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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

FREDDY CHICHE

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FREDDY CHICHE ET SA FEMME EVELYNE

 

Quand l'esprit gambade..., par Patriarche@Chiche.com (Decembre 1994)

Il y a comme celà des jours où tout devient clair, tu trouves en toi les résonances à ton attitude , à ton discours, tu es convaincu d'agir en harmonie avec l'autre et surtout avec ton moi profond. D'où vient cette inspiration cette sérénité, cette justesse de ton, de mot, de silence? Tout se passe comme si tu entrais en phase avec ceux qui t'environnent. Et puis un matin c'est fini aucune perception, le sentiment d'une constante agression et une attitude en rapport, pas toujours facile à brider.

Le monde est devenu trop petit, les distances trop courtes, la promiscuité inévitable, l'homme trop intelligent. Il construit lentement, détruit très vite, il peut tout faire et en fait trop, les critères de bonheur n'existent plus. La misère se maquille pour échapper au rejet. Tout le monde sait tout ou presque, très vite, trop vite, tout de ce qui se passe , RIEN de ce qui dure.

L'enthousiasme naît de l'espoir, l'espoir d'un projet, le projet d'une idée, l'idée d'une inspiration, l'inspiration de l'amour, l'amour d'une rencontre, la rencontre du mouvement, le mouvement de la Vie. Peut-on vivre sans enthousiasme?

Le hasard, la chance,...ne les sollicites pas en permanence, pour voir,...pour jouer, tu risques de ne trouver "personne" quand tu crieras "au loup".

L’argent n’a que la valeur que tu lui donnes... en le dépensant. Celà peut-être dérisoire ou enchanteur.

La connaissance n’a pas de propriétaire, la découverte n’a qu’un auteur. Ni l’une ni l’autre ne sont des créations. Elles appartiennent à tous, dans le présent et dans le futur. Retenir dans sa mémoire les noms et les dates n’a qu’une valeur affective à l’égard des anciens car eux comme nous s’étaient nourris et abreuvés aux sources qui les précédaient.

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L'Arbre de Judée, par le Patriarche

C'est un arbre, un bel arbre dont le bois au Printemps se pare de fleurs bien avant que le feuillage n'apparaisse. Les fleurs mauves en grappes denses s'égrenent sur le sol et le teintent de leur rose carminé en même temps parfois que les clochettes de muguet écloses sous sa majestueuse, c'est l'arbre de Judée.

C'est cet arbre robuste à la floraison précoce et aux feuilles arrondies en coeur qui produit de longues gousses qui brunissent jusqu'au printemps suivant.

Ce bel arbre ornait depuis longtemps l'entrée du pavillon Malvesin et nous étions nombreux à attendre aux premières chaleurs son abondante floraison qui marquait de sa belle parure la fin des frimas.

Un petit rejeton, un jour, se fraya une place parmi les rosiers qui ornaient l'allée centrale.
Michel le jardinier fronça l'oeil devant tant d'impertinence et décida assez vite de le sacrifier mais je l'avais vu et devant ma supplique, il en ménagea l'extraction et me confia cette bouture. Je tentais avec précaution de l'enraciner dans mon jardin au bord de la terrasse et
ces soins furent récompensés par une timide floraison dès l'année suivante.

Ce fils allait maintenant grandir, ici, chez moi et abriter les repas de famille aux beaux jours de sa frondaison. Il m'amusait souvent de voir jaillir la juvénile floraison du fils et en me rendant au travail le même jour d'observer l'épaisse floraison du père.

Cette compétition dont j'étais en quelque sorte l'unique spectateur dura plusieurs années jusqu'au jour où, le projet prit corps de rénover l'hôpital.

Aucun plan ne pût l'épargner. Il fallut décider le sacrifice de ce compagnon vénérable, flanqué depuis quelques années d'un rejeton incolore, un albinos, un curieux descendant.
Celui ci fut pourtant ménagé et avec beaucoup de précautions et d'énergie, déterré et replanté en bordure du chantier en souvenir de l'ancien.

Quelques temps plus tard, au fond de mon jardin, dans un bac où j'avais en vain tenté d'enraciner un palmier, je vis poindre et se développer au détriment du palmier un arbrisseau de Judée fils du mien, petit fils du patriarche.

