| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires | | |
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre | | |
| Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail | | |
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages | | |
|
EURABIA |
Par Bat Ye'or *
(Cet article est une version légèrement modifiée de celui publié dans
L'Observatoire du monde juif, Paris. Il nous est communiqué par le CID (Le
Centre d'Information et de Documentation sur la Démocratie au Moyen-Orient) http://fr.groups.yahoo.com/group/CI...tieMoyenOrient/)
Introduction par Menahem Macina de Reinfo-Israel.com :Je ne saurais trop
recommander la lecture attentive de ce remarquable article (dont j’ai revu
et entièrement corrigé ce qui devait l’être). Certes, il est très long
et quelque peu austère, mais c’est une clé de lecture indispensable pour
comprendre tant la politique anti-israélienne et anti-américaine de certains
Etats européens, que l’islamisation progressive de l’Europe. Ce texte
jette une lumière crue sur les sordides manœuvres de l’Europe marchande,
initiées, en 1973, en direction des Etats arabes, auxquels elle a
honteusement vendu son âme en consentant, d’abord tacitement, puis
explicitement, à s’aligner sur leur politique irrédentiste et haineuse
envers Israël. On sort de cette lecture, déniaisé et – pourquoi le nier ?
– fortement déstabilisé et inquiet. (Mais où est-il garanti que la vérité
doit obligatoirement être rassurante et gratifiante ?) Chacun(e) tirera les
conclusions qui s’imposeront à lui, au sortir de cette analyse. Je ne veux
influencer personne, mais je ne puis m’empêcher d’affirmer que, si j’en
avais la possibilité et les moyens, je courrais m’installer ailleurs
qu’en France, en Allemagne, ou en Belgique. Ma destination préférentielle
serait sans conteste Israël, si je ne craignais, pour des raisons que je ne
puis exposer ici, de constituer une charge pour ce pays, déjà si éprouvé
sur les plans économique et financier. M.M.
En 2001, une vague judéophobe déferla brutalement sur l'Europe; elle coïncidait
avec une intensification, dès le 30 septembre 2000, de l'Intifada al-Aksa.
Cette simultanéité n'était pas fortuite. En Europe, les gouvernements,
certaines Églises, les médias dans leur ensemble, approuvaient, en fait,
avec le discours moral adéquat, ce qui, dans la politique des dirigeants
palestiniens, était une stratégie de la terreur. La compréhension et la négligence
dont ils firent preuve à son égard équivalaient à un encouragement. L'élimination
des chefs du terrorisme fut qualifiée «d'assassinat», et, tandis que les
terroristes du Hamas se voyaient gratifiés du titre de «combattants», d'«activistes»,
et le Hamas lui-même, de l’appellation de «Résistance», Israël fut
accusé de « terrorisme d'Etat »... En France surtout, les actes criminels
commis par des activistes, issus de l'émigration arabo-musulmane, contre des
individus et des biens communautaires juifs ont pu s'autoriser de cette
condamnation. Aujourd'hui encore, le gouvernement français refuse de placer
le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes.
Cette convergence de politiques propres à l'Union Européenne (UE) et à la
partie palestinienne, qu'elle finance, ainsi qu'à celles des pays arabes,
apparaît comme l'aboutissement d'un processus de longue date. A quelques
nuances près, le discours contre Israël, entendu simultanément des deux côtés
de la Méditerranée, présente des caractéristiques identiques. Cette judéophobie
du XXIe siècle s'enracine dans une structure européenne transnationale,
issue d'un contexte historique et de la politique euro-arabe de ces 30 dernières
années. Les populations européennes lui restent, grosso modo, extérieures,
même si elles furent, des décennies durant, soumises à une idéologie médiatisée
démonisatrice d’Israël.
Il s'ensuit que les Européens risquent fort d'être le jouet et les victimes
de haines religieuses, d'intérêts politiques et économiques, masqués par
le conflit israélo-arabe et un discours pseudo-humanitaire. Car la structure
idéologique de cette nouvelle judéophobie est importée du monde
arabo-musulman, même si elle s'exprime dans les cadres d'un discours européen
que répercutent trois secteurs : les partis politiques, les médias et le
secteur religieux.
L'antisionisme/antisémitisme qui caractérise une grande partie de l'islam
aujourd'hui, s'accompagne d'une haine de l'Occident et, comme on le verra plus
bas avec l'évolution du dialogue euro-arabe, d'une ambition irrépressible
d'islamisation de l'Europe, de son histoire et de sa culture, qu'expriment par
exemple, jusqu'au coeur de Londres, certains leaders islamistes. Cette
politique glorifie la 'palestinité', elle instille dans l'opinion occidentale
une version imaginaire de la religion, de l'histoire et de la civilisation
islamiques. Elle oblige l'Europe à réviser sa propre interprétation de son
identité et de son histoire, pour la rendre conforme à la vision islamique
de l'Europe.
