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Chers amis Tunes d'ou que vous soyez et ou vous vous trouvez,
J'ai lu les messages et textes concernant l'état du cimetière du Borgel. J'ai en effet
moi-même été confronté a ce problème et ce de puis de nombreuses années, bien avant
que je ne revienne définitivement en Tunisie. La première fois que j'y suis retourné en
1987, j'ai été traumatisé par l'état dans lequel se trouvait le Borgel. L'état de
délabrement de la grande majorité des tombes était du, à la qualité du terrain
(affaissement du au pluie), aux affres du temps, et certaines, il faut le dire, au
vandalisme, mais ce qui ma choqué le plus était létat de saleté et
lapparence dabandon total des lieux.
Des fragments de livres de prières, se trouvaient un peu partout balayés par le vent.
Ils séchappaient de tombes éventrées, cassées.
Jai cherché pendant des heures les tombes de mes grands-parents maternels, Albert
Abraham Burgel décédé en 1957, et Juliette Burgel, née Nizard, décédée en 1961.
Javais 42 ans et cétait la première fois que je mettais les pieds au Borgel.
Mes parents ayant quitté Tunis en 1965 pour Israël, et nétant plus revenu depuis,
cela faisait plus de 20 ans que personne navait pensé a prendre soin de ces tombes.
Pendant mes recherches, je lisais les noms de ces disparus, et javais
limpression de vivre lhistoire de notre peuple ; ces noms me sautaient au
visage, ils revenaient à ma mémoire, et en revenant à ma mémoire, ils semblaient
revivre. Chaque nom, souvent oublié, faisait apparaître un visage, chaque visage un
événement ou un endroit.
Ici, pour léternité se trouvait notre passé, notre histoire. Enfin
jarrivais à trouver les tombes de mes grands-parents, une émotion dune rare
intensité me prit à la gorge et je me mis a pleurer, a sangloter.
Mon Papi et ma Mamie, était là devant moi, cote à cote. La vue de leurs tombes, à
moitié enfoncées dans la terre, me fit mal, très mal. Eux qui sétaient tant
occupé de moi pendant mon enfance, qui mavaient aimé, gâté, choyé, étaient
abandonnés.
Plus personne pendant plus de vingt ans, ne sétait préoccupé de leur tombes et
quand je dis plus personne, je parle de moi, de leur famille, de leurs proches. Nous
étions trop occupés à notre vie, à notre confort, a tant de choses qui me parurent si
futiles devant lamour quils nous avaient donné et que nous leur avons si mal
rendu, en les abandonnant.
Certains me diront quon ne pouvait pas faire autrement, car la situation, la
politique, léloignement, etc, etc
..
Daccord avec eux, mais aujourdhui, cela a changé et bien changé. Une chose
est sure, létat de délabrement existe toujours ; mais il y a eu un changement
fondamental sur la propreté des lieux qui aujourdhui sont régulièrement
entretenus. Plus de détritus, les mauvaises herbes sont régulièrement arrachées et ce
à linitiative des autorités tunisiennes, bien que cela ne les concerne pas
directement, car à ma connaissance, le cimetière du Borgel est une propriété de la
communauté juive de Tunis. Nous ne pouvons pas demander aux autres de nous occuper des
nôtres. Les tombes peuvent être réparées sans aucun problème, je lai fait pour
mes grands-parents et je dirai que ce nest pas une obligation mais un devoir de le
faire si on en a la possibilité.
Aujourdhui, vendredi 29 octobre, anniversaire de la mort de ma mère, reposant a
Eilat en Israel, jai été me recueillir sur la tombe de ses parents, mes
grands-parents reposant au Borgel en Tunisie.
A chaque fois que je me rends au cimetière et que je vois ces tombes cassées,
renversées ou enfoncées dans la terre, je suis bouleversé. Je me dis quil faut
trouver une solution, mais laquelle??
Après mêtre recueilli, une idée me vint à lesprit, ma t elle été
soufflée par mes grands-parents, je nen sais rien, mais en tout cas, jai
décidé de vous la soumettre comme elle mest venue.
Etant sur place à Tunis, je voudrais aider ceux qui ne pouvant pas venir a Tunis pour
quelque raison que ce soit, aimeraient retrouver la tombe dun être cher, savoir
dans quelle état elle se trouve, et éventuellement la faire réparer.
Mon idée est la suivante :
1)Obtenir la liste des tombes répertoriées, la faire paraître sur Harissa.com
2)Les personnes retrouvant un nom et désirant connaître létat de la tombe, me
contacteraient par Email : jo.krief@planet.tn
3)Jirai photographier cette tombe, et demanderai au responsable du cimetière le
coût de la restauration, et transmettrai la photo par Email, ainsi que le prix des
travaux.
4)Si la personne désire faire exécuter les travaux, elle fera un transfert du montant
sur un compte qui sera ouvert en temps voulu a cet effet.
5)Toute personne résidant a Tunis et désirant participer a cette action pourra me
contacter pour maider dans ces démarches.
6)Je suggère également que toute personne ayant le bonheur de pouvoir faire réparer la
tombe dun de ces ancêtres, donne 20% de plus sur le montant des travaux pour que
nous puissions faire réparer les lieux communs ou les tombes quon ne pourra
identifier.
Comme jétais sur place, jai parlé avec le responsable du cimetière et
jai cru comprendre quil serait difficile dobtenir une copie de disquette
de cette liste pour linstaller sur Harissa.com, mais je vais tout faire pour
arriver.
Jai demandé également le coût des réparations et cela varie selon létat
de la tombe de 200 a 400 dinars tunisien, soit entre 180 et 360 US$.
Alors en attendant de trouver une solution pour cette liste, je vous propose de
menvoyer par Email, les noms, prénoms, date de décès des personnes reposant au
Borgel pour lesquels vous aimeriez retrouver les tombes.
Avec ces informations, je ferai le nécessaire pour vous faire parvenir les photos des
tombes.
Je pense que cest une solution plus simple que dorganiser un sauvetage
collectif, et cela fera avancer les choses, en attendant de trouver une solution pour
lensemble du cimetière.
Cette action que jentreprends est tout a fait bénévole, et jinvite toute
personne désirant y participer a me contacter.
Tous nos ancêtres qui reposent ici méritent une sépulture digne de lamour
quil nous ont donné, digne de la foi dans laquelle ils ont vécu.
Pour que tous ces disparus, ne disparaissent pas a jamais de notre histoire, de notre
mémoire.
Ils sont nos racines enfoncées profondément dans cette terre ou ils ont vécus. Ceux
sont eux qui nous ont appris à être ces Tunes que nous sommes aujourdhui, ceux
sont eux qui nous ont laissé cet héritage que lon revendique si fort.
Nos expressions, notre cuisine, notre façon dêtre, de parler, de vivre, tout ce
dont on parle tant sur notre cher site, c'est à eux quon le doit. Ils sont notre
mémoire, on doit tout faire pour ne pas les oublier et tant quon ne les oubliera
pas, ils continueront à vivre. Ils sont notre passé, et sans passé il ny a pas
davenir.
Rappelez vous tout lamour quils vous ont donné et rendez le leur au moins un
peu, pour quils reposent dignement.
Joseph Krief
jo.krief@planet.tn
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