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 ZHAO NAÏ NAÏ de KAÏFENG


   ZHAO NAÏ NAÏ de KAÏFENG
Que peut donc évoquer le nom ‘ZHAO NAÏ NAÏ ‘ aux oreilles d’un occidental ?
Un ciao, prononcé d’une manière inconnue, issue d’un dialecte d’une région d’Italie à une hypothétique Naï Naï ?
Un éternuement violent ‘A Zhao Aïe Aïe’ comme si on s’était cogné la tête en éternuant ?
On m’a même rétorqué Zhao Naï Naï toi même lorsque je me suis mis à raconter l’histoire de Zhao Naï Naï..
Ou alors m’a t-on simplement dit : mais qu’est ce que c’est que Zhao Naï Naï ?
Fort de ce constat , j’ai pensé que par souci d’honnêteté envers Zhao Naï Naï , il fallait que je raconte l’histoire de Zhao Naï Naï et de notre rencontre sans ambiguité aucune.
Voici donc l’histoire de Zhao Naï Naï de Kaïfeng.
Tout d’abord le « de » de « de Kaïfeng » n’est pas une particule d’un nom propre noble.Certes non !
Kaïfeng est une ville en Chine , dans la province du Henan que j’ai visité au printemps dernier.Pourquoi en particulier cette ville ?
Je m’étais souvent posé la question s’il y avait ou avait eu des juifs en Chine, et avant de partir je me documentai ;j’appris ainsi qu’une ville ,Kaïfeng, avait abrité les premiers juifs chinois, venus par la Route de la Soie et d’Inde.Kaïfeng était à l’époque la capitale de la dynastie Song, et les juifs pouvaient pratiquer leur culte en toute liberté, une synagogue s était construite..Mais au fil des ans et des siècles , plusieurs inondations avaient malmené la ville, ainsi que la synagogue qui fut détruite et reconstruite, jusqu’au moment òu la synagogue ne fut plus reconstruite et òu la communauté juive s’effritait et s’assimilait petit à petit.
D’autre part , j’avais lu dans un livre –écrit en 1980- que le musée de Kaifeng retraçait la vie de la ville au long de l’histoire, ainsi que la vie des juifs au cours de leur passage dans cette ville .De plus , pour de plus amples informations , l’on pouvait s’adresser au conservateur du Musée de Kaïfeng.
Il ne m’en fallait pas plus pour me rendre coûte que coûte dans cette ville.
Me voici donc sur place.Les habitants de Kaïfeng très hospitaliers , m’abordent dans la rue , me demandent d’òu je viens, me font partager leur thé, leur nourriture, me disent leur opinion sur l’Occident.
Arrivé au musée , avide d’en connaïtre un peu plus sur l’histoire des juifs de Kaïfeng, j’achète le ticket et visite le musée qui m’instruit sur l’histoire de la ville , mais aucune trace des juifs de Kaïfeng.Je m’informe auprès des employés, en vain.Je demande donc à voir le conservateur du musée.Les employés me répondent d’abord qu’ils n’ont pas accés à lui, d’autres me disent qu’ils peuvent transmettre ma demande par écrit et qu’il faudra attendre sa réponse.Ne peut-on pas l’appeler, je lui parlerais au téléphone, demandai-je ?Non.Après maintes tergiversations, on me pria de me diriger vers la sortie car le musée allait fermer ses portes.Déçu, je m’en allais vers la sortie, avec la ferme intention de revenir le lendemain matin à la première heure.Mais avant de quitter le musée, je vis une porte fermée qui me semblait être un bureau.Je frappai à la porte, mais personne ne répondit.Je frappai encore losqu’une femme cria que le musée fermait et qu’il fallait sortir.Mais elle me demanda également pourquoi je tambourinais ainsi à la porte.Je cherche le conservateur, lui dis je.Il n’est pas la , me dit-elle.Non, sans blagues, pensais –je.Quand sera t-il là ?Demain.C’était au moins la première personne qui me disait qu’il sera la le lendemain, et c’était deja un net progrès.Pourquoi est ce que je désirais le voir, me demanda –t-elle.Je lui fis part de mes raisons.Elle me répondit que si demain matin à 10 heures , j’étais au musée, elle pourrait m’introduire auprès de lui.Je jubilais, la remercia vivement et quittai le musée.
J’arrivais donc le lendemain matin, peu avant 10heures, lorsque j’aperçus la fille croisée la veille au soir.Je croisais son regard mais elle sembla ne pas me reconnaître.Je lui fis un signe de la main et l’affubla d’un bonjour et enchaîna sur sa promesse qu’elle m’introduirait auprès du conservateur.Elle acquieça et composa un numéro de téléphone et 2 minutes plus tard , un homme arriva.Il me demanda pourquoi je voulais voir le conservateur, je lui expliquai que je voulais avoir des détails sur la vie des juifs qui vivaient à Kaïfeng.Il me répondit qu’il n’en savait rien.Etes vous le conservateur du musée, lui demandai-je.Non., il ne l’était pas.
Ah Je désirerai le voir.
C’est impossible.
Pourquoi ?
Car il vous faut une autorisation.
.Mais pourquoi donc ?Je voudrai juste lui parler.
Oui , pour lui parler, il faut une autorisation spéciale.
Mais est ce que je peux lui téléphoner ?
Non
Bien..Ou puis je obtenir l’autorisation ?
Mon interlocuteur sembla surpris de ma demande puis me donna une adresse , dans Kaïfeng ;un bätiment qui abritait une agence officielle.Personne ne m’accompagnerait.Je pouvais essayer d’obtenir là bas l’autorisation.
Je me rendis donc à l’adresse indiquée.L’endroit ,lugubre et sombre, n’était à l’intérieur qu’une succession de portes, fermées et aucune pancarte, inscription m’encourageaient à frapper à l’une d’entre elles.Rien ne m’indiquait que j’étais au bon endroit.Mais je me décidais tout de même à taper à l’une ou l’autre porteLa première ,fermée.La deuxième, ouverte mais vide.J’eus plus de succés avec la troisième,où un nuage de fumée de cigarettes m’accueillit, puis je distinguais les regards des 3 personnes qui se dirigeaient vers moi.Je bredouillait un peu car ma demarche , en admettant que je fus au bon endroit, m’apparut tout à coup encore plus ridicule, car demander une autorisation pour parler avec le conservateur du musée était pour moi surprenant.Je leur expliquais donc que je venais du musée de Kaifeng, duquel les employés m’avaient assuré que je pouvais obtenir une autorisation pour voir le conservateur du musée :Je pensais qu’ils allaient me rire au nez, mais au contraire, ils me posèrent des questions.Pourqoui voulez vous voir le conservateur du musée ?
Pour une étude sur la vie des juifs à Kaifeng, dis je.
Etes vous juif vous même ?
Oui, de France.
A partir de ce moment s’exprima sur leur visage une bonne humeur visible.
Mais c’est très rare de voir quellqu’un de France à Kaïfeng, et encore plus rare un juif !Et qui parle chinois en plus !Bienvenu à Kaïfeng.Nous allons vous faire cette autorisation.Et nous allons vous raccompagner au musée.Soulagé et content, je retournais avec l’un deux au musée, et sa curiosité ne tarissait pas à mon égard, à celle de France, des français, des étrangers.Arrivé au musée , je brandissais au milieu des employés médusés la dite autorisation.Je demandais de nouveau à voir le conservateur du musée, et l’homme qui m’avait envoyé chercher l’autorisation apparut, apparemment étonné que j’ai pu l’obtenir.Mais le plus étonné de tous était sans aucun doute moi…Je lui tendis l’autorisation cependant bien volontiers.Il me dit de patienter et monta à l’étage .Deux minutes après , il revint accompagné d’un homme d’une cinquantaine d’année, qui de nouveau me posa la question de l’intérêt que je portais au musée et pourquoi je désirais le voir.Je lui dit que je m’intéressais au vécu des juifs à Kaifeng au cours de l’histoire, et que j’étais étonné de ne trouver aucunes traces de leur passé dans le musée et lui en demandait donc des détails
Oui, me dit –il.Il me précéda et me fit signe de le suivre.Nous montâmes des escaliers lorsqu’une grille,cadenassé nous barra le passage.Il l’ouvrit et me fit pénétrer dans une salle , où je découvris des pans de mur, des stèles aves des inscriptions en chinois :des vestiges de l’ancienne synagogue de Kaïfeng !
Plus que surpris et contenant à peine ma joie, due à la découverte, après maintes démarches,d’anciens monuments qui prouvaient l’existence des juifs à Kaifeng, je le bombardais de questions sur l’origine, la date de ces pans de murs.Egalement, je me demandais pourquoi la vue de ces témoignages du passé n’étaient pas visibles au public directement.Mais mon pourquoi resta en l’air un instant et s écrasa au sol sans que mon interlocuteur n’essaya de l’attraper au vol :bref , je n’obtins aucune réponse.Hélas, je n’ai pu prendre de photos , car elles étaient interdites.
Je lui demandais également s’il restait des juifs en Chine et plus précisément à Kaifeng.
Non.Mais une certaine personne , résidant à Kaifeng, répondant au nom de Zhao Naï Naï, se prétendait être une descendante des juifs.Mon excitation, déjà à son comble après ce que j’avais vu, grandissait et mon cœur battait la chamade.Où habite t’elle, dans quelle rue ?
Dans la ruelle Hong .
A quel numéro ?
Je ne sais pas , demandez une fois que vous êtes dans la ruelle.
Je sortis du musée, non sans avoir reçu des ‘au revoir ‘ chaleureux des employés.
Je pris le bus et me rendis directement à la dite ruelle.C était une longue ruelle avec au moins une cinquantaine d’habitations, et d’autres ruelles convergeaient vers celle-ci.La tâche n’allait pas être simple.
Al’entrée de la ruelle, des personnes assises discutaient.
Connaissez vous Zhao Naï Naï, demandai-je, sans vraiment m’attendre à une réponse positive, car c’était comme si je me trouvais dans une ville de France et que je demandais tout à coup à quelqu’un s’il connaissait Mme Dupont :je crois bien qu’il m’enverrait gentiment aux fraises…Mais à ma grande surprise,elles me répondirent affirmativement sans d’ailleurs que ma question ne les surprenne pour autant, et j’en fus donc d’autant plus surpris.Oui, elle habite dans la ruelle, mais où exactement, on ne sait pas.
J’entrais dans la ruelle et commençait à marcher le long des nombreuses habitations, et je me disais que s’il fallait demander à chaque maison si Zhao Naï Naï habitait là, cela serait assez longAu bout de 5 minutes de marche , je me décidais à demander.J’entrai dans une cour, dans laquelle se tenaient 2 maisons.A l’entrée de la cour, des gens discutaient autour d’un journal et de thermos de thé, et elles me dirent, à mon grand étonnement, que Zhao Naï Naï habitait effectivement ici, dans la deuxième maison au fond de la cour.Je n’osais pas y croire et renouvelait ma question.Oui , c’est bien là, au fond de la cour.Je jubilais.Je m’approchais de la dite maison et frappais timidement à la porte.Personne ne répondit.Je frappais de nouveau.Personne.Je me risquais à tambouriner un peu plus fort sur la porte .En vain. Je revins alors vers les personnes près de l’entrée, et leur fit part de mon étonnement.
Zhao Naï Naï est une personne âgée, me dirent-ils, nous sommes en début d-après midi, et il est possible qu’elle fasse la sieste, revenez plutôt en fin d’après midi.J’errais alors dans la ville en proie à une excitation certaine :une juive de Kaifeng, qui descend des juifs installés à Kaifeng, depuis le le 12 ème siècle :, et je m’apprêtais à la voir.C’était pour moi un rêve qui se ralisait car depuis que j’avais lu qu’il y avait une communauté juive qui avait vécu à Kaifeng, je m’étais posé depuis la question si des descendants juifs avaient survécu à l’assimilation :j’allais bientôt avoir la réponse.
J’arrivais de nouveau sur place, saluais mes amis qui toujours discutaient autour d’un thé, et j’aperçu à l’exterieur de la maison de Zhao Naï Naï , sous un porche, qui tenait lieu de cuisine une femme âgée, en train de préparer des plats, dont l’odeur laissait présager un fin cordon bleu.Elle me tournait le dos et ne pouvait m’apercevoir ;je tocquais timidement sur le battant de la porte, mais elle n’entendit pas.Je tapais un peu plus fort.Mais en vain.Puis elle se retourna soudainement.Une femme de forte corpulence, âgée d’environ 70 ans, me fit face et un regard interrogatif se posa sur le mien, auquel je répondis au plus vite par un ‘bonjour’, histoire de briser la glace car ma présence sur son perron, dans sa cuisine avait évidemment tout lieu de l’inquiéter.Qui plus est, je n’avais sûrement pas l’air d’un chinois et enfin, je n’avais pas pris la peine de téléphoner.A vrai dire, sur le coup, je n’avais pas pensé à téléphoner,,je préferais une rencontre directe et comptais qu’elle devrait bien se passer, du fait que le conservateur n’avait pas caché qu’elle se prétendait juive, et sans doute n’etait ce pas un secret qui aurait pu la nuire.J’enchaînais donc directement sur le sujet qui m’amenait , à savoir que je venais du musée de Kaïfeng, dont le conservateur m’avait indiqué son nom et adresse si je voulais avoir des renseignements sur les juifs de Kaïfeng.J’ajoutais que j’étais moi même juif de France.Elle me pria d’entrer chez elle,sans expression particulière sur son visage, sans joie, ni crainte.
