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Chronique d’El Fenech |
Chronique d’El Fenech le Zouffi :
A Hak El Ouet, dans les temps anciens, un dénommé El Fenech fainéant
notoire mais très rusé, comme tous ses ancêtres, les renards du désert (
vous savez ceux qui ont de grandes oreilles ), décida enfin de se mettre au
travail.
Il s’en alla l’annoncer à son grand ami notre Bey ( Vous savez qui,
suivez mon regard, la paix soit sur lui), qui lui demanda :
« Que vas tu donc faire mon fils, toi qui ne sait rien faire qui puisse
intéresser, le moindre de mes sujets Goulettois ? dis le moi, c’est trop
drôle « .
« Mon Seigneur et Vénéré Maître, j’ai une idée géniale, je vais
ouvrire l’ Officine des Ruses, style Le Bureau des Coups Tordus ( Tout A
Cent Dinars ) , et vendre mon savoir à tous mes concitoyens « .
« Bravo Fils ! tu m’appelleras si ça marche, que je t’envois mon
percepteur, lui dit notre Bey, ( Bénit soit-il entre tous les Saints Hommes
). «
La première visite vous vous en doutez, fut celle du fameux percepteur des
impôts, mais cette fois n’est pas coutume, comme client !
« Que veux tu ya aziz ? ( Quel menteur ce El Fenech ! ) «
« Fils, j’ai fait les trois serments de répudiation de ma femme, pour le
cas où je mangerais cette datte bien mûre, et pour le cas ou je la jetterais
à terre sans la manger, et à vrai dire je ne sais plus si je veux vraiment
la répudier ou non, tant je ne sais pas si elle va me manquer ou non .«
Et El Fenech le Mzaour ( Bénit soit-il d’entre tous les rusés ) de
déclarer :
« Ya BaBa, pour te délier de ton serment ou ne pas te délier, tu mangeras
la moitié de la datte, et tu jetteras le reste à terre, ainsi tu ne
l’auras pas mangée toute entière, et tu ne l’auras pas jetée à terre
toute entière, libre à toi d’interpréter la suite de tes actes, que tu
pourras accomplir sans violer aucun serment .«
« Fils c’est un très sage conseil, voici tes Cent Dinars, tu les as bien
gagnés ! tu m’as sauvé, que les grâces soient sur toi !«
L’enseignement de telles ruses est en fait considérable. Celui qui les
retient sera appelé un jour à les utiliser en toutes circonstances !
Mais comme il faut bien que la morale soit sauve, le pauvre El Fenech
n’allait plus pouvoir les années suivantes ruser avec ses déclarations de
revenus, car le premier à retenir la leçon, et bien c’était le Percepteur
! Rex !
Chronique des Glibettes et de Si El
Fenech le Sultan des Ruses :
A Hak El Ouet notre frangin El Fenech, dans son Officine des Ruses ( Toutes à
Cent Dinars ), prodiguait ses conseils pas gratuits ( Off course, Oxford
oblige ) aux sujets de notre Bey bien aimé, nos bénédictions sont sur lui
et tous les siens, le Saint Homme !
On raconte qu’un vendeur de branches épineuses ( Minosas Spinozis Savitas
comme disaient nos ancêtres les Romains ya khasra ), vint trouver El Fenech
dans sa boutique pour lui demander conseil, il lui dit :
« Ya oueldi, je ne suis pas riche, j’ai une nombreuse descendance, et une
femme riche veut ma ruine. Je tirais ma charrette dans la rue du marché,
quand une branche pleine de chouks, accrocha et déchira le voile de cette
femme riche qui faisait ses amplettes. Le voile était d’une grande valeur,
dix milles dinars, elle en exige le prix en justice, et je ne peux pas payer !
Que dois-je faire pour ne pas être ruiné ? «
El Fenech le Zouffi, réfléchit quelques seconde et dit :
« Ya BaBa, c’est très facile ! Fais savoir que tu es sourd et muet, et tu
ne pourras pas être condamné, c’est Cent Dinars Ya BaBa, paye moi et va
faire plaider ta cause, puisque tu es muet ! «
Le Juge dans sa grande magnanimité, digne de Salomon, bénit soit il sa
sagesse lui vient du ciel, il dit :
« Femme ! cet homme est muet, il ne peut donc être condamné ! «
Elle répliqua :
« Par la vie qui anime ma tête, Ô Juge, j’affirme qu’il n’est pas
muet ! Tantôt quand il tirait son chargement de chouks, il criait : « Place,
place Faites moi place ! »
« Si ce que tu affirmes est vrai, répartit le juge, il n’est pas
responsable de l’accident, puisqu’il a dit aux gens de prendre garde. De
ce fait et même s’il est muet, il ne peut être condamné selon la loi ! »
Ainsi elle dut se retirer sans rien obtenir du vendeur de chouks !
