LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

Je suis déçu M. Slah Ben Abid

Déçu, bien entendu, de votre position indéfendable concernant le conflit arabo-sioniste mais également déçu du manque d'objectivité et des contrevérités que vous énoncez tout au long de votre article intitulé "Peu de tolérance". (Publié le 20 novembre sur le forum du site www.harissa.com ).

Vous dites que l'argument du mot d'ordre de "boycott à (votre) cours" lancé par les étudiants était à cause de votre article où vous utilisez le qualificatif "parfums de la terre" en parlant des Juifs tunisiens que les étudiants confondraient avec les "israéliens".

Ceci est bien entendu faux et vous le savez très bien.

Les juifs tunisiens sont tunisiens à part entière et personne n'a le droit, encore moins le pouvoir de leur ôter leur "tunisianité". Aucun étudiant lors de l'Assemblée Générale, organisée le lundi 20 novembre à la faculté de droit et des Sciences économiques de Tunis, n'a évoqué ce qualificatif "parfums de la terre".

Par contre, ce que nous condamnons férocement, ce sont vos positions par rapport à l'entité sioniste qui, grâce à un mensonge historique ("une terre sans patrie pour une patrie sans terre") et à une complicité européenne s'est approprié des terres qui ne lui appartenaient pas. Etant professeur en Histoire des Idées Politiques, vous êtes, normalement, bien placé pour qualifier cet acte qui n'est rien d'autre que du Colonialisme.

Malheureusement, vous refusez de voir les choses comme elles sont et ce pour des raisons que j'ignore.

Même quand vous essayez de sauver votre face, vous retombez dans vos travers. Ainsi, vous parlez de "lutte du peuple palestinien confronté à la féroce réplique israélienne" :

Monsieur serait-il trop influencé par les analyses et les paroles du journaliste sioniste Charles Enderlain de la chaîne de télévision France 2 ?

Sachez Monsieur que Le Robert définit le verbe riposter comme étant la "réponse vive, instantanée, faite à un interlocuteur agressif... vive réaction de défense, contre-attaque vigoureuse...".

Ainsi, les Palestiniens seraient un "interlocuteur agressif" et l'armée israélienne, dans votre optique, serait pour sa part en position de "vive réaction de défense !".

Ensuite, vous faites référence au Prophète Mohammed, à Omar Ibn Al Khattab, à Mehrez Ibn Khalaf pour expliquer la tolérance de ces personnages face aux "Gens du livre". Vous opposez à cet esprit de tolérance un manque de "culture politique" chez les étudiants (les méchants manipulateurs) qui n'auraient "aucune référence dans l'islam".

Mais depuis quand le conflit arabo-sioniste est-il religieux ?

Permettez moi très humblement de vous rappeler certaines vérités historiques:

Le conflit arabo-sinoniste est entrain d'être géré comme un conflit entre religions: Certains palestiniens parlent de "souveraineté divine sur les lieux saints d'El Qods"; les israéliens parlent de "terre promise (par dieu)... et Jean Paul II propose une "souveraineté partagée" entre les 3 Dieux réunis (à moins qu'il ne s'agisse du même Dieu mais j'avoue n'y
avoir pas compris grand chose).

Ceci dit, je reste convaincu que LE FOND DU PROBLEME N'A STRICTEMENT RIEN A VOIR AVEC LA RELIGION.

Il s'agit tout simplement ("Bil Fallaki" est plus approprié ici mais je ne trouve pas de traduction) d'une "entité sioniste" qui a violé en 1948 des territoires qui ne lui appartenaient en aucun cas. Point à ligne.

Que vient faire ici le prophète Mohammed et son esprit de tolérance ?

Les étudiants du Campus universