Bon Anniversaire, Papa, par Albert Simeoni

9 Fèvrier 1945 , les allemands sont partis et moi je 'dèbarquai ' un Vendredi soir sous les youyous de ma grand -mère maternelle......

il y aura ma femme et mes trois filles et la compagnie du couscous......j'aurai droit à deux fois deux bises ......une pour le 'Kiddouch' = la prière et l'autre pour les souhaits .

J'ai remis à mes trois filles - depuis trois semaines l'argent nèccéssaire pour l'achat de mes cadeaux ...une montre .......deux chemises.........quatres paires de chaussettes noires
......et bien entendu la tarte qui refroidie au frigo..et quittera son ' igloo , garnie de la bougie éteinte (Chabath ) n° 56 , vers les 10 heures. Un refrain habituel et connu accompagnè par l'extinction des lumières cloturera cette chaude et affective cèrémonie offerte par mes enfants tous les ans.

Voilà.

Après ce lèger et bienfaisant cèrémonial , j'irai m'allonger et faire semblant de regarder le film à la tèlé......Une heure plus tard , ma femme viendra me rejoindre , hèlas fatiguée de toute la prèparation du Chabath et du service .....Elle s'endormira bien vite tandis que mes idèes
noires vont m 'assaillire comme elles m'assaillent depuis bientôt 24 ans.....

Je vais surtout penser .......penser et ressasser à l'après moi......penser et repenser même quand je ne serai plus là , à ma fille Vicky .....mon ainèe bien aimèe .....qui m'embrasse tous les soirs avant de se coucher en me disant assez souvent 'Papa .....je ne veux pas que tu meurs....' .

Ma vie étant suspendue à la sienne ....je vais tout faire pour la prolonger au maximum......avec le consentement de D.ieu ......afin qu'elle puisse m'avoir le plus longtemps à ses cotés parce qu'elle m'aime autant que je puisse l'aimer car celà elle le sait depuis son berceau .Il m'est très difficile de lui faire comprendre ma fin car elle ne veut pas admettre que l'on puisse finir et partir ......d'ailleurs je ne vous cache pas que je suis rèvoltè depuis longtemps dèja par cette idèe de quitter ce monde pour un monde 'meilleur' alors que tout ce que nous aimons sur cette putain de terre est là. Je prèfére vivre , étèrnéllement parmi les ordures sur la terre, entourè par les miens , qu'une heure ensevelie sous elle et tout seul. Je n'ai aucune preuve de l'existence de salons feutrès , d' en haut .

Alors je la rassure en lui faisant comprendre que je ne partirai pas........un mensonge parmi tant d'autres.....

bon en attendant je vais me souhaiter 'Bon anniversaire Bèbért ' en embrassant tendrement la joue rondelette et endormie de ma femme qui ronfle .

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