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Albert Bessis (1885-1972) |
Mohamed Masmoudi, Mongi Slim et Albert Bessis au Palais de Carthage, se rendant auprès du BEY (Octobre 1955)
La plupart de ces lignes sont extraites de la note 14 en page 367 du livre intitulé "Maghreb: la traversée du siècle" par Juliette Bessis, publié par les Editions l'Harmattan; certaines sont extraites du livre de Paul Sebag "Communistes de Tunisie, 1939-1943" L'Harmattan, Paris 2001(PS); d'autres sont extraites du livre de Nadia Gallico Spano "Mabruk, Ricordi di un'inguaribile ottimista, AM&D Edizioni, Cagliari, 2005&2008 (NGS); d'autres proviennent du témoignage de Paul Bessis (PB) (en bleu lignes par Renato V. Bensasson, RVB) Né en Janvier 1885, au Dar Bessis (entre la rue Zarkoun et la rue de Constantine, devenue rue Mohamed Ali), Albert Bessis était fils de Haï et de Meiha née Samama Chikly, il est le plus jeune de leurs six enfants et plus de vingt ans le séparent de son frère ainé. Son père Haï, fils de Yechoua a été envoyé très jeune en stage chez un commerçant de la capitale de l'Empire Ottoman, c'est à dire Istamboul, où il a fait fortune. De retour en Tunisie, il s'est marié et après la promulgation du Pacte Fondamental autorisant les Juifs à acquérir des biens fonciers (1857) il se constitue un patrimoine foncier. Il achète à Ahmed Zarrouk un vieux palais et les terres attenantes en bordure de mer sur le site de Carthage. La zone est pratiquement inhabitée et le sol de marbre et de pierre n'est pas cultivable. Ce palais devenu Dar Bessis sera revendu à un membre de la famille husseinite. Le bey Lamine en fera sa résidence qui deviendra le Palais Beylical de Carthage. Albert Bessis fait ses études au Lycée Carnot. Parmi ses meilleurs camarades, Elie Attal qui restera toute sa vie son collaborateur, Moncel El Okby, Jérôme Bodoy et Charles Saumagne. Il poursuit ses études de droit à Paris et soutient son doctorat "Essai sur la loi foncière Tunisienne, publié en 1912". Il rentre définitivement à Tunis en 1913 et épouse en 1914 Maria-Pia UZAN, petite fille du chirurgien Dr Alberto Bensasson (Pise 1840-Tunis 17 Nov. 1905). Il entre pour la première fois à la Section tunisienne du Grand Conseil en 1934 et y siègera sans discontinuer tant que durera cette Institution soit jusqu'en 1952, exception faite de la période "de Vichy" de 1940 à 1943, au cours de laquelle, le Grand Conseil est suspendu. Le 8 Novembre 1942, Américains et Anglais débarquent à Casablanca, Oran et Alger; dès les 9 et 10 novembre, des troupes allemandes et italiennes arrivent à Bizerte et Tunis par mer et par air. Le 9 novembre, Albert Bessis en tant qu'ancien vice-président de la Section Tunisienne du Grand Conseil, est reçu sur sa requête par Pierre Lafont, haut fonctionnaire de la Résidence Générale de France en Tunisie; il lui demande de prendre toutes les mesures nécessaires qui éviteraient aux prisonniers politiques de tomber aux mains des Allemands. Pierre Lafont raconte à Albert Bessis que Nadia Gallico Spano vient de lui faire la même demande en le prenant par le revers de son veston et en le secouant comme un prunier. Pierre Lafont promet de parler à l'Amiral Esteva et de faire en sorte que les prisonniers politiques soient protégés contre toute action allemande qui aurait pu leur être fatale; il conseille vivement à Albert Bessis de ne pas dormir chez lui ce soir là et de disparaître dans la clandestinité. Aldo, le fils ainé d'Albert Bessis, l'informe aussi de son arrestation imminente. Effectivement, le lendemain de sa visite à Lafont, Albert Bessis échappera de justesse à une arrestation et se cachera jusqu'à l'entrée des troupes Alliées à Tunis en Mai 1943. Pierre Lafont tint sa promesse de faire en sorte que les condamnés politiques échappent aux Allemands. En effet, les jours qui suivent, certains condamnés politiques furent libérés et disparurent dans la clandestinité, d'autres furent dirigés vers le Kef et l'Algérie: les gaullistes, le mercredi 11 novembre; les communistes italiens, le jeudi 12 novembre; les communistes français et tunisiens, le vendredi 13 novembre (PS;NGS;PB;RVB). Pendant la toute la période de Vichy, Albert Bessis se conduisit avec un très grand courage. Lire par exemple, le témoignage de Re' Soupault, évoquant le souvenir d'Albert Bessis dans "Une Saison Tunisienne", un livre publié sous la direction de Fréderic Mitterand et Soraya Elyes-Ferchichi chez Actes Sud en 1995 (ISBN 2-7427-0344-6. Son mari, Philippe Soupault qui avait été nommé à la direction de Radio Tunis en Octobre 1938 et avait fait l'objet d'une violente campagne d'extrême droite, avait été arrêté par la police d'Esteva le 12 Mars 1942 pour haute trahison. Ré Soupault ecrit à la page 182 de ce livre "Une Saison Tunisienne": "Une seule famille m'a temoigné de l'amitié: une famille juive tunisienne, celle de l'avocat Albert Bessis, sa femme et leur fille Simone. Ils insistèrent pour que j'aille déjeuner chez eux tous les dimanches. Je refusais de peur de les compromettre, mais Albert Bessis me rappela que c'etait impossible car leur propre gendre, Jean