Me vient alors le projet de le ramener sur le site de son aieul, ce que Laura ma petite fille m'aide à accomplir. On lui choisit un berceau avec l'aide des soeurs, il est planté, cerné d'une belle pelouse et l'on attend les signes de sa reprise. La sècheresse s'en mêle, elle est sévère et l'on croit même un moment à l'échec. La patiente et les soins des jardinieres en
bleu qui l'abreuvent chaque jour lui permettent de résister et le voici désormais prêt à rappeler son imposant ancêtre.

(cette histoire est véritable)

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A propos de l'imaginaire et du réel, par le Patriarche (Novembre 1992)


Et si ce que l'on nomme le rêve n'était qu'une autre forme de la réalité?

On a bien admis une autre hypothèse aussi "folle" qui faisait du temps et de la distance la même notion dont seule la vitesse de l'observateur faisait la différence.(A.E.). Elle fut prouvée, admise, intégrée à notre culture bien que, à ce jour seuls quelques initiés puissent réaliser physiquement le phénomène. Il n'est plus là question de lois physiques mais de perceptions psychologiques pour ne pas dire sensorielles, les "sens" étant le plus souvent concernés par le "réel". Le rêve lui ne s'appuie que sur l'esprit, les souvenirs, l'imaginaire. les sens sont endormis, la perception n'en est pas moins forte, seul l'éveil fait la différence. Les sens, celà est admis, sont facilement induits en erreur que l'on soit seul ou à plusieurs . Les exemples ne manquent pas de mystification, illusions ou autre tours dont nous pouvons être les victimes plus ou moins conscientes.

Il n'en est pas de même du rêve dont par définition, nous sommes le seul témoin mais dont la trace sur notre mémoire est aléatoire certes mais surtout dont le langage est crypté de telle sorte que sa signification ne nous est pas directement accessible et son incidence sur notre comportement tout à fait obscure.(S.F.).

Le réel et l'imaginaire sont en continuité. La charnière n'est que la disposition d'esprit à percevoir l'un ou l'autre. Les sens ne sont que les instruments du cerveau pour appréhender le réel mais chacun d'entre eux peut être abusé et confondre une perception virtuelle avec le réel. Le rêve est l'instrument de l'imaginaire, il est lié à l'intuition, l'instinct, la mémoire. Il peut remplacer le réel voire le devenir.

J'ai Tout, autour de moi et je ne vois rien... Je n'ai rien et je perçois Tout.

Faut-il se dépouiller pour percevoir ou tenter de comprendre pourquoi je ne peux être à la fois dedans et dehors sans le secours de l'imaginaire. L'amour est du domaine de l'imaginaire, aucun des sens n'y participe. Faire l'amour est dans le réel, sa gestion est culturelle, les sens sont ici sollicités dans leur plénitude mais l'accès se fait par le désir, qui lui n'est qu'imaginaire.

Le passage de ces états est en continuité. Aimer , désirer , faire l'amour, c'est aller de l'imaginaire au réel et l'harmonie du cheminement conditionne la réussite. Le réel ne peut survivre sans l'imaginaire, faire l'amour sans amour c'est manger sans faim ou voir sans regarder, c'est vivre par procuration. Il y a un instant où les sens s'enflamment mais ce feu éteint ne laisse aucune trace dans l'imaginaire et le réel devient illusion. La coordination ne s'est pas faite dans le bon sens, celui qui permet la durée, l'imaginaire alimentant le réel et ce dernier suscitant le premier .Cette boucle tourne le plus souvent dans un sens.

Il faut rêver pour agir, et agir pour donner corps au rêve. La charnière entre les deux a un nom, c'est le Temps. Nul e peut le maîtriser, il a ses lois, ses secrets, ses contradictions apparentes. Une seconde peut paraître des heures et des années passer comme quelques jours. Dans le réel il est perçu par les sens, la mémoire le redécoupe dans l'imaginaire et vingt ans sont passé sans laisser de trace à celui-ci, le chagrin d'amour d'une saison imprégnera à jamais celui-là. Ici encore il semble clair que la perception peut se faire par l'une ou l'autre issue.

Dans le projet on peut percevoir le but à l'infini, dans la mémoire, vu de l'autre côté, il semble avoir vécu hier...

La drogue est une brèche dans l'imaginaire . Elle est payée par les instruments du réel. Par la drogue tu rejoins l'imaginaire en consumant ton corps.

