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LA BARANIA,
C’est un plat traditionnel Juif Espagnol, qui est passé par l’Italie, après le
renvoi des juifs d’Espagne en juillet 1493, puis est arrivé en Tunisie par
l’intermédiaire des juifs de Livourne.
L’Italie, un des premiers pays d’Europe à commencer à émanciper ses juifs, cette
action s’est faite région par région ; la procédure d’émancipation a pris
beaucoup de temps à s’établir sur toute l’Italie.
Beaucoup de juifs de Livourne ayant obtenus leurs passeports Italiens en cours
d’émancipation de la région, décidèrent d’aller en Tunisie, pays pas très loin
de là, considéré comme un pays de cocagne et de liberté à l’époque, tandis qu’en
Italie la misère et les guerres des
« trois nations » (tre nazioni) faisaient rage.
La famille Soria qui porte le nom de la ville de Soria en Espagne, s’est
retrouvée bannie de ce pays, après l’expulsion des juifs d’Espagne pendant
l’inquisition.
Plus tard, on la retrouve à Livourne en Italie, puis beaucoup plus tard, au
début du 17eme siècle, la famille Soria s’installe en Tunisie avec l’arrivée
massive des juifs livournais.
Leurs coreligionnaires juifs "TOUENSA" (locaux)qui étaient là en Tunisie bien
avant eux, appelèrent les juifs livournais les « BARRANI » « les étrangers »,
puis plus tard, on les appela « LES GRANA »
« Gorni » allusion aux « Grana » mot dérivant du mot « Gueurn»
« piment piquant », insinuant que ces nouveaux arrivants étaient orgueilleux,
arrogants, méprisants et redoutables en affaire.
En effet ces juifs venus d’Europe se sentaient plus modernes que les juifs
locaux, qui eux, étaient intégrés et imprégnés de traditions arabes et berbères,
ils étaient habillés d’habits arabes, ils parlaient uniquement l’arabe et
beaucoup moins l’hébreu ancien.
Ces nouveaux venus constatant cette évidence qui ne leurs plaisaient pas,
pratiquèrent des leurs installation une scission intercommunautaire, ils avaient
leurs rabbins, leurs synagogues et même leurs cimetières, ils ne voulaient
surtout pas se mélanger aux juifs locaux, et interdisaient totalement les
mariages « mixtes » entre juifs locaux et juifs grana.
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Mon arrière grand-mère maternelle ZAL, née SORIA, fut une des premières femmes
GRANA, à braver cet interdit et à accepter de se marier avec un juifs local de
la famille KRIEF.
Ce mariage était un sacrilège, mais c’était devenu l’exception qui confirme la
règle.
Une des filles de cette union en l’occurrence ma grand mère maternelle, qui
étaient une des premières jeune fille a être a moitié grana, suivit l’exemple de
sa mère et épousa mon grand père le rabbin HAI ZEITOUN, ZAL, de la communauté
des "touensa" à l’époque grand rabbin de Sax et Cheikh des juifs de cette même
ville, décoré du NISHAM IFTIKAR.
Etant petit à l’age de dix ou onze ans, je traînais derrière les jupes de ma
grand-mère, j’adorais les odeurs de cuisines par gourmandise et par curiosité,
je demandais souvent à ma
Grand-mère qui parlait couramment l’Italien, l’arabe et le français comment
s’appelait tel ou tel plat ?
C’est la, pour la première fois que j’entendis le nom du plat dit la « BARANIA »
qui veut dire l’étrangère.
Elle me raconta, qu’en vérité ce plat s’appelle la « BERANDJENAS », mais que sa
mère, qui était appelée par la famille Krief la « Barania » avait concocter
après Kippour ce plat de tradition juive a sa belle famille, cette dernière
trouvant ce plat bon et original, l’adoptèrent et le baptisèrent la « BARANIA »
mot ressemblant beaucoup au nom original du plat la « BERANDJENAS » en
Judéo-sépharado-espagnol.
Victor Cohen.
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