Schapira était lui aussi incarceré. J'avais donc accepté et c'etait toujours un grand réconfort pour moi de me sentir ainsi entourée chaque dimanche de leur amitié." C'est à partir de la Libération, en mai 1943 qu'Albert Bessis commence à occuper une place politique importante aux côtés des personnalités les plus représentatives de la bourgeoisie musulmane dans leurs relations avec l'autorité coloniale. Il signe en Octobre 1944 le premier manifeste réclamant l'autonomie interne de la Régence sous Protectorat. En décembre 1945, il est élu au Grand Conseil, réaménagé en Septembre 1945 avec élection au suffrage universel, pour une législature de six ans. Bâtonnier de l'Ordre des Avocats, faisant office de conseiller privé de Lamine Bey, il est appelé à siéger à la "Commission des 40" réunissant à l'exclusion des communistes toutes les tendances politiques tunisiennes. Cette commission est convoquée le 1er Août 1952 pour examiner le dernier plan de réformes présenté par le gouvernement français; Albert Bessis est l'un des quatre rapporteurs désignés de ladite commission. Après la déclaration de Pierre Mendès France, à Carthage le 31 Juillet 1952, accordant l'Autonomie Interne à la Tunisie, Albert Bessis participe à titre d'expert à la délégation dirigée par Tahar Ben Ammar chargée de discuter le statut de l'Autonomie Tunisienne à Paris avec Mendès France, entre 1954 et 1955. Après la chute du gouvernement Mendès France, le 20 Janvier 1955, Albert Bessis est de nouveau appelé à participer à l'étude d'une nouvelle série de d'accords avec Edgar Faure, le nouveau Président du Conseil. Ces pourparlers consacrent l'Autonomie Tunisienne et aboutissent à la signature des Conventions d'Autonomie du 3 juin 1955. Le 18 Septembre 1955 Albert Bessis entre comme ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme dans le deuxième Ministère Ben Ammar. Le 24 Janvier 1956, le gouvernement d'Edgar Faure tombe, et quelques semaines plus tard, sous la Présidence du Conseil de Guy Mollet, un nouveau protocole sera signé le 20 mars 1956 entre Tahar Ben Ammar et Christian Pineau, Ministre des Affaires Etrangères et Christian Savary, secrétaire d'Etat chargé des Affaires Marocaines et Tunisiennes, abrogeant le Traité du Bardo de 1881 et reconnaissant la Tunisie comme Monarchie Constitutionnelle entièrement Souveraine, Peu après la signature de ces Conventions d'Autonomie, ma voiture (RVB) entra en collision rue Arsène Houssaye à Paris avec celle du correspondant du "Dagens Nyheter", le principal quotidien de Suède. Ma voiture était immatriculée en Tunisie et ce journaliste m'invita à venir parler de la Tunisie chez lui; en effet, il arrivait de Tunis et me dit qu'il avait rencontré là-bas un avocat tunisien, Maitre Albert Bessis, impliqué dans les négociations entre la France et la Tunisie, qui lui était apparu comme un homme mesuré, équilibré, d'une très grande intelligence, un des hommes les plus remarquables qu'il ait rencontré dans sa vie. Le 9 Avril 1956, quelques jours après la proclamation de l'Indépendance de la Tunisie, le second ministère Ben Ammar est remplacé par un ministère néo-destourien présidé par Habib Bourguiba. Un autre ministre juif, André Barouch, membre du Néo-Destour, remplace Albert Bessis au ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme. Albert Bessis est élu sur une liste officielle de candidats à l'Assemblée Nationale d'avril 1956 et la préside en tant que doyen d'âge mais il est aussitôt remplacé, pour cause officielle d'insuffisante maîtrise de la langue arabe par Ahmed Ben Salah. Il sera porté d'office sur les listes officielles de candidats à chaque législature et élu député jusqu'en 1969, où il ne figurera plus sur les listes électorales à sa demande. Albert Bessis meurt le 25 Septembre 1972 à Tunis.
1 - Pourparlers Pierre Mendès-France - Tahar Ben Ammar, qui ont conduit à la signature de plusieurs conventions vers la voie de l'autonomie interne de la Tunisie, sous la Présidence du Conseil de Pierre Mendès-France (19 Juin 1954 - 20 Janvier 1955)
de gauche à droite: Aziz Djellouli, Mongi Slim, Pierre Mendès-France, Tahar Ben Ammar, Taoufik Ben Cheikh, Albert Bessis, Mohamed Masmoudi
2 - Pourparlers Edgar Faure - Tahar Ben Ammar, qui ont conduit à une nouvelle série de conventions consacrant l’autonomie tunisienne, le 3 juin 1955, sous la Présidence du Conseil d'Edgar Faure (23 Février 1955 - 24 Janvier 1956). Suite à ces pourparlers, quelques semaines après la chute du gouvernement Edgar Faure, un nouveau protocole sera signé le 20 mars 1956 par Tahar Ben Ammar et Christian Pineau, Ministre des Affaires Etrangères et Christian Savary, secrétaire d'Etat chargé des Affaires Marocaines et Tunisiennes abrogeant le Traité du Bardo de 1881 et reconnaissant la Tunisie comme Monarchie Constitutionnelle entièrement Souveraine, sous la Présidence du Conseil de Guy Mollet (1er février 1956 - 13 juin 1957).
pour l'ensemble de la photo: de gauche à droite:
Renato Bensasson remercie
Gilberte Bessis pour sa précieuse contribution à la réalisation de ce
site.
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