L'embargo sur le pétrole : le déclencheur
Après la guerre israélo-arabe de 1967, la France se fit l'instigatrice d'une
politique européenne anti-israélienne. Elle ne pardonna pas à Israël sa
victoire-éclair sur une coalition qui alliait l'Egypte, la Syrie, la
Jordanie, les Palestiniens, et qui était soutenue par l'ensemble du monde
arabe. Dans les instances internationales, la France vota les résolutions
arabes anti-israéliennes et décréta un boycott unilatéral sur les ventes
d'armes à l'État hébreu (1969). Au plan européen, la diplomatie française
soutint les intérêts arabes, en s'efforçant d'infléchir la politique de
l'Europe dans une direction pro-arabe et anti-israélienne. Dans cette
perspective, elle examina, avec la Libye, la conception d'un Dialogue
Euro-Arabe (DEA). (1)
La guerre syro-égyptienne contre Israël en 1973 et l'embargo arabe sur le pétrole,
utilisé comme une arme de pression mondiale, précipita ce projet. Mortifiés
par la défaite arabe, les pays arabes producteurs de pétrole quadruplèrent
le prix du pétrole, ordonnèrent une réduction sur la production et imposèrent
un embargo sur les livraisons destinées aux Etats-Unis et aux Pays-Bas ; les
pays consommateurs furent classés en pays amis, neutres ou ennemis. Aussitôt,
les neuf pays de la Communauté Européenne (CE), réunis à Bruxelles le 6
novembre 1973, proclamèrent une Résolution conjointe, qui s'alignait
totalement sur la politique franco-arabe à l'égard d'Israël et décidèrent
un embargo unilatéral sur les ventes d'armes à l'État hébreu. (2) Comme en
1967, Israël était puni de sa victoire sur des ennemis déterminés à
l'exterminer.
Dans cette résolution, la CE introduisait trois nouveaux points: 1.
l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la force ; 2.
l’obligation pour Israël, de se retirer sur les lignes d'armistice de 1948
; 3. l'inclusion des «droits légitimes des Palestiniens» dans la définition
de la paix.
La première proposition était absurde car la Palestine ottomane avait été
conquise par la force, en 1917, par les Anglais, qui en détachèrent 78% pour
créer la Transjordanie (1921-23). Lors de la guerre de 1948 contre Israël,
l'Egypte avait pris Gaza par la force, tandis que la Transjordanie avait occupé
la Judée et la Samarie. Par ailleurs, tous les pays qui, aujourd'hui, sont
arabes, furent conquis à l'origine par des armées arabes. Toutes ces conquêtes
territoriales imposées par la force et la guerre, étaient-elles aussi
inadmissibles? Quels critères détermineraient l'irréversibilité d'une
conquête et d'une injustice, l'occupation de territoires ou leur libération
? L'Espagne, les Balkans, étaient-ils occupés ou libérés?
Dans le deuxième point, l'Europe adoptait avec complaisance le refus, par les
Arabes, de leur propre défaite en 1967, une guerre qu'ils avaient eux-mêmes
déclenchée, après celle de 1948, pour détruire Israël. La CE entérinait
ainsi l'interprétation arabo-islamique de la Résolution 242, car celle-ci,
effectivement, ne mentionne qu'un retrait partiel «de» territoires (from
territories), une formulation intentionnelle de la part de ses concepteurs.
Le troisième point de la résolution introduisait, dans le conflit du
Moyen-Orient, une innovation qui s'avèrerait, dans l'avenir, dramatique pour
l'Europe. Jusqu'en 1970, en effet, le peuple palestinien n'existait pas. On ne
parlait que des Arabes de Palestine, qui ne se distinguaient en rien des
autres Arabes des vingt pays de la Ligue Arabe, et surtout des Arabes de
Transjordanie, c'est-à-dire des 78% de la Palestine historique, détachés
par l'Angleterre, en 1921, pour en faire un pays exclusivement arabe. La résolution
242 de l'ONU recommandait une solution aux problèmes des réfugiés arabes de
Palestine, et des réfugiés juifs expulsés des pays arabes et dépouillés
de tous leurs biens. La création ex nihilo d'un peuple palestinien, après
l'embargo arabe sur le pétrole, en 1973, allait conduire l'Europe à lui
fabriquer une légitimité, une histoire, un droit symétrique et même supérieur
à celui d'Israël, par une actualisation politique de la théorie de la
substitution, constamment nourrie d'une propagande diabolisatrice d’Israël,
visant à justifier sa déchéance. Cette voie l'engagera dans une solidarité
active avec la politique 'exterminationniste' arabe, sous la forme de la
promotion, du financement et de la légitimation du terrorisme international,
personnifié par l'OLP.
La formation du bloc économico-politique euro-arabe
La démarche anti-israélienne de la CE répondait aux exigences des Arabes
pour ouvrir un dialogue avec l'Europe ; ils l'en récompensèrent par une
augmentation immédiate du pétrole. Né de l'embargo pétrolier, le [Dialogue
Euro-Arabe] s'établit dès le début comme un marché : les pays de la CE
s'engageaient à soutenir la politique arabe contre Israël, et, en échange,
ils bénéficieraient d'accords économiques avec les pays de la Ligue Arabe
(3). La partie arabe exigeait un engagement politique de l'Europe contre Israël,
puisque le volet économique du dialogue était subordonné au contexte
politique de la guerre arabe contre Israël. Le domaine économique
s'inscrivait ainsi dans une solidarité politique euro-arabe contre Israël.