Il y a le temps réel , l'horloge et le temps psychologique. Ici seul la mémoire gère la durée. Cette gestion fait appel à l'imaginaire. Harmoniser la mémoire c'est lui donner un contenu proportionnel au rêve.

Les sens sont une ouverture à double sens.


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Le Secret, par le Patriarche (Mars 1996)

Par secret il faut comprendre ce qui est essentiel, ce qui pourrait conditionner ma survie ou celle d'êtres qui me sont chers.

Comment expliquer que ce que l'on cache avec le plus de soins, soit souvent si facilement découvert?

Il faut d'abord observer que ce que l'on cache désigne précisément ce que l'on veut soustraire a la connaissance de l'autre et par la même on le sélectionne dans sa perception de l'environnement comme un objet de convoitise, pour le moins comme un objet d'interêt.

S'il le cache c'est que c'est important, pour lui certainement mais pour moi peut-être, surtout s'il le cache en fonction moi. S'il m'interdit d'y accéder ou s'il le cache en fonction de moi, celà sera pour moi un stimulant supplémentaire, une raison de plus pour m'acharner a découvrir les raisons de cette démarche, le pourquoi "je ne dois pas voir ou savoir ".

Curieusement ce qui est sous mes yeux là évident, accessible a tout le monde, en rien désigné comme important ou secret, ne m'intérresse pas ou peu, je le vois trop, je ne sélectionne pas. Je ne le vois pas. Il est une partie du tout, sans aucun signe distinctif. Il est " transparent " ou plus précisément invisible car la vision pour se fixer a besoin d'un
repère. Le mouvement dans l'immobile, la couleur dans l'uniforme, le comportement dans le rituel, l'interdit dans la règle. C'est l'animal qui se déplace dans le paysage, le rouge vif du feu dans la grisaille, le seul qui soit debout ou assis dans une cérémonie,.. C'est le "le fruit défendu". Ainsi pour voir il faut établir une différence, pour découvrir il faut chercher, pour chercher, il faut que ce soit caché et cacher c'est inciter a découvrir.

Si au début de la genèse, D. interdit a Adam de manger le fruit défendu, était-ce vraiment un interdit ou une incitation a oser, a transgresser, a assumer le risque en toute conscience. Ce que l'on a douloureusement appelé "le péché originel", n'était-ce pas là en fait, le début de la responsabilité de l'homme et de la femme, animés par l'esprit de leur
maturité. Ils ne comprennent plus l'interdit de principe. Ils veulent savoir. Ils sauront qu'ils sont seuls, qu'ils sont nus, ils connaîtront la pudeur et forcément le désir, ils sauront qu'ils doivent se perpétuer et que le prix en sera lourd.

On peut donc voir le "péché originel" comme le début de la vie vrai, celle que l'on assume, qui nous éloigne de l'enfance et de l'innocence, le fils devient père. Est-ce vraiment une sanction, doit-on toujours vivre avec le sentiment d'avoir été chassé du paradis parce que l'on a quitté la maison du père, n'était-ce pas là sa volonté, dont le malicieux serpent a
servi d'interprète ?

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Face à moi-même, par le Patriarche (Ile de Madère, Février 97)


Il me vint un jour ce rêve étrange de me trouver face à moi-même mais l'image était celle d'un enfant, les traits étaient les miens mais cette curieuse apparition, l'air candide et l'œil malicieux, me déclara sans ambages que le temps était venu de m'expliquer.

Plus précisément, de lui répondre de ce que j'avais fait de ma vie. J'étais moi et moi, l'enfant et ce que j'étais devenu : je me devais de rendre des comptes à cet être qui rêvait d'un devenir, de ce qu'il en était advenu. La question était simple, puisque ma vie s'était écoulée, me suffisait-il
de la raconter?

– "Non", me dit-il, "ce serait sans grand intérêt, je sais ce que tu as fait, tes études, ton mariage, tes enfants, petits enfants, tu as aimé, tu as blessé, tu as parfois souffert mais qu'importe, cela est ton affaire." Ce qui m'importe, c'est ce que tu as glané. Les fleurs que tu as cueillies, le miel que tu as conservé et ce qui te semble être les quelques vérités que tu aurais aimées que je sache avant de m'en aller vers ce que tu es devenu."

– "Cela me sera difficile sans ton aide", lui dis-je, "j'ai besoin de savoir les questions que tu te posais et peut-être pourrais-je formuler les réponses qu'à ce jour j'ai pu trouver."

