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Quatre-vingt-dix ans
Paroles et musique : Stéphane SOLOMON



Quatre-vingt-dix ans
Paroles et musique : Stéphane SOLOMON


Le soleil s'infiltre dans sa chambre
Elle sent la douleur de ses membres
Lui rappeler dès le premier mouvement
Qu'elle a déjà quatre-vingt-dix ans

Quatre-vingt-dix ans déjà
Elle se lève, s'appuie sur son bras
Sur lequel subsiste une marque bleue
Matricule soixante mille quarante-deux



Dans son quartier ils l'appellent tous Mamie
Les commerçants sont presque ses amis
C'est de loin la vieille la plus respectable
Ils aiment savoir leurs produits sur sa table

La journée passe entre action et ennui
Puis elle s'allonge gracieusement sur son lit
En allumant machinalement
Son poste de télévision

On ne peut pas dire qu'elle est fan de tout ça
Mais le soir elle aime entendre des voix
De temps en temps elle apprend quelque chose
Et les banalités la reposent

Mais ce soir ce n'est pas pareil
Elle ose à peine se fier à ses oreilles
Un "politique" joue l'historien pressé
Qualifiant de détail son lourd passé


Mais de quel détail peut-il bien parler
Etaient-ce les femmes qu'on entendait hurler
Les étoiles jaunes cousues sur les chemises
Les enfants fusillés, la fumée grise

C'était à l'aube de ses trente-cinq ans
C'était à l'aube de son troisième enfant
Une nouvelle ère inondait la Nation
Basée sur le crime et l'humiliation

Mais de quel détail peut-il bien s'agir
Et que peut-il nous arriver de pire
Que l'on soit victime ou bourreau
La honte nous poursuivra jusqu'au tombeau

Elle revoit toute sa vie en un instant
Le bonheur brisé d'une génération
Les droits perdus retrouvés peu à peu
L'oubli des imbéciles et des envieux

Elle revoit toute sa vie comme un outrage
L'homme qu'elle aimait, partir dans un nuage
Ses enfants grandir dans la peur
Sa descendance étouffer sa rancœur



Puis elle se sent céder, elle veut mourir
Ne plus survivre, ne plus entendre dire
Que six millions de vies assassinées
Ne sont qu'un détail du passé

Elle n'entend pas la clé dans sa serrure
Dans sa tête ne résonne que l'injure
Elle n'entend pas les pas dans son couloir
Elle ne voit pas les trois vieillards

Pourtant ils sont bien là et ils l'appellent
Pourtant ils crient pour qu'elle revienne à elle
Trois hommes épargnés par le temps
Trois hommes aux cheveux gris, qui crient "Maman"

Maman, bats toi, il faut que tu respires
Maman, trouves vite quelque chose à dire
Fais nous un signe, il faut que tu reviennes
Ne te laisses pas tuer, parle ! peine !

Maman tu as encore beaucoup à faire
Dis à ton cœur de battre toute sa colère
Maman, surtout, faut pas pleurer
C'est juste un con qui passe à la télé

Maman, regarde nos enfants
Ils sont sortis d'Egypte y a trois mille ans
Et chaque année ils rendent encore hommage
A leurs ancêtres victimes de l'esclavage

Nos petits enfants sont là pour te fêter
C'est leur surprise, ils t'attendent à côté
Ne nous laisse pas un sentiment amer
Le jour de ton anniversaire



Quatre-vingt-dix ans déjà
Une force à défier des soldats
Elle se redresse sous les yeux ébahis
De Jonathan, David et Jérémie

Elle serre ses fils, puis elle se met debout
Plus rien ne compte à part ce rendez-vous
Avec plus de cinquante garçons et filles
Sa plus grande valeur, sa famille...

Il y a Daniel, et Esther, sa petite sœur
Qui savent leurs dix commandements par cœur
Joseph, Sarah, Noémie et Simon
Petits gardiens d'une grande tradition

Et puis, bien sûr, Julie et Nicolas
Rémy, Lucie, Gilles et Alexandra
Les petits derniers nés d'un mariage mixte
Qui ne seront jamais négationnistes

Car il connaissent parfaitement leur histoire
Car chacun d'eux est un bout de mémoire
Malgré leur âge ils ont beaucoup souffert
A travers les souvenirs d'une grand-mère

Elle pose ses mains sur chacune de leur tête
Les yeux troublés, le cœur en fête
Ils chantent son nom et quand viendra la nuit
Chacun ira l'embrasser dans son lit



Le soleil illumine sa chambre
Elle sent la douleur de ses membres
Disparaître dès le premier mouvement
Malgré le poids des quatre-vingt-dix ans

Le matricule soixante mille quarante-deux
Vivra encore une décennie ou deux
Portant au bras jusqu'au dernier voyage
Comme une preuve, son tatouage

Face au cyclope et sa troupe de paille
Elle sera là comme un dernier détail
Bravant les faux et les contorsionnistes
Elle sera là, Perfectionniste... 

   

                                           


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