Mash nedoyou aalla wah’ed ouled elli ja lwakt taou bash ielbesh
tfelimou.
Kbel ma yezzem yelbesh etflelim lazem errebbi iqari wishouf kan yaaref
mah’ashtou.
Oukan louled mnih’ yaati karod elli y kouloulou Bar mezva.
Ou feddar oubou ou omou ih’adrou etfelim, sar oula sarayn qbel.
Traduction :
Nous allons parler d’un garcon qui a atteint l’age auquel on procede a la
ceremonie de la majorite religieuse.
Avant de pouvoir proceder a cette ceremonie, il faut qu’un rabbin le fasse
lire pour voir s’il sait ce qu’il a besoin (de savoir.)
Si l’enfant est bien, il lui donne un papier qu’on appelle Bar mitzvah.
Et a la maison, son pere et sa mere preparent la ceremonie un mois ou deux a
l’avance.
Wadda kelou bekhlaf la3sha hiya bida ta3
ettfelim. Fea3sha meshtanshine ya3mlou bqayila belo3sbane.
Yebda kif lilet ettfelim y7abou ya3mlou 7aja mni7a, oukan jada ma temash wahed
li-mat felfamilia ela3m adda ijibou a3wadyia ou jada ijibou 7ajam bash i7ajem
lel 7atane ou s7abou babin el a3wadyia todrob welghanayia ta3lel.
El 7attan labesh keshwa jdida wella bijama weskarpa yeberkou briq wekmeja 7rir
ou gorbata 7amra ta3mel keif.
Nash el a3wadyia kif yedekhlou elbeit elfishta yelkawa m7adra, temma nofs
milimintou mghoti beqmash a7mar ou esfar. Ouman jelma y ji arba wella khamsa
mennash.
Temma li a3ndou el ezzrana ou sa7bou lqanoun ou lakhor a3ndou darbouka, ou
marat temma o3ud ou tar/
Bash akka temma kif li swiya khayda, swiya t7ouk ou la3b feddar.
7ina bab eddar yoke3d ma7loul ou ka3dine yedekhlou ezirane welfamilia kella.
Ou louliyed ba3da bda yela3b ma3 owled a3mou walla owled khaltou.
Traduction :
Et tout ceci en dehors du repas lui meme de la veille de la ceremonie. Pour le
repas, il est habituel de faire de la bkaila avec du osbane.
Donc, si on peut faire quelquechose de bien la veille de la ceremonie, et
aussi s’il n’y a pas eu de mort dans la famille dans le courant de
l’annee, on fait venir un orchestre ainsi qu’un coiffeur pour coiffer le
jeune homme et ses amis, pendant que l’orchestre joue et que les chanteurs
chantent des chants de louange.
Le jeune homme est revetu d’un costume neuf ou bien d’un pyjama et d’une
paire d’escarpins brillants, d’une chemise de soie et d’une cravate
rouge a faire plaisir.
Les gens de l’orchestre, lorsqu’ils entrent dans la piece ou a lieu la
fete, la trouvent prete, il y a un canape couvert d’etoffe rouge et jaune.
Ils sont en tout, quatre ou cinq.
L’un a un violon, son compagnon un qanoun, l’autre une darbouka,
quelquefois il y a un luth et un tar. (C’est un cerceau avec des
castagnettes)
Ainsi il y a comme un peu de tumulte, un peu de rire et de jeu dans la maison.
Maintenant la porte de la maison reste ouverte et les voisins et toute la
famille ne cessent d’entrer.
Et le petit garcon a deja commence a jouer avec ses cousins paternels ou
maternels.
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Avant de poursuivre, il est important de constater la facon dont les parents
vont inviter la famille et les proches, le respect pour le deuil, les liens
etroits qui unissaient tous les voisins.
Il n’est fait nullement mention, au cours du recit, de la confession des
invites ou des voisins.
C’est bien une des principales choses que nous avons perdues, mon grand-pere
ne cesse jamais de me le faire remarquer.
Egalement les gens ne faisaient pas le genre de fetes que nous connaissons
aujourd'hui, qui frisent l'ostentation. (Kbelet a3in hara3) Tout se passait la
veille, et le lendemain après la synagogue, on servait de l'orjeat avec du
Biscoutou. Simplement.
Yekââdou ekka tlata wella arba zrar
mashin jayin melbeït elbeït, yaklou h’uija ekka yemshyu yossorqoua
felkoujina wennash lekbar yokââdou yedouyou fel beït lekbira.
Welouled elli qââd yelbesh ettfelim yebdaw iâytouou men shira le shira bash
iboushouou ou yâtyiouou rigalouate, ella khatar lillet ettfelim iya lillet
errigalouate.