La volonté du Dialogue fut confirmée par le président Georges Pompidou et
le chancelier Willy Brandt, durant leur rencontre les 26-27 novembre 1973. Le
15 décembre 1973, le président français convoqua un sommet à Copenhague,
pour examiner la crise du Moyen-Orient et jeter les bases d'une coopération
entre les pays de la Ligue Arabe et ceux de la CE. Quatre ministres arabes des
Affaires étrangères, invités à suivre les travaux, proposèrent divers
projets. Le 10 juin 1974, les ministres des Affaires étrangères des Neuf, réunis
à Bonn dans le cadre de la coopération politique, adoptèrent un texte où
ils précisaient les domaines de coopération et les relations avec les pays
arabes, et les moyens de les développer. Il s’agissait de l'agriculture, de
l'industrie, des sciences, de la culture, de la formation, de la technologie,
de la coopération financière, de l'infrastructure civile, etc.
Au cours des réunions suivantes, les ministres des Affaires étrangères des
Neuf jetèrent les bases de cette coopération avec les pays arabes, selon une
structure institutionnalisée, reliée aux plus hautes autorités de chaque
pays de la CE. Cette formule permettait d'harmoniser et d'unifier la politique
des Communautés Européennes dans leurs échanges et leur coopération avec
les pays de la Ligue Arabe. Le 31 juillet 1974, à Paris, une première
rencontre officielle au niveau ministériel réunissait le ministre des
Affaires étrangères du Koweït, le Secrétaire Général de la Ligue Arabe,
le Président de la Commission des Communautés Européennes et le Président
en exercice de la Communauté, pour discuter de l'organisation du Dialogue.
La Conférence de Damas (14-17 septembre 1974) organisée par l'Association
interparlementaire de la Coopération Euro-Arabe, rassembla les membres représentant
tous les partis des Parlements de la CE, excepté le Danemark. Les Arabes posèrent
les pré-conditions politiques aux accords de coopération économique avec
les pays de l'Europe occidentale. Le domaine économique qui intéressait la
CE était conditionné par les exigences politiques des Arabes concernant le
Moyen-Orient, conformément au principe du troc, élément fondamental du
Dialogue. Les Arabes réclamaient :
Le retrait inconditionnel d'Israël sur les lignes d'armistice de 1948.
L'islamisation de Jérusalem, dont ils s'étaient emparés par la force, en
1948, et d'où ils avaient expulsé tous les Juifs.
La reconnaissance du peuple palestinien et de son seul représentant, l'OLP.
(4)
Des pressions exercées par la CE sur les Etats-Unis, pour les rapprocher de
la politique arabe et les détacher d'Israël.
Un secrétariat permanent de 350 membres, chargé de la Coopération
Euro-Arabe, fut créé, son siège étant établi à Paris. Le Dialogue
Euro-Arabe fut structuré en divers comités, chargés de la planification de
projets conjoints industriels, commerciaux, politiques, scientifiques,
techniques, culturels et sociaux.
L'importance du volet politique du Dialogue fut soulignée au 7e Sommet de la
Conférence Arabe (à Rabat, en octobre 1974), où il fut rappelé que le
Dialogue Euro-Arabe devait se développer dans le contexte de la Déclaration
du 6e Sommet de la Conférence Arabe d’Alger, adressée à l'Europe le 28
novembre 1973. Il est intéressant de noter que la Déclaration de cette Conférence,
ainsi que les suivantes, parlent uniquement de la Nation Arabe, déterminée
à récupérer ses territoires. Le territoire israélien est considéré comme
appartenant à une nation arabe indifférenciée dont tous les membres
soutiennent leurs frères en Palestine. (5) Pour les Arabes, le Dialogue
devait continuer jusqu'à la réalisation de ses objectifs. Les dimensions
politiques et économiques de la coopération étaient interdépendantes.
Le 10 juin 1975, une délégation de la CEE (Communauté Economique Européenne)
rencontrait, au Caire, une délégation de vingt pays arabes et de l'OLP. Plus
d'une trentaine de pays étaient représentés par un Comité général au
niveau des ambassadeurs et par de nombreux spécialistes. La CE et le Secrétariat
de la Ligue Arabe étaient représentés au niveau politique. Le porte-parole
jordanien de la délégation arabe, M. Dajani, insista sur l'aspect et les
implications politiques du Dialogue Euro-Arabe. Le marché entre les deux
parties était clairement défini : accords économiques avec l'Europe, en échange
de l'alignement européen sur la politique arabe concernant Israël. Un Mémorandum
Conjoint du Comité Mixte d'Experts donna une première formulation des
principes généraux et des objectifs du dialogue euro-arabe.