– "Je ne crois que ce que je vois, que j'entend, que je touche, que je sens, que je goûte, mes sens m'ont été donnés pour communiquer avec l'environnement."

– "Ainsi tu crois percevoir autant que l'animal? Tu peux entendre, plus finement que le chien, flairer plus loin que lui, voir mieux que l'aigle, le chat ou le hibou? Tu peux palper aussi finement que la mouche ou l'araignée, butiner aussi délicatement que l'abeille? Une grande partie du monde qui t'environne t'échappe et ne serait-ce qu'avec un jeu de loupes judicieusement combinées tu verrais bien au-delà , jusqu'à l'infiniment petit ou l'infiniment grand."

– "Je ne fais là qu'accroître par quelques artifices mes propres potentialités et mes sens restent les garants de ma perception."

– "Il y a aussi ce que tu n'entends ni ne vois et qui pourtant existe. J'en prends pour témoin les centaines de milliers de messages, émissions, chansons et autres informations qui nous environnent et qu'un simple transistor rend alors perceptibles, un petit instrument plus malicieux que mon oreille et qui fait du silence une féerie sonore en faisant varier quelques boutons. Les images même traversent l'espace et se concrétisent sur des boites lumineuses que les enfants regardent avec fascination. Que dire de la mise en conserve des images et des sons qui font de notre mémoire un si fragile recours ? Que de leurres ont été créés pour masquer les absences, aucun de nos sens ne peut s'enorgueillir de n'avoir jamais été abusé."

– "Qu'importe ton discours, ma vie est faite de ce que je ressens et que l'illusion prenne la place du réel m'importe moins que de vivre, d'être là où je me sens bien, où mes besoins se trouvent comblés."

– "Tes besoins ne sont que le fruit de ta culture, de tes frustrations ou de ta nature. Depuis ton enfance, on t'a appris à les reconnaître, les espérer, les conquérir et ton univers de désir ne peut que difficilement dépasser celui que tes sens t'ont apporté. Il faut donc essayer d'aller bien au delà, écouter le silence, scruter l'invisible, palper le vide, humer sans chercher à sentir, goûter sans saveur. Rien de ce qui trouble ou distrait de ce que tu dois percevoir."

– "Ton discours ne m'apporte aucun éclairage, aucun écho, je ne peux m'engager dans cette démarche de silence et de nuit sans en avoir la moindre référence."

– "Tu reste toujours dans ton monde et il te faut des balises pour t'orienter. Ces balises ne sont que celles que tu reconnais, que l'on t'a apprises. Il en existe d'autres, que tu ne vois pas ou n'entends pas comme les tiennes ne sont pas perceptibles à ceux qui ne les ont jamais
apprises. Considère déjà comme les langages nous séparent et qu'un même mot peut ici faire trembler et là laisser indifférent, sa résonance n'y trouvant aucune référence. Il en est de même de ce que tu vois. Tes centres d'intérêt t'effaceront d'autres réalités peut- être essentielles."

– "Où veux tu en venir avec ton discours? "

– "Méfies toi de tes sens ! ."

– "Je m'en méfierais certes et je conçois qu'un simple illusionniste puisse se jouer sans difficultés de ma vigilance mais... il me reste les émotions."

– "Tu as raison et c'est là l'essentiel, tes sens ne sont que des outils, de simples récepteurs qui convertissent les signaux environnants en messages que ton cerveau décrypte mais c'est lui le plus sûr garant de ta réalité. L'émotion c'est ta vibration intérieure en phase avec ton passé, ta mémoire, ton attente, ton espoir, c'est la vie qui circule en toi et qui donne sa dimension au temps. Le temps, tu le sais, s'écoule inexorablement mais tu le structures, tu le découpes, tu donnes à certains passages un prix que tu leur définis en fonction des émotions que tu en espères ou qu'ils t'ont donné. C'est l'émotion qui va découper le temps, faire qu'une minute de bonheur paraîtra plus dense qu'une journée sans projet. En fait il y a certainement un lien avec la mémoire."

– "Tu crois que le temps et la mémoire sont liés?"

