Ma tante Poupèe, la sœur de ma mère est un pince sans rire, elle a cette faculté de dérisionner sa personne et ceux qui l’entourent d’une façon à vous faire pisser dans vos culottes et le tout assaisonné dans cette langue merveilleuse qu’est la notre. Elle imite si bien les protagonistes qu’ils ne trouvent rien à redire devant leurs imperfections.

Tout le monde y passe sous son œil investigateur et inquisiteur, la règle veut qu’on s’y oblige sans rouspétance ni mauvaise foi. Elle est très recherchée par ses amies qui s’en donnent à cœur joie dés qu’elle s’y met et tout cela lui vient naturellement. Elle y ajoute bien sur un peu du sien pour épicer la sauce car de la sauce elle en fabrique par tonne. Elle raconte du ronflement de son gendre, qui fut le ‘darboukji’ de feu Raoul Journo z’al, Claude ANKRI z’al, qui décéda il y a quelques années. Claude est d’une corpulence moyenne, un homme qui aimait la bonne bouffe et sa famille ne manquait de rien malgré ses faibles revenus. Il se débrouillait autrement pour joindre les deux bouts. Bref, il a cependant un ronflement, d’après sa belle- mère, hors du commun, plus un barrissement qu’autre chose bon laissons parler Poupée qui raconte à merveille cela…

‘…Cho yè Héyè, bim boura youssif, aâini me dérouch, marra fél bdou, kif méjèl ya’rech ma Sylvie ( sa fille ) jit dey’fa yan’dem…. ! Lou’hou’ni fouq mdar’ba fèl qa’ya tbar’kalla, mnih eh’nè mech’ten’chè bel rkad fèl qa’ya, hassilou aïni det’ni bél nyach…. !
Allaish mouch ehnè raq’da, nech’ma kif élèphant tkhèl mèl béb, mé’nèjem’ch en ko’lok, éléphant oullè zor’mana…. ! Ha’lit aïni ou jit en chouf min je’yi él hach elli khè’rèj mél maq’ssoura mta benti, cho ne’qèl fej’ya kif men ko’lo’kch, Claude qe’lou mah’loul, fomou mah’loul ou téch’kh’ria kher’jè , mta baba rabi, louken en ko’llok phoque, éléphant, zer’ma’na… ? Mé temé’nich , el hiout qa’din i dar’dyou bél sqi’qa, jit eh’nè ta’best ou khdit chlé’qè ou qââ’da en haq el qa’ya béch yer’khi el hoch, kolt ye rabi yem’chi’chi i ka’yèm él ji’ren i ba’tel el gzi’ra, ehnè qa’da en haq ou tech’khirt’ou zedèt, komt ou bech chwi’yè mchit en de’jou, ouhè raqod, cho bdit en me’chou, ha’ttè hal aïney, ne’qèl fej’ya ta’mout, arabt.

Mel ghad’oua qam, jè ou qa’li

‘…Ajeb ye Poupèe, hlemt elli qââ’da ted’dro’bni… !’

Mel qel lilè, hatit boul kyess fi oud’ne’yè… !’


( …Regardes ma sœur, D ieu bénisse, que mon œil ne lui porte pas de méchanceté, la première fois, lorsque ma fille Sylvie s’est mariée, je suis venue comme invitée pour dormir.. ! Ils m’ont jetés sur un matelas à même le sol, D ieu benisse, bon moi je suis habituée de ce genre de chose, bref le sommeil m’a emporté… !

Pourquoi pas j’étais endormie quand j’entends comme un barrissement qui rentre par ma porte, je ne saurai te dire exactement si c’est un éléphant ou une oie peut être les deux à la fois… ! J’ai ouvert mes yeux et je suis allée pour voir le bruit qui sortait de la chambre de ma fille, je te jures, je prends une de ces peurs comme je ne te dis pas, Claude la bouche grande ouverte, complètement ‘ouvert’ et un ronflement comme je ne te racontes pas, si je te dis un phoque, un éléphant, une oie tu ne me croiras pas…. ? Les murs en tremblaient par le vacarme, je suis donc rentrée et me suis mise a genoux dans l’espoir de le calmer avec le frottement d’une savate sur le sol, pour que le ronflement baisse, dans mon action, je me suis dis aussi, tu ne vois pas ils réveillent les voisins que D ieu nous en préserve, je me mets donc debout pour le pousser doucement dans son sommeil, j’ai fais tant et tant qu’il ouvre les yeux, et je me prends une de ces peurs que je ne te dis pas.. Le lendemain, au réveil, il me dit..

‘…C’est bizarre Poupée, j’ai rêve que tu me donnais une tannée…. !’

Depuis ce fameux soir, j’ai mis des boules Kyess…

Albert Simeoni

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