Dans les années suivantes, cette collaboration fut renforcée par des réunions,
chaque six mois, et diverses activités au niveau mondial (Rome, 24 juillet
1975 ; Abu Dhabi, 27 novembre 1975 ; Luxembourg 18-20 mai 1976 ; Bruxelles,
plusieurs réunions en 1976 ; Tunis, 10-12 février 1977). Les membres du Secrétariat
permanent pour la Coopération Euro-Arabe, effectuèrent de nombreux voyages
aux États-Unis pour orienter la politique américaine vers les thèses de
l'OLP. Les Arabes réclamaient de l'Europe la reconnaissance de Yasser Arafat
et d'un État palestinien, le boycott d'Israël au niveau international et une
stratégie de pressions politiques et économiques mondiales pour forcer l'État
hébreu à reculer dans les lignes de 1948. Des groupes de travail étudièrent
les méthodes propres à conditionner l'opinion publique européenne et
internationale pour l'amener à soutenir l'OLP. Selon Al-Mani, l'OLP «utilisa
avec succès le patronage du DEA [Dialogue Euro-Arabe] pour améliorer son
statut diplomatique en Europe.» Faisant un bilan du DEA. l'auteur estime que
la Centrale palestinienne fut l'un de ses soutiens les plus actifs, exploitant
ses structures comme un canal pour diffuser ses demandes; ainsi, «le Dialogue
réussit à persuader les Européens de la nécessité d'une patrie
palestinienne et de la participation de l'OLP comme seul représentant des
Palestiniens aux négociations futures sur le Proche-Orient.» (6). Cette
observation de Al-Mani confirme le lien direct entre l'OLP et les transactions
économiques de la CE. Dans son discours du 26 août 1980, Béchir Gémayel,
après avoir décrit la guerre terroriste de l'OLP au Liban, avait dénoncé
son rôle funeste en Europe :
«Voilà un petit bilan des agissements de ce peuple pour lequel s'agitent, à
longueur d'années, les chancelleries du monde civilisé, et dont les vieilles
nations d'Europe se bousculent pour arracher les faveurs.» (7)
Il est clair que l'OLP joua un rôle déterminant dans le troc des profits économiques
accordés par les pays arabes à l'Europe, en contre-partie d'un soutien
politique à leur guerre contre Israël. Les réunions du Dialogue Euro-Arabe
se concluaient par des déclarations de la délégation européenne, alignées
sur celles de la politique arabe (Londres, 9 juin 1977; Bruxelles, 26-28
octobre 1978): retrait d'Israël sur les lignes de 1948, obligation, pour Israël,
de reconnaître les droits nationaux palestiniens, la paix liée au retrait
d'Israël sur les lignes de 1948 et à sa reconnaissance des droits nationaux
palestiniens, invalidation de toutes mesures et décisions prises par Israël
dans les territoires extérieurs aux lignes de 1948, y compris à Jérusalem.
Judée et Samarie sont désignées comme «territoires arabes occupés».
Les négociations de paix israélo-égyptiennes de Camp David (1977-78), sous
la houlette du président américain Carter, jetèrent un froid sur le
DIALOGUE EURO-ARABE . La Ligue Arabe les rejeta totalement, et expulsa
l'Egypte de ses rangs. Les pays arabes étaient furieux du succès de
l'influence américaine dans la région, au détriment de la diplomatie européenne,
qu'ils contrôlaient par la coopération économique. La France s'abstint de
reconnaître les Accords de Paix, tandis que les autres pays de la CE les
acceptèrent, mais, à l'instigation de la France, avec une réserve.
Le DEA [Dialogue Euro-Arabe] reprit cependant ses activités, et la 4e réunion
de la Commission Générale, réunie à Damas (9-11 déc. 1978), approuva la
création d'un Centre euro-arabe au Koweït, pour le transfert de
technologies. Selon Al-Mani, dans «la Déclaration conjointe de Damas en 14
points, le DEA posait les principes d'une politique de l'immigration qui
garantissait aux immigrants arabes en Europe, l'égalité économique avec les
nationaux, une représentation légale et l'éducation professionnelle pour
les migrants et leurs enfants.» (8) Il est vrai que les textes du DEA établissaient
une réciprocité, mais cette réciprocité était toute théorique, puisque
jamais aucun pays arabe ne naturaliserait des millions d'immigrants européens
et leur octroierait des droits identiques à ceux des musulmans, alors qu'ils
refusaient cette égalité à leurs minorités non-musulmanes, même indigènes.
Cette Déclaration de la Commission Générale, c'est-à-dire au niveau des
ambassadeurs, engageait la responsabilité des dix États de la CE.
Au cours de la réunion du Luxembourg (18-20 mai 1976), l'organisation et la
procédure du Dialogue Euro-Arabe avaient été définies et publiées dans
l'Annexe 4 du Communiqué final. Le Dialogue se composait de trois organes :1)
la Commission Générale; 2) les Groupes de travail; 3) le Comité de
Coordination.
La Commission générale réunissait les délégués des deux parties,
comprenant des fonctionnaires ayant rang d'ambassadeurs, des membres de la
Ligue des États Arabes et des Communautés européennes, du Secrétariat général
de la Ligue des Etats Arabes et de la Commission des Communautés européennes,
ainsi que des co-présidents et rapporteurs des groupes de travail. La Présidence
de la Commission générale était assurée conjointement par les chefs des délégations
arabe et européenne. La Commission prenait en charge la conduite générale
du Dialogue et le suivi de ses développements dans les divers domaines. Elle
était responsable de son instauration et de son orientation vers les
objectifs politiques, culturels, sociaux, technologiques et économiques qui
lui étaient assignés, ainsi que de l'approbation du programme du Dialogue et
de ses travaux. Les divers mandats de la Commission étaient précisés. Les séances
de réunion se tenaient à huis-clos et sans procès-verbaux. A l'issue de
chaque réunion, la Commission générale pouvait publier un résumé des décisions
prises et un communiqué commun (9).