Au moment d’ouvrir la porte, elle me montra à la porte une mézouza-rouleau de prière
enfermé dans un étui que chaque juif accrochera à l’entrée de son appartement et de chaque pièce
Je n’en croyais à peine mes yeux et honora la mézouza.J’aperçus, fait encore plus inattendu, des lettres hébraïques sur le mur, qui vantaient l’étude de la Thora.Elle me fit asseoir , et je commençais par me présenter brièvement et à lui poser des questions, notamment au sujet des lettres écrites sur le mur, si elle savait lire l’hébreu par exemple.
Elle m’expliqua que personnellement, elle ne connaissait pas l’hébreu, mais que son mari, lui , le savait.
Etes vous juive ?Non.
Mais son mari, oui.Elle me montra alors une photo accrochée au mur et je vis un homme chinois.D’ou venait son mari, avant d’arriver en Chine.D’Inde, me dit –elle.
Même si c’était une photo, c’était le premier juif chinois que je voyais, et je trouvais ça extraordinaire.
Cependant, tout au long de la discussion, Zhao Naï Naï ne parlait pas beaucoup , ne répondait que par oui ou par non, sans donner trop de détails.
Je lui parlais alors de la synagogue de Kaïfeng, lui demandait s’il en restait une.Non, elle a été détruite.Avez vous vu les stèles de la synagogue au musée de Kaïfeng ?Quelles stèles, me demanda t-elle.Elle ne voulait pas me croire et ignorait la présence de ces vestiges au musée de Kaifeng.Y a t-il d’autres juifs à Kaïfeng ?
Non, me dit-elle.Du moins ne le croyait -elle pas.
Elle me répondait toujours sans animosité mais fait surprenant, les chinois en général lorsqu’ils reçoivent quelqu’un offre du thé ou autre chose.Mais Zhao Naï Naï ne me proposa rien.Non pas que cela m’offensa mais je me demandais pourquoi elle dérogeait à cette hospitalité ;puis je me dis qu’elle ne me connaissait ni d’Eve ni d’Adam et que je pouvais tout à fait être quelqu’un qui pouvait lui créer des problèmes.
Cependant j’avais à l’esprit l’idée de rencontrer son mari.Mais le fait d ‘avoir vu une photo de son mari sur le mur me fit hésiter à le lui demander.En effet, peut être était ce une photo en guise de souvenir.Mais comment en être sûr ?Il fallait pourtant que je sache.Je lui demandais alors si elle vivait seule dans la maison.
Oui, me fit elle.
J’avais alors pratiquement la réponse, car elle n’aurait probablement pas de photo de son mari, s’ils avaient été divorcés.Je conclus donc que son mari était décédé.
Sans nul doute avait-elle également embrassé la religion juive ou s’en était –elle intéressée car la mézouza et les lettres hébraïques n’étaient pas là innocemment, même si celles ci avaient été mises par son mari.
Je pris donc congé, sans prendre de photos d’elle ou de l’intérieur de sa maison avec la mézouza et les lettres hébraïques, car cela aurait pu être mal interprêté de sa part, car encore une fois , ma visite était trop inattendue pour qu’elle n’eut pas quelque doute à mon sujet.J’ai cependant photographié la maison de l’exterieur.
En sortant, j’étais en proie à une certaine euphorie, car l’histoire qui mentionnait que des juifs avaient vécu dans cette même ville , à Kaïfeng., et qui remonte à 800 années en arrière, se vérifiait par les stèles de synagogue et par l’intermédiaire de Zhao Naï Naï, dont le mari fut probablement un des descendants.

Chère Zhao Naï Naï, c’est à vous que je dédicace cette histoire, et bien que ma visite fût pour vous comme un cheveu sur la soupe, j’espère cependant qu’elle ne vous aura pas laissé un goût amer…

Bien à vous


Dov HAGEGE


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