie pratiquaient le judaïsme.
Non pas comme les rabbins actuels d’Europe ou de n'importe ou ailleurs, qui à
chaque occasion dans l’accomplissement de leurs sacerdoces se font grassement
payé.
C’est devenu un métier vénal.
Les rabbins gagnent tellement d’argent que cette profession est devenue très
prisée.
Jean Claude eu la chance d’avoir comme rabbin rabbi Zeitoun dans sa jeunesse
qui était un homme extraordinaire.
Jean Claude aimait faire ses prières, étudier la Thora et pratiquer les
commandements.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas, les circonstances de sa vie ont fait en
sorte qu’il devienne anti-clérical.
Il a pourtant essayé de se réconcilier avec le clergé, mais il n’y a rien à
faire, à chaque fois qu’il les côtoie il est déçu.
Malgré ce détachement qu’il à vis-à-vis du clergé, il reste juif et fier de
l’être, il observe sans aucune réserve le commandement qui dis « tu aimeras
ton prochain comme toi-même », pour lui cela veux dire, ne fais pas aux autres
ce que tu ne veux pas qu’on te fasse.
Il ne manque jamais d’essayer de rendre service, pour n’importe qui, qu’il
soit de n’importe quelle confession ou race.
Mais comme un fait exprès dés qu’il se frotte à son clergé, il y a quelque
chose qui cloche.
Victor Cohen
Extait d'un chapitre en exclusivité pour HARISSA copyright 2004-2008
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