La composition des groupes de travail obéissait au même principe, chaque
groupe comprenait des experts et des techniciens spécialisés des deux
parties, ainsi que des représentants du Secrétariat général de la Ligue
des États Arabes et de la Commission des Communautés Européennes. Chacune
des deux parties, arabe et européenne, nommait un président pour chaque
groupe de travail. Les groupes de travail procédaient selon les instructions
que leur communiquait la Commission générale concernant leurs mandats.
Chaque groupe de travail pouvait créer des sous-groupes spécialisés dont
les experts étaient choisis en coordination avec le Secrétariat général de
la Ligue des États Arabes et la Commission des Communautés Européennes.
Le Comité de coordination était composé de représentants de la présidence
et du Secrétariat général de la Ligue des États Arabes et de la présidence
européenne, les deux parties présidant conjointement. Le Comité était
responsable de la coordination des travaux des divers groupes de travail sous
la direction de la Commission générale. Toute information et documentation
était transmise par le Secrétariat Général de la Ligue des États Arabes
et de la Commission des Communautés européennes.
Cette structure, résumée ici brièvement, établit une symbiose, une interpénétration
des politiques arabe et européenne, engageant la responsabilité des États
européens au plus haut niveau. Il est clair que la politique européenne
hostile à Israël, uniformisée par les structures de la CE, n'est pas le
fruit de jugements erronés, de préjugés susceptibles d'être corrigés.
Elle repose sur une construction politico-économique minutieuse dans ses
moindres détails et enracinée dans sa symbiose multiforme avec le monde
arabe.
Naissance d'Eurabia, nouvelle entité politique
Eurabia est le titre d'une publication éditée par le Comité Européen de
Coordination des Associations d'Amitié avec le Monde arabe (Paris) et réalisée
avec la collaboration du Middle East International (Londres), France-Pays
Arabes (Paris) et le Groupe d'Etudes sur le Moyen-Orient (Genève).
Dans son n° 2 (juillet 1975), Eurabia publiait les résolutions votées à
l'unanimité, les 7 et 8 Juin 1975, à Strasbourg, par l'Assemblée Générale
de l'Association Parlementaire pour la Coopération Euro-Arabe. Cette
Association regroupait plus de 200 membres de Parlements des pays d'Europe
occidentale, qui représentaient toutes les tendances des partis politiques.
C'est dire que le consensus du programme d'entente euro-arabe traversait dans
sa totalité l'échiquier politique européen.
L'éditorial d'Eurabia spécifiait «la nécessité d'une entente politique
entre l'Europe et le monde arabe comme base aux accords économiques» et
l'obligation du côté européen de «comprendre les intérêts politiques
autant qu'économiques du monde arabe.» Le dialogue euro-arabe devait
exprimer «une volonté politique conjointe». Cette condition préalable à
tous les accords économiques avec les pays de la Ligue Arabe nécessitait la
création, en Europe, «d'un mouvement d'opinion» favorable aux Arabes. Cette
question avait été examinée par de nombreux experts de l'Association de
Solidarité Franco-Arabe et de l'Assemblée Générale de l'Association
Parlementaire pour la coopération Euro-Arabe, à Strasbourg:
«S'ils veulent réellement coopérer avec le monde arabe, les gouvernements
européens et les dirigeants politiques ont l'obligation de s'élever contre
le dénigrement des Arabes dans leurs organes d'information. Ils doivent réaffirmer
leur confiance en l'amitié euro-arabe et leur respect envers la contribution
millénaire des Arabes à la civilisation universelle. Cette contribution et
son application pratique seront l'un des thèmes de notre prochain numéro.».
(Editorial)
Les exigences politiques arabes concernant les conditions du Dialogue, ne se
limitaient pas à Israël exclusivement. Elles concernaient l'Europe aussi.
M.Tilj Declerq, membre belge de l'Association Parlementaire pour la Coopération
Euro-Arabe, soumit à la commission économique de cette Association une étude
sur les conditions de cette coopération, qui est récapitulée dans Eurabia,
sous le titre : «Un point de vue européen».
Il y est répété que la «coopération économique euro-arabe doit résulter
d'une volonté politique. Elle doit donc reconnaître les intérêts
politiques de cette coopération.» Autrement dit, les échanges économiques
étaient subordonnés au soutien de la CE à la guerre des Arabes pour détruire
Israël. S'agissant de l'Europe elle-même, l'auteur belge préconisait une
coopération économique par l'association des réserves de main-d'oeuvre et
de matières premières arabes - sans doute le pétrole - avec la technologie
européenne.
«Une politique à moyen et à long terme doit être élaborée dès
maintenant afin de réaliser une coopération économique par la conjugaison
des réserves de main-d'oeuvre et de matières premières arabes, de la
technologie et du "management" européens.»
C'est apparemment cette clause qui fut à l'origine, dès les années 1970, de
l'immigration arabe massive en Europe, qui semble avoir été liée aux
accords économiques de la CEE avec le monde arabe.
Selon M. Declerq, le recyclage des pétrodollars devait réaliser l'interdépendance
de l'Europe occidentale et des pays arabes pour «arriver graduellement à une
intégration économique aussi complète que possible». Mais cette intégration
économique euro-arabe demeurerait théorique si le volet politique n'était
pas réalisé, c'est-à-dire le combat contre Israël. Aussi :
«Une volonté politique réelle doit être à la base de projets concrets de
coopération et doit se manifester à trois niveaux : au niveau national, au
niveau du continent, au niveau mondial.» Dans cette même optique, «la coopération
et la solidarité euro-arabes devaient se réaliser à travers les
organisations internationales et les conférences internationales.» Des réunions
préparatoires communes et des colloques euro-arabes devaient «être multipliés
à tous les niveaux, économique, monétaire, commercial, etc., afin d'arriver
à des positions communes.»