Fad ellila louled bââda qbel men ând khalou khatem deb ou khalou lakhor âtâ
hdida mungala ou âmtou âtatou stilou bbinina debb ou qatlou : ya weldi adda
bash tâmel « reoussi » kif telâlem h’atta ibasho, beswyia trih’ou
nshalla besââd welmejal, ija nboushek
Mabine adda kellou ou dakhlet okh’t louled ou jat mââ omma ou qaletla :
shouf aj jabou, wah’ed meshlem ja bennouwar adou bkorta men ând âmi
shishi.
Traduction.
Il y a ainsi trois ou quatre gosses qui vont et viennent d’une pièce à
l’autre, ils mangent quelque petite chose qu’ils vont voler à la cuisine
tandis que les grandes personnes bavardent dans la grande pièce.
Et le garçon qu’on est en train de fêter est appelé de tous côtés pour
qu’on l’embrasse et qu’on lui donne des cadeaux, car la veille de la cérémonie
est la soirée des cadeaux.
Déjà le garçon a reçu de son oncle paternel une bague en or et de son
autre oncle un bracelet-montre et sa tante maternelle lui a donné un stylo
avec une plume en or, en lui disant : « Mon fils, ceci pour que tu réussisses
dans tes études, jusqu’au bachot ; Fais attention à ne pas le perdre, que
Dieu t’accorde chance et bonheur, viens que je t’embrasse. »
Pendant tout ce temps, la sœur du garçon est entrée et est venue dire à sa
mère : « vois ce qu’on a apporté. Un Musulman a apporté ces fleurs avec
une carte de mon oncle Shishi. »
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Nous faisons une halte, pour commenter certains aspects et coutumes, relatifs
aux fêtes chez les juifs de Tunisie.
Les oncles et les tantes offrent des cadeaux utiles et significatifs.
Une bague dite « chevalière », un bracelet-montre, un stylo qu’il fallait
garder jusqu’au BAC..
Ces objets sont le signe distinctif du passage, du stade de l’enfant à
celui de l’homme.
Aujourd’hui, malheureusement, les cadeaux sont souvent remplacés par des chèques
que l’enfant ne voit pas, cela frise le mercantilisme.
Ou bien alors, ce sont des objets modernes, coûteux, des ordinateurs, des
jeux électroniques dont l’enfant se lasse très vite, étourdi par tant de
biens soudains.
A l’époque l’on savait être humble, on connaissait la valeur des objets.
Remarquez également le plaisir éprouvé, voire l’étonnement, à
l’accueil de fleurs envoyées par l’oncle Shishi.
Remarquons également le mot: Rigalouate, c'est le pluriel de Rigalou, qui
vient de l'italien Regalo.
Ow h’ina louled khda-ak errigalouate
bash iwarriem lesh’ab taou ou bââda h’att lah’dida mungala welkhatem
fiyedou wesstilou fi maktoubou kif ennash lekbar.
Wenbââd ja waqt lah’jama welâwaddiyia tshed feltââlil wennsha izarertou
h’atta-lli-lh’atane ou sh’abou elkel youfow lah’jama.
wak ellwakt ellom ou benta yedekhlou besh’anat ou yebdaw iforrqou ; menbââd
ennash bokhlaf loqrab yekherjou welab yebda ouraem bash iqolem : ma tenshawsh
ghadwa ma tmankroush bash tjiou, ou fesbah’ netqablou fesla fettmenia
qatqat, ou waqtli ma fodlot kan elfamilia sarvaw lebqayla ou kââdou âlmida
welâwaddyia todrob .
Ou fesbah’ qbel ma yfik louled temma bââda feddar tlata wella arba nsha
elli jaw bekri bekri bash yelbshoulou ah’wayjou
Ommou tji lawlla bas th’otlou elouwell h’aja ou bââda tji mra li ma ândash
ouled (iqoulou li adda shay mnih’ lelah’balla) wenbââd lemrat lokhrin.
Majal kif oufa elbash waw dakhlou owlad el bayiout werjal elkol yabtou mââ
louled besh yiemshiou lessla.
Fibab eddar oulad el bayiout yebdaw ighanyiou takrib h’atta myiat mitrou
meddar.
Traduction.
Et voici que le garçon prend ces cadeaux pour les montrer à ses amis, et déjà
il a mis le bracelet-montre et la bague à son doigt et son stylo dans sa
poche comme les grands.
Puis arrive l’heure de la coiffure, l’orchestre commence les chants de
louange, pendant que les femmes poussent des « riri » jusqu’à ce que le
jeune-homme et ses amis aient fini de se faire coiffer.