– "Pas seulement, bien sûr que le temps s'inscrit dans la mémoire de façon plus ou moins consciente mais le plus étonnant est le lien entre l'émotion et la mémoire. Tu ne retiens en fait que les traces de tes émotions. Plus trivialement, tu oublieras difficilement le numéro de téléphone de l'être aimé, ne l'aurais- tu entendu qu'une fois. Il y a également une autre particularité entre l'émotion et la mémoire, c'est que toutes les deux n'ont pas de site, pas d'organe pour les porter, c'est comme une vibration, on en sent ou non fortement les effets mais la source nous échappe. Tout se passe comme si les deux vibrations étaient de même nature et que leur accouplement donnait naissance aux souvenirs."

– "Mais d'où vient qu'avec l'âge la mémoire s'estompe, non pas celle des acquis mais celle du présent ? "

– "Peut-être les émotions sont-elles alors d'une autre nature, moins amples, moins vives mais il faut également admettre que la pierre vieillit se grave moins aisément que la pierre tendre ou qu'une éponge déjà gorgée peut difficilement absorber davantage."

– "Est-ce une fatalité ? Faut-il l'accepter sans en souffrir ? "

– "Ta question me surprend, tu perds de vue l'essentiel, tu oublies que nos aînés au cours du temps ont changé de rôle, ils doivent désormais restitués les acquits, l'histoire qui nous a fait, les souvenirs qui nous précèdent et dont ils sont porteurs. On attend d'eux d'apprendre, pas qu'ils retiennent. Ils sont nos livres vivants."

– "J'ai une certaine mélancolie en parlant des vieux, c'est comme si la mort n'était pas loin."

– "D'abord le mot ne s'applique pas aux humains, n'est vieux qu'un objet ou une idée, un souvenir, mais un être vivant qui suit une trajectoire ne peut qu'être âgé, il est plus ou moins loin dans sa trajectoire. Il ne sera vieux que figé, comme arrêté dans le temps, quand il n'aura plus de perspective, plus de projet. Tant qu'un être est capable de vivre aujourd'hui en attendant sereinement demain sans oublier hier, il sera difficile de le considérer comme vieux. Comprends moi bien, je n'abuserai pas du mot "jeune" je reconnais à chaque âge ses vertus et ses faiblesses et je crois vraiment que chaque jour mérite d'être vécu."

– "Quel est le plus bel âge ? "

– "Le tien bien sûr, celui de ton enfance, de ton adolescence, de ta maturité. As-tu déjà observé une fleur s'épanouir ? Quand est-elle la plus belle ? Encore en bouton, prête à étaler la splendide beauté de ses pétales, de son pistil et de ses étamines ? Lorsque tous ses atours et ses couleurs resplendissent enfin sous le soleil ? Ou lorsque forte du parfum qu'elle exhale, elle irradie loin autour d'elle? Il faut aimer ta jeunesse comme le début d'une histoire, tu ne sais pas qu'elle est éphémère mais sa densité en fait une phase essentielle. Il n'est pas exclu que ta vie durant, tu tâches en bonne partie d'y remettre de l'ordre. Que de compensations, de revanches et de frustrations prennent ici naissance."

– "Mais elle finit quand cette jeunesse ? "

– "Elle finit avec les illusions. Peut-être vers la fin de l'adolescence quand commencent les premières blessures, les vraies, celles de l'amour."

– "Un mot énorme, on l'entend trop souvent, il en est presque usé ! ."

– "Ce n'est pas un mot, c'est un état, une transformation profonde qui prend racine on ne sait où et qui fait de toi un autre être, transformant ton regard et ton écoute, fragilisant dangereusement ta structure la plus profonde. A partir de cet état tout est possible. La magie c'est d'y parvenir, le miracle de s'y maintenir, la bénédiction de ne pas en souffrir."

– "Crois-tu qu'il faille forcément rencontrer l'être de sa vie pour connaître cet état ? "

– "L'amour est bien plus large, il est plus que la rencontre de deux êtres, il est un accomplissement, comme une harmonie intérieure qui te rend sensible à ce que tes sens n'ont même plus besoin de percevoir."

– "Cette harmonie n'a-t-elle pas d'autres sources ? "

– "Elle en a bien d'autres, elle est la convergence de plusieurs fragilités, c'est dire que par essence elle est éphémère, tu tentes de la cerner, elle commence déjà à t'échapper. C'est le temps suspendu, arrêté, l'espace d'un silence entre deux frénésies. Tu ressens là la paix intérieure et ses sens sont doucement engourdis par les signaux qu'ils reçoivent. La beauté par exemple, la musique sont les sources qui nous abreuvent le plus souvent."