Les propositions de M. Declerq furent toutes intégrées dans les Résolutions
de l'Association Parlementaire pour la Coopération Euro-Arabe, réunie à
Strasbourg (7-8 juin 1975) et publiées dans Eurabia. La section politique des
Résolutions visait trois domaines : la politique européenne à l'égard
d'Israël, la création d'un mouvement d'opinion favorable aux Arabes,
l'accueil des immigrés musulmans en Europe.
Concernant Israël, l'Association s'aligna sur les exigences arabes et réclama
le retrait d'Israël sur les lignes d'armistice de 1948, contredisant la résolution
242. L'Association réclamait, en outre, des gouvernements européens, la
reconnaissance de l'OLP comme le seul représentant des Arabes palestiniens,
point fondamental qu'ils devaient imposer, dans les initiatives qu'il leur
incombait de prendre dans la politique conjointe euro-arabe. La CE devait
forcer Israël à accepter les droits de la nation palestinienne et
l'existence d'un Etat palestinien sur toute la rive ouest du Jourdain et à
Gaza.
Au niveau de l'Europe, l'Association réclamait une information favorable aux
causes arabes et des conditions spéciales pour les immigrés:
«L'Association réclame des gouvernements européens un aménagement des
dispositions légales concernant la libre circulation et le respect des droits
fondamentaux des travailleurs immigrés en Europe : ces droits doivent être
équivalents à ceux des citoyens nationaux.
L'Association considère le règlement politique du conflit israélo-arabe
comme une nécessité absolue pour l'établissement d'une réelle coopération
euro-arabe ».
Dans le même paragraphe, l'Association estimait que «le développement
harmonieux de la coopération entre l'Europe occidentale et la nation arabe»
gagnerait à la libre circulation des idées et des citoyens.
La Résolution économique exprimait son inquiétude concernant des choix
politiques qui avaient :
«porté préjudice à la coopération euro-arabe, tellles la création de
l'Agence Internationale de l'Energie et la signature d'un accord entre la
C.E.E. et Israël, avant l'achèvement des négociations entre la C.E.E. et
les pays arabes. A ce sujet, elle demande formellement que la coopération économique
entre la C.E.E. et Israël ne s'applique pas aux territoires occupés.»
Eurabia, nouvelle entité culturelle
La Résolution culturelle contenait plusieurs affirmations, dont on citera
quelques-unes :
«Reconnaissant la contribution historique de la culture arabe au développement
européen;
soulignant l'apport que les pays européens peuvent encore attendre de la
culture arabe, notamment dans le domaine des valeurs humaines» ;
l'Association réclamait le développement de l'enseignement de la langue et
de la culture arabes en Europe :
«Souhaitant que les gouvernements européens facilitent aux pays arabes la création
de larges moyens pour la participation des travailleurs immigrants et de leurs
familles à la vie culturelle et religieuse arabe.»
L'Association faisait appel à la presse, aux groupes d'amitié et au tourisme
pour améliorer l'opinion publique concernant le monde arabe. Elle «demande
aux gouvernements des Neuf d'aborder le secteur culturel du dialogue
euro-arabe dans un esprit constructif et d'accorder une plus grande priorité
à la diffusion de la culture arabe en Europe. Elle demande aux gouvernements
arabes de reconnaître les conséquences politiques d'une coopération active
avec l'Europe dans le domaine culturel».
La Résolution se terminait par une condamnation et une accusation d'Israël.
Elle «condamne, tout en reconnaissant le droit à l'existence de l'État
d'Israël, la volonté sioniste de substituer, sur le territoire palestinien,
la culture juive à la culture arabe, afin de priver le peuple palestinien de
son identité nationale;
Considérant qu'en effectuant des fouilles dans les lieux saints de l'Islam -
partie occupée de Jérusalem -, Israël a commis une violation du droit
international, malgré la mise en garde de l'Unesco;
Considérant que des fouilles ne pouvaient qu'entraîner l'inévitable
destruction de témoins de la culture et de l'histoire arabes ;
Regrette que la décision de l'Unesco de ne pas admettre Israël dans son
groupement régional ait été exploitée avec, parfois, un grand manque
d'objectivité».
La réunion de Strasbourg fut suivie, quelques jours plus tard, d'un
symposium, au Caire, du Comité Mixte d'experts (14 juin 1975) pour une première
formulation des principes généraux et objectifs du dialogue euro-arabe. Le
Memorandum conjoint de cette réunion précise, dans son Introduction, que «Le
dialogue euro-arabe est le fruit d'une volonté politique commune qui s'est dégagée
au niveau le plus élevé, et qui a pour objet l'établissement de relations
spéciales entre les deux groupes.»
