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Seconde jeunesse pour la chéchia tunisienne |
Menacée de quasi-disparition il y a peu, la chéchia - appelée aussi "petit bonnet carmin" - revient au goût du jour et connaît une seconde jeunesse dans les rues de Tunis et s'exporte dans de nombreux pays du monde. La coiffe rouge vif, avec ou sans gland de passementerie noir n'est plus seulement prisée par les touristes qui voient en la chéchia la parure exotique par excellence et la ramènent en souvenir. Elle n'est plus portée seulement par les vieux messieurs attachés à la tradition. De plus en plus de jeunes la redécouvrent et certaines chéchias sont même conçues désormais pour les femmes qui se sont laissées séduire et la portent en soirée. La chéchia a même été dotée d'une touche d'excentricité par les stylistes et constitue la touche finale de différents uniformes, qu'il s'agisse des employés hôtellerie ou même d'employés de certaines compagnies d'aviation. Apparue en Tunisie au XVIIème siècle, la chéchia a été importée d'Espagne par les morisques, nom donné aux musulmans de la péninsule ibérique convertis de force au catholicisme puis expulsés au cours des siècles après la prise en 1492 de Grenade, fief des "Andalous", qui trouvèrent en Tunisie une seconde patrie . Ils y amenèrent l'artisanat de la chéchia. Faite par des chaouachis émérites, la chéchia ne tarda pas à occuper trois souks entiers dans la médina de Tunis, tant son succès était grand, donnant du travail à des milliers de personnes. Elle était exportée par chameaux ou navires, non seulement en Algérie, au Maroc et au Soudan, mais aussi dans tout le Proche-Orient (Egypte, Syrie, Anatolie) et jusqu'en Asie. Encore aujourd'hui, la chéchia tunisienne et se vend Proche-Orient et dans de nombreux pays d'Afrique: la Libye, la Mauritanie, le Mali, le Tchad, et même au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique noire. Le touriste qui, de nos jours, achète une chéchia dans un souk de Tunis n'imagine guère la somme de travail qu'a représenté sa confection, du moins si elle a été réalisée dans les règles de l'art et si elle est de qualité. La belle chéchia est faite de laine peignée, tricotée par les femmes qui font les bonnets (kabbous). Ces bonnets sont envoyés au foulage, ils sont mouillés avec de l'eau chaude et du savon et les hommes les foulent aux pieds, longtemps, afin de les détremper, à tel point que les mailles du tricot auront quasiment disparu. Vient alors le traitement du chardon, cette plante piquante, qui sert au cardage ou peignage du bonnet, afin de transformer le feutre en velours duveté. Cependant, de plus en plus souvent désormais, le chardon est remplacé par la brosse métallique. C'est à ce stade de la fabrication que la chéchia est teinte de ce rouge vermillon qu'on lui connaît, mais aussi en noir, bleu ou vert foncé, avec des teintures végétales ou animales, pour les plus belles. On en trouve même désormais - audace suprême - de couleurs inusitées jusqu'à présent, telle moutarde ou turquoise, avec des motifs, ce qui séduit de plus en plus de jeunes. |
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