– "La beauté ? Qu'est-ce que c'est ? "

– "C'est d'abord ta culture, il est clair que dès ton enfance ton environnement va hiérarchiser les valeurs qui te mobilisent et la beauté est l'une d'elles. Les images surtout et les sons dans une moindre mesure, que tes sens auront enregistrés seront tes références. C'est pourquoi la
beauté c'est surtout l'émotion, la coïncidence entre une vision d'aujourd'hui et un rêve d'hier, une harmonie cristallisée, comme détachée de l'éphémère, presque palpable. Je pense ici à la belle phrase du poète "vous saisiriez vainement l'aile du papillon, la poussière qui le colore vous resterait dans les doigts." La beauté c'est aussi une distance."

– "On parle souvent de la beauté des femmes et il est vrai que certaines sont troublantes."

– "Les femmes... d'en parler comme d'une espèce m'embarrasse, bien des hommes ont tenté, mais en vain, de définir des caractéristiques d'espèces, parlant bien sûr toujours d'expériences, comme si en ayant vingt fois changé de demeures, il était possible de définir un lieu idéal. Je préférerai parler de ma "femme." Une expérience concrète et prolongée, surtout totale car la femme ne s'accomplit vraiment que dans la maternité et, qui a connu cent femmes dans sa vie et une seule mère à ses enfants n'a réellement connu que cette dernière. C'est un prolongement, un complément ou un vide à combler peu importe, la réalité de l'être est dans l'accouplement."

– "C'est la sexualité ? "

– "Bien sûr, mais si tu résumes la sexualité aux quelques minutes de jouissance qui l'accompagne, tu l'appauvris à en pleurer. Je dis à en pleurer car il n'y a rien après si le but est déjà atteint. La sexualité c'est avant, le jeu, l'attente, le trouble et l'accouplement le début d'un voyage vers le rêve éveillé, le don à l'autre de toi, du plaisir. Il y a bien sûr les leurres, les conquêtes brutales, les assauts sans lendemain, les faiblesses sans raison et sans souvenir.
Elles sont les frustrations qui tentent de remonter le temps."

– "Crois-tu que Dieu y a sa part ? "

– "Dieu est ce que tu le fais. Il est toi et les autres, il est la projection idéale de ton être. Difficile pour un enfant de comprendre où il est puisqu'il est partout et même pour certains, nulle part. Nous l'avons fait Un, un Livre nous a nourrit, Juifs, Chrétiens, Musulmans sont issus de cette trajectoire tentant chacun au passage de faire oublier ceux qui l'ont précédés, mais qu'importe, à l'autre bout du monde Dieu avait déjà la forme humaine et le Bouddha l'incarnait dans une vie exemplaire faite de renoncements. L'important est de trouver sa référence, son repaire, le guide intérieur d'idéal, de reconnaître les limites et d'y placer des balises pour éviter de se perdre et pour tenter de transmettre les valeurs qui nous ont portés."

– "Crois-tu que cela règle le problème de la violence ? "

– "Il est une des réponses. La violence est la fille dégénérée de l'énergie. L'énergie est la force vitale, la source essentielle du mouvement, de la vie, de la chaleur, mais son contrôle n'est pas absolue. Non seulement sa source nous échappe et par conséquent, son épuisement, mais son expression peut parfois exploser sans retour et engendrer d'irréparables dégâts. Ici, seule la prévention vient en aide, gérer l'énergie, orienter la violence, apaiser les rancœurs et faire espérer. C'est le terrain de Dieu. La raison est depuis longtemps dépassée."

– "Faire espérer quoi ? "

– "Espérer demain, plus tard, quand la souffrance sera moindre, quand le temps aura fait son œuvre, que les proportions auront été rétablies. Espérer c'est porter un projet, une attente, c'est vivre demain lorsque l'on est aujourd'hui, c'est sentir le soleil lorsque l'on est à l'ombre. C'est croire à la vie."

