|
|
LE
BOUSSADIA Ou le saltimbanque de rue.
Dans la rubrique spectacle et afin de satisfaire la curiosité de notre BABA
EMILE, voilà pour vous le BOUSSADIA, ce personnage d’autrefois disparu,
danseur de rue, haut et en couleur….Pour ceux qui l’ont connu. En Tunisie.
Son visage était inconnu, il aurait pu être un voisin sans que nous le
sachions, en tout cas son agilité et sa façon de tournoyer comme les derviches
tourneurs turcs, nous donnait plutôt l’impression qu’il était un homme rurale,
à un campagnard qu’à un citadin.
Un homme du Sud, certainement.
Ma première rencontre avec lui et je me rappelle très bien de cela, était
empreinte de peur, je me suis caché derrière mon père, qui me caressait la
tête en signe d’apaisement.
Voir pour la première fois, un homme ainsi accoutré de la sorte, effrayait les
enfants.
Il portait un masque d’où apparaissait ses yeux, un peu comme ses masques
chinois que ces derniers portent lors de leur fête du TET. Jour de l’an
chinois. Moins imposant et surtout pas aussi colorié. Il portait une tenue en
haillons, je dirais des ‘ frebèl’, une sorte de robe de couleur hétéroclite,
coupée en lanière par dessous un pantalon de toile très légère. Il était ceint
aussi d’un grand ceinturon clouté. Ses habits étaient amples, ainsi il pouvait
évoluer dans ses danses, sans musique, sauf qu’il était accompagnés par ses
cymbales en fer ou en cuivre…
Il tournoyait donc au rythme de son TCHIC TCHI CA…Qui ne semblait pas
s’arrêter. Je dirais un rythme indigène qui n’était pas loin de ressembler à
ces danseurs africains..
Elles étaient par paire, ces claquettes, qui ressemblaient à de petites
pagaies, retenues par un cordon de cuir ou ficelle, qu’il maniait adroitement.
Il les pinçait d’une façon très rapide et habile afin de créer des notes
tantôt graves tantôt aiguës. Donc, quand il estimait que le laps de temps de
danse et de musique étaient suffisant, il stoppait net sa danse et ses sons
pour recevoir le fruit de ses efforts; là tout le monde reculait en
élargissant le cercle puis, tout en nous toisant toujours en arrêt et sur
place, pieds nus, il s’avançait vers nous d’un pas lent pour recevoir une
obole que les grands mettaient dans une de ces cymbales décalée par rapport à
l’autre, et comme par enchantement, il la soulevait à hauteur de ses lèvres et
avalait carrément la pièce. Du moins c’est ce que nous croyons.
Nous pensions vraiment qu’il l’avalait alors , que par un tour de magie dont
il était le seul à connaître le secret, il l’introduisait à notre insu dans
une petite pochette placée sous son menton, mais caché à nos yeux de gamins.
Son masque faisait office de paravent. Nous étions enchantés par son tour de
passe -passe.
Ses pas de danse ressemblent étrangement aujourd’hui, à ceux des jeunes
danseurs de rue que je vois à Paris, et dont j’ignore le nom . Peut être de la
CAPOUERA, danse brésilienne branchée des boites de nuits latinos.
LE BOUSSADIA dansait un peu comme eux, ou plutôt ces jeunes dansent comme lui,
avec de larges cercles , des arrêts lents parfois brutaux, des petits sauts
sur place, et des trépignements ; parfois LE BOUSSADIA se mettait à genoux
pour faire tournoyer sa tête , tout en remuant ses épaules, un peu comme nos
femmes juives prises par les ‘jnouns’, lors d’un RBAYBIYA.
Et s’il était jnoun…LE BOUSSADIA…. ??? TCHIC TCHI CA…TCHIC
TCHI CA… §§§§§§§§ …. STAMBOULI…… §§§§§§§… TCH…..TC…..tc….
|