El Fenech c’est le Mzaour des Mzaour, que son champ de glibettes soit prospère
!
La réputation de d’El
Fenech et de sa « Boutique des Milles Révélation «, avait à présent
atteint et même dépassé, les limites du Royaume de Hak El Ouet, et notre
Bey bénit soit son nom et toute sa descendance, décida de le nommer
Jurisconsulte Officiel de notre Royaume, à son compte bien sur ! Pas question
d’en faire fonctionnaire !
Afin de fêter l’événement, notre El Fenech décida de faire un pélérinage,
dans cette oasis du Mzab où est vénéré, par tous les pèlerins des trois
religions du Livre, un Saint Marabout dont le nom s’est perdu, bénit
soit-il !
Notre sujet de Hak El Ouet, n’étant pas très au fait des nécessités des
contrés désertiques, oublia de faire provision d’eau en quantités
suffisantes pour atteindre l’oasis, et ce qui devait arriver arriva !
N’en pouvant plus de soif, lui et son chameau durent faire halte, au milieu
de nul part dans le Grand Erg, et cette fois il crut bien que sa dernière
heure était arrivée, et que lui et son âme allaient devoir se présenter
devant la Marsa Du Grand Royaume Céleste.
Alors il entra en méditations, se rappelant de tous ses amis restés à Hak
El Ouet, se demandant ce qu’il était venu faire dans cette galère, pour
mettre un point final à une existence pleine d’astuces, loin de ceux
qu’il avait aimé. Terminer ainsi au milieu des chacals, et des hyènes, et
les fenecs ses cousins aux grandes oreilles, quelle Rasra !
Soudain surgissant de derrière une dune, un vrai miracle ! Un nomade du Désert
portant une outre remplie d’eau bien fraiche, s’approcha d’El Fenech, et
lui dit : « J’ai de la très bonne eau bénite, de l’oasis du Saint que
tu vas vénérer, mais tu dois faire un sacrifice paye moi cette eau cent
dinars, c’est paraît-il la somme que tu demandes pour le moindre de tés
conseils, alors ce n’est rien pour toi, c’est pas cher ! Tu halas dis ! «
El Fenech paya rubis sur l’ongle, il était content de boire, malgré tout
ce blé qui partait, ça lui arrachait le cœur ! Quand il eu fini il dit à
son sauveur : « Mon pote le Nomade, je voudrais t’accorder une récompense,
je vais nous préparer dans notre bivouaque où nous allons passer la nuit,
une bonne Chekchouca qu’en dis tu Fils ? «
« Pour sur ya BaBa, quel kif cela serait pour moi, mes louanges sont sur toi
! «
Alors dans le secret de sa tente, El Fenech le rusé, ouvrit une boite de
Chkchouja, de la SOCONA off course ! ( Société Des Conserveries De Nabeul,
pour les non initiés ), la versa dans une gamelle, cassa deux œufs, et mit
le tout sur les braises de son canoun, comme cela sentait bon sous le ciel étoilé
du Sahara, surtout lorsqu’il rompit le Khobz Tabouna parfumé à la graine
de nigel, le nomade fût transporté de joie, et avala prestement son bol sans
se rendre compte que notre rusé, avait salé ce plat outre mesure, il avala
toute la gamelle sans en laisser la moindre bouchée à notre jurisconsulte.
Ce qui devait arriver arriva, ou bout d’une heure le nomade torturé par la
soif, demanda à boire de l’eau de l’outre qu’il avait vendu à son hôte,
celui-ci dans sa grande magnanimité, lui dit :
« Fils, la moitié de l’outre est à toi, mais paye cent dinars d’abord !
«
« Comment ? Tu me revends cette eau au double du prix que je te l’ai
vendue, mais tu es un brigand ! «
« Non fils repris El Fenech, je ne suis pas un brigand, c’est toi qui fais
la meilleure affaire, félicitations tu t’y connais en business ! car contre
la moitié de ton eau, tu as eu droit à mon hospitalité sous ma tente, une
bonne Chekchouka, un bon khobz tabouna, des dattes, les glibettes, et mon
conseil gratuit, que d’habitude je vends cent dinars, alors dis moi fils qui
c’est qui a le mieux arnaqué l’autre ? «
Le nomade comprit la leçon qui valait bien un fromage, que dis-je une demi
outre d’eau !
Propos recueillis
Berdah
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