– "Peut-on espérer seul ? "

– "C'est la forme la plus rude de l'espoir, car l'espoir prend sa force dans l'autre, dans celui qui donne, il y a certes l'espoir en Dieu mais la foi n'est pas incontournable "l'autre" est un recours tout naturel. Il faut dire, il faut parler, partager, communiquer. Tu n'es pas né pour être seul, tu es la partie d'un tout, aussi nécessaire aux autres qu'ils le sont pour toi. Ce que tu donnes, tu le recevras et en fin de compte tu comprendras. Tu ne reçois que ce que tu donnes."

– "Le don n'est pas très naturel !"

– "Erreur, le don est nature, la nature est un don et tout autour de nous, le soleil, l'eau, les fruits des arbres sont des dons. Mais considères la nature encore plus concrètement, elle ne te donne plus que si tu lui donnes plus, tu travailles la terre, tu élèves des animaux... Le don est
rare parce que l'humain s'inquiète, veut prévoir les lendemains, vivre dix vies à la fois, posséder pour se rassurer même cent fois ses besoins. Il oublie souvent l'éphémère santé et la vie qui s'écoule."

– "La santé c'est quoi ? "

– "C'est un état d'équilibre, d'abord un don de la nature, un acquit génétique. De même que l'on est noir ou blanc, grand ou petit, on né avec une santé fragile ou non. Ensuite c'est une question de gestion. Il en est de la santé comme d'un bien périssable. Les précautions sont nécessaires pour ne pas l'altérer mais il ne faut jamais perdre de vue que santé et vie ne sont liées que par l'enthousiasme."

– "Que veux-tu dire ? "

– "L'enthousiasme c'est ce qui nous porte, qui fait que la vie pétille, que chaque jour te paraît une vie en raccourci. Point n'est besoin de garder sa santé cent ans si chaque jour n'a pour but que d'assouvir tes besoins élémentaires et de faire une performance de durée au détriment de la qualité. L'enthousiasme engendre la joie et la joie c'est ce qui nous relie à l'enfance, à la naïveté, à la pureté."

– "Crois-tu que d'être humble prédispose à la joie ? "

– "L'humilité est le point de départ de toute connaissance. Quand tu as fait le tour de ce que tu crois un tout, tu comprends combien est petite ton échelle et l'humilité t'ouvre alors la porte d'un autre domaine. Avec l'humilité tu rejoins le début, tu approches des sites où la joie prend sa source"

– "As-tu peur du pouvoir ? "

– "Non, je n'ai peur que de ses conséquences. Le pouvoir est nécessaire, il est dans sa forme
idéale le jumeau de la responsabilité. Malheureusement, comme chez les jumeaux la
cohabitation est souvent difficile, quelquefois même l'un sacrifie l'autre. A choisir, je sacrifierai le pouvoir."

– "Crois-tu que la souffrance soit un don divin ? "

– "Non pas la souffrance, la mort. Ce mot fait peur parce qu'il évoque la souffrance, en fait il en est la fin. Personne ne peut comprendre la justification de la souffrance, peut-être pour mieux apprécier la non-souffrance ? Le plus étonnant c'est que les plus grandes souffrances ont été infligées aux humains par d'autres humains."

– "Qu'est-ce que la vie finalement ? "

– "Il n'y a pas de fin, la fin ne t'appartient pas, tu dois vivre chaque jour non pas comme le
dernier mais comme le premier, en faisant de chaque jour un acquit conscient et en regardant, en écoutant, en goûtant, en sentant, en touchant mais ne gardant de tous ces messages que l'émotion tendre et profonde d'une vie qui s'écoule."



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Pensées et citations du Patriarche

#1
«Que cherches-tu? Je l'ai trouvé!  Mais aimeras-tu la Vérité?»

#2
«Le génie naît de l'enthousiasme ou de la détresse, il glisse sur la continuité.»

#3
«Il a le pouvoir? Et il se pleure!
Il a la connaissance? Et il se tait!»

#4
«Ne dis pas ce que tu vas faire, ce que tu es capable de faire.  Si tu le peux? fais le!
Et observe si cela correspond à ce que tu t'apprêtais à annoncer.
Nul doute que ton appréciation ne sera pas isolée.»

#5
«Le monde ne change pas, il est ce que tu le fais. Il est ce que tu peux voir et comprendre.
Tout ce que tu changes en toi changera ce que tu vois.»

#6
«La plus belle des qualités humaines? L'humilité. La plus belle des grâces divines? L'enthousiasme.»

#7
«Les femmes savent rarement ce qu'elles veulent.
Elles savent très souvent ce qu'elles ne veulent pas.
Lorsqu'elles savent ce qu'elles veulent, rien ne les arrête.»

#8
«L'âge d'un être n'est que l'âge civil. Le vieillissement, génétiquement programmé, peut être accéléré ici ou là par des événements extérieurs. Le plus étonnant vient de l'âge dissocié dans la même personne entre le mental, le physique, l'enthousiasme, l'énergie et les toutes autres composantes: On a quinze ans ici et déjà quatre-vingt ailleurs. »

#9
«Nos ancêtres chassaient, mangeaient, buvaient et copulaient, sans autre soucis que de survivre et se reproduire. Les animaux en faisaient autant. Ils apprirent par la suite à cultiver, conserver, gérer les lendemains. Et d'animaux ils devinrent paysans et éleveurs, se fixant
sur leurs terres. Puis vint l'ère industrielle, la maîtrise de l'énergie, la fabrique d'outils et de machines, de plus en plus performantes pour produire et se déplacer. Ce fut l'ère de la consommation. Pour consommer il fallait produire, en produisant on créait des richesses qui
permettaient d'en accumuler d'autres, jusqu'à ne plus savoir qu'en faire et passer beaucoup de temps à gérer et protéger ces acquis. L'ère actuelle n'en est pas loin avec la différence que cette richesse mal répartie a engendré des détresses et certains aujourd'hui en sont à
chercher à survivre quand d'autres meurent d'être trop nourris. Le plus triste c'est que désormais ces échanges de services et de travail font de l'humain une machine à travailler pour produire donc pour gagner de l'argent, pour acheter tout ce dont il a besoin, tout ce qu'il a envie mais son activité ne lui laisse plus que peu de temps pour en jouir.»

#10
«Si tu savais la puissance de l'extrême douceur
Si tu savais le pouvoir d'un simple sourire
Tu renoncerais pour toujours à gagner les cœurs autrement.»

#11
«Par définition: l'équilibre est instable.»

#12
«Comment veux-tu qu'en un mot je t'explique l'Harmonie sans perdre l'équilibre?»

#13
«Ne cherche pas à éblouir, étonner, surprendre. Cherche ton chemin!»

#14
«En dehors de la souffrance, une vie en vaut une autre.»

#15
«Si tu te mets en colère c'est que tu as perdu ton calme: la bêtise l'a emporté!»

#16
«En te mettant à quelque lecture, propose toi de ne lire qu'une fois,  c'est à dire avec une attention telle qu'une seule lecture suffise.  Fais comme si tu brûlais ton vaisseau.»

#17
«Les êtres vieillissent car arrivés à l'apogée de leurs forces, ils en abusent.»

#18
«Pour conduire, sa vie ou un véhicule, il faut être en mouvement.
On ne peut changer d'orientation sans être dans l'action.»

#19
«Entre le dérisoire et le merveilleux il n'y a de différence que le regard.»

#20
«Lorsque l'on s'intéresse aux sciences et aux techniques, on sourit, on s'émeut ou on s'étonne, de la naïveté, l'aveuglement, voire de la bêtise des générations qui nous ont précédées en oubliant que nous sommes ici et là forcément les bourricots de demain. L'histoire nous raconte que seule l'humilité nous fait entrevoir l'avenir.»

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Kotel, par le Patriarche (Jerusalem, Le Kotel, le 15 mai 1997)

Toujours le retour au mur, comme attirés par les vestiges du temple fondateur et retrouver la racine d'une trajectoire dont on ne connaît pas l'aboutissement.

Comprendre le départ pour tenter de mieux cerner l'instant, cette étincelle de temps qui peut embraser le futur pour peu qu'elle nous enflamme.

Ils sont tous là, jeunes en quête d'initiation et vieux transmettant un rituel millénaire dont le sens caché reste toujours à découvrir.

Les rouleaux scrupuleusement reproduits de génération en génération, sont ouverts au soleil, le précieux coffrages livrent à tous les sacro-saintes écritures que les initiés lisent avec minutie comme pour en extraire l'âme qui les habite depuis des siècles, puis de solides gaillards les brandissent à bout de bras en tournant et dansant pour les offrir à la vue adoratrice de la foule alentour.

Plaqués contre le mur, d'autres poursuivent leur longue prière devant la roche patinée par les lèvres et les mains qui l'ont par millions effleurée pour exprimer leur passion de D…



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