Les deux parties rappelaient que le Dialogue trouvait son origine dans leurs
échanges de fin 1973, et notamment dans la déclaration des Neuf, du 6
novembre 1973, concernant la situation au Moyen-Orient. Il y était affirmé
que la croissance et l'épanouissement de la coopération économique
euro-arabe dans un vaste domaine d'activités se fondaient sur cette entente
politique concernant Israël. Dans le domaine économique, le dialogue avait
pour but «d'établir les conditions fondamentales du développement du Monde
arabe dans son ensemble et [de] réduire le fossé technologique qui sépare
les pays arabes des pays européens.»
Parmi les innombrables domaines de coopération énumérés dans le
Memorandum, est mentionnée la coopération dans la technologie nucléaire,
dans la finance, la banque et la gestion des capitaux, dans la recherche
scientifique, le développement technologique, la formation technique et
professionnelle, l'utilisation de l'énergie nucléaire. La formation de
personnel spécialisé pour les nombreux projets envisagés se ferait «soit
par l'envoi d'équipes d'experts européens, en vue de former la main-d'oeuvre
arabe, soit par la formation de cette main-d'oeuvre dans les établissements
des pays de la Communauté.» Il était prévu de mettre en place une coopération
«effective et d'échanges d'informations entre universités arabes et européennes»
dans les méthodes de recherche, divers programmes et projets.
La section concernant la «Coopération dans les domaines de la culture et de
la civilisation» précisait que son principal objectif était la
consolidation et l'approfondissement des bases de la compréhension culturelle
et du rapprochement intellectuel entre les deux régions.
À cette fin, diverses mesures étaient prévues, dont la création d'une
institution culturelle euro-arabe commune, des échanges d'experts, le développement
des rapports dans les domaines de l'éducation et du tourisme. Enfin, les
problèmes de main-d'oeuvre des travailleurs émigrés devaient être réglés
par l'égalité de traitement concernant :1. la situation de l'emploi; 2. les
conditions de vie et de travail ; 3. les régimes de sécurité sociale.
Après presque trois décennies, quel fut l'impact, sur le continent Europe,
de cette politique qui scelle, en un seul bloc lié au monde arabe, des
secteurs en principe indépendants: l'économie, l'immigration, la politique
et la culture?
L'engrenage : l'instrumentalisation arabe de la Communauté européenne
Dans cette corrélation entre secteurs économique et politique, l'on constate
tout d'abord la différence de niveaux entre les perspectives de la CE et
celles de la Ligue Arabe. La CE recherche le rendement économique, le profit,
par une stratégie d'expansion sur les marchés pétroliers, commerciaux,
industriels. Son action se caractérise uniquement par un pragmatisme
affairiste de gestionnaires-technocrates qui élaborent des programmes
d'assistance et de développement régionaux, et réalisent des ventes
massives d'armes, d'équipements nucléaires (Osirak en Irak) et industriels,
dans la course au profit.
La partie arabe, par contre, exploite l'économie comme le moyen radical
d'instrumentaliser la CE dans une stratégie politique à long terme visant
Israël, l'Europe et l'Amérique. L'emprise politique arabe sur l'économie de
la CE imposera rapidement à cette dernière les directives politiques arabes
concernant Israël. L'un des délégués arabes exprimait bien l'esprit du
Dialogue, lors de la réunion d'experts de la Coopération Euro-Arabe, à
Amsterdam, en 1975 :
«Les Européens et les Arabes peuvent, par une stratégie d'interdépendance,
faire progresser la suppression de la source d'irritation constante dans leurs
flancs - le problème israélien - et s'atteler à la tâche herculéenne qui
est devant d'eux.» (10)
Les accords économiques entre la CE et le monde arabe sortant de la sphère
des traités commerciaux conduisirent à une inféodation progressive de
l'Europe aux objectifs politiques arabes. Le DEA [Dialogue Euro-Arabe] devint
- surtout avec la France - une diplomatie associative dans les forums
internationaux, où la CE s'alignait sur les positions antisionistes arabes. Véhicule
de légitimation et de propagande de l'OLP, le DEA lui procura une
reconnaissance diplomatique internationale et conféra à Arafat et à son
mouvement terroriste une honorabilité et une stature internationales. C'est
au sein du DEA que se construisit toute la politique de guerre contre Israël,
aux niveaux nationaux et internationaux de la CE, dans les syndicats, les médias
et les universités. Le DEA fut le porte-voix qui diffusa et popularisa dans
toute l'Europe la démonisation et la diffamation d'Israël. La France, la
Belgique et le Luxembourg furent les agents les plus actifs du DEA.
En Europe même, la stratégie arabe se développa principalement dans trois
directions :
1) obtenir la parité économique et industrielle avec l'Occident par le
transfert des technologies modernes, notamment nucléaires et militaires;
2) implanter sur le sol européen une large population musulmane jouissant de
tous les droits politiques, culturels, sociaux et religieux des pays d'accueil
;
3) imposer la marque politique, culturelle et religieuse de l'arabo-islamisme
dans l'espace européen par une immigration qui demeurerait politiquement et
culturellement attachée aux pays d'origine. Les pays arabes demandaient un
transfert de technologie, la coopération dans le développement nucléaire et
le développement industriel.
Au niveau géostratégique, la Coopération Euro-Arabe fut un instrument
politique d'anti-américanisme en Europe, visant à séparer et affaiblir les
deux continents par l'incitation à l'hostilité réciproque et par le dénigrement
permanent de la politique américaine au Moyen-Orient.
La synchronisation de l'importation de main-d'oeuvre islamique en Europe avec
l'exportation de produits européens dans les pays arabes, permit
l'implantation définitive de plusieurs millions d'immigrés musulmans,
processus dont la rapidité et l'ampleur sont uniques dans l'histoire. Même
au cours de la colonisation européenne, l'émigration d'Européens vers les
colonies procédait à un rythme infiniment plus ralenti. Le nombre de colons
européens, descendance comprise, même après un ou deux siècles maximum,
fut incomparablement inférieur à celui des immigrés musulmans actuels dans
chacun des pays d'Europe, après trois décennies seulement.
Le laxisme politique des gouvernements européens fut aggravé par l'octroi
aux pays arabes de la faculté d'exporter, avec leur population, leur culture
et leur moeurs (Déclaration du DEA [Dialogue Euro-Arabe], à Damas, 11 sept.
1978). Cette implantation culturelle en Europe, intégrée dans l'immigration,
c'est-à-dire le transfert de millions de musulmans d'Afrique, du Moyen-Orient
et d'Asie, avec leur culture d'origine, dans les pays d'accueil, avait déjà
été planifiée au cours du séminaire Euro-Arabe tenu à l'Université de
Venise (28-30 mars 1977), sur «Les moyens et les formes de la coopération
pour la diffusion, en Europe, de la langue arabe et de sa civilisation littéraire.»
Le Séminaire fut organisé par l'Instituto per l'Oriente, à Rome, et la
Faculté de Langues étrangères, section de littérature arabe, de
l'Université de Venise. Les participants comptaient 14 universitaires des
pays arabes, 19 arabisants des universités européennes, de nombreuses autres
personnalités liées au monde musulman, ainsi que le représentant de
l'Institut Pontifical des Etudes Arabes, à Rome. Le séminaire était intégré
au Dialogue Euro-Arabe, c'est-à-dire avec l'assentiment du Président de la
CE et des ministres des Affaires étrangères de chaque pays qui y était représenté.
Les participants arabes représentaient l'Algérie, l'Arabie Saoudite,
l'Egypte, l'Irak, la Jordanie, le Qatar, le Soudan et la Tunisie. (11)
Parmi les sujets abordés durant les quatre sessions de travail, les
rapporteurs européens présentèrent leurs rapports sur la diffusion et la
connaissance de l'arabe et de la civilisation des Arabes dans leurs pays
respectifs. Les délégués arabes, de leur côté, exposèrent les méthodes
d'enseignement facilité de l'arabe pour les non-Arabes, qu'ils pratiquaient
dans leur pays. Le Séminaire se conclut par l'adoption de nombreuses
Recommandations. On ne peut les reproduire toutes ici, mais leur teneur générale
préconise la création, dans les capitales européennes, de Centres de
diffusion de la langue et de la culture arabes dans tous les pays européens,
en coordination avec les pays arabes. Ce projet prévoit l'installation, dans
les Instituts et les Universités européens, de professeurs arabes spécialisés
dans l'enseignement aux Européens.
«Les participants à ce séminaire présentent unanimement les
recommandations suivantes à l'attention des gouvernements des Etats membres
de la Communauté Européenne et de la Ligue des États Arabes:
1. Coordination des efforts faits par les pays arabes pour diffuser la langue
et la culture arabes en Europe et trouver la forme appropriée de coopération,
parmi les Institutions arabes opérant dans ce domaine.
2. Création, dans les capitales européennes, de Centres Culturels
Euro-Arabes jumelés, qui entreprendront la diffusion de la langue et de la
culture arabes.
3. Encouragement, au niveau universitaire ou à d'autres niveaux, des
institutions européennes concernées par l'enseignement de la langue arabe et
la diffusion de la culture arabe et islamique.
4. Soutien aux projets jumelés de coopération entre des institutions européennes
et arabes dans la recherche linguistique et l'enseignement de la langue arabe
aux Européens». (12)
La 10e recommandation stipule que l'enseignement de l'arabe doit être lié à
la culture arabo-islamique et aux préoccupations arabes actuelles. La 11e
souligne la nécessité de coopération entre les spécialistes européens et
arabes afin de présenter un tableau objectif de la civilisation
arabo-islamique et des problèmes contemporains arabes aux étudiants et au
public éduqué européen, afin d’attirer [ce dernier] vers les études
arabes. Les résolutions suivantes définissent les formes de coopération
entre universités arabes et européennes et leurs spécialistes respectifs,
ainsi que l'organisation du financement nécessaire à ce projet d'arabisation
dans la CE.
La 19e et dernière recommandation considère comme nécessaire l'établissement
d'un comité permanent d'experts arabes et européens, chargés de contrôler
le suivi et l'application des décisions concernant la diffusion de l'arabe et
de la culture arabe en Europe, dans le cadre du Dialogue Euro-Arabe. Ce cadre
traduisait l'approbation des ministres des Affaires étrangères des pays de
la CE et de sa présidence, en relation avec le Secrétaire de la Ligue des
pays arabes, ainsi que les autres diplomates représentés dans la Commission
Générale, dont les travaux se déroulaient à huis-clos et sans procès-verbaux.
Bat Ye'or
| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires | |
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre | |
| Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail | |
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages | |
Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un émail a : jhalfon@harissa.com