Alors la mère et la fille apparaissent portant des assiettes et commencent à
les distribuer, ensuite les gens, à l’exception des proches parents,
commencent à s’en aller et le père les accompagne pour leur dire : «
N’oubliez pas demain, ne manquez pas de venir le matin, nous nous
rencontrerons à la synagogue à huit heures précises. » Et lorsqu’il ne
reste plus que la famille on sert la bqayla et on se met à table pendant que
l’orchestre joue.
Le matin avant que le garçon ne s’éveille, il y a déjà dans la maison
trois ou quatre femmes qui sont venues très tôt pour lui mettre ses vêtements.
Sa mère vient la première pour le revêtir de son premier vêtement et après
elle, vient une femme qui n’a pas d’enfant (on dit que cela est bon pour
provoquer la grossesse), puis viennent les autres femmes.
A peine a-t-il fini de s’habiller qu’entrent les enfants qui chantent des
piyyoutim. Et tous les hommes s’en vont avec eux à la synagogue.
A la porte de la maison les enfants commencent à chanter pendant à peu près
100 mètres.
Kif yousslou lessla bââda temma rjal
okhrin ou temma rebbi jada « shibah’ layiel »aktar men menyian.
Loulled y h’ol mh’armat ettallit taou ou yejbed tallit h’rir jdid ou men
skara zraïra tfellim ou sedour essla.
Yebda yeqra wi h’ott etfellim felyied lissar ou fouk rassou ou yelbesh jada
ettallit ou yeqra essla kella tââ shah’rit.
Yejebdou shifer welouled yetla leshifer bââd el kouine ou yeqra menbââd
basouq tââ lbarasha ou wakt li yabet mettiba yiemshi y boush nash el familia
.
Wiwelliou lkeul mââ oulad el bayiout ou kif oqorbou leddar yiebdaw irhanyiou
mallokhra.
Kif yessemôu lh’oss ada nash eddar ikemlou fisha tah’dir keul shaï
wizaghertou waktli erjell elkeul woslou lelbab.
Ftour essbah’ louzada ou beskoutou.
Bââd oulad el bayiout yebdaw yrannyou. Ândlouwel nash el familia yoftrou jmîî
fi dar et-tfellim.
Wak ennar el h’atane oush’abou yejmou yesserbou swagor, ou khalou biedou yââtiem
bakou.
Ou men bââd yekherju loulad el keul yekraw krareuss ou yemshyiou idourou.
Lorsqu’ils arrivent à la synagogue, il y a déjà d’autres hommes et
aussi un rabbin : D… merci, plus qu’il n’en faut pour le quorum nécessaire
à la validité de l’office.
Le garçon ouvre le mouchoir dans lequel est pliée l’écharpe de prière et
tire une écharpe de soie toute neuve, et d’une petite sacoche, retire ses
phylactères et un livre de prière.
Et il commence à lire en mettant les phylactères au bras gauche et sur la tête,
il revêt aussi l’écharpe et lit tout le service du matin.
On sort les rouleaux de la loi et c’est le garçon qui est appelé le
premier au cours de la lecture, après le Cohen, puis il lit un verset de la
Parasha. Et lorsqu’il descend de la Theva, il va embrasser les gens de la
famille.
Et tous reviennent avec les enfants qui chantent les piyyoutim et lorsqu’ils
approchent de la maison, ils commencent à chanter une nouvelle fois.
Lorsque les femmes entendent ce bruit, elles achèvent en hâte les préparatifs
et poussent des « riri » lorsque tous les hommes sont arrivés à la porte
de la maison.
Le petit-déjeuner est constitué par de l’orgeat et du biscuit.
Après, les enfants commencent à chanter. A midi, les membres de la famille déjeunent
ensemble dans la maison où se passe la cérémonie.
Et ce jour, le jeune homme et ses amis peuvent fumer des cigarettes, et
c’est l’oncle maternel lui-même qui leur en donne.
Puis les garçons sortent, louent des fiacres et s’en vont se promener.
NB. Qu'il est loin déjà le temps où les parents, ici l'oncle, offraient des
cigarettes aux jeunes, et les encourageaient à fumer.
Egalement il est bon de noter, que les chants des enfants du Bayout étaient
tirés des succès de la chanson arabe, avec des textes en judéo.
Il y avait des airs de Ferid el-attrache, Mohamed Abdel Wahab, de Laure
Daccache, etc.
YOSSI MATALON
A LIRE SUR DISCUSSION EN JUDEO-ARABE A http://www.harissa.com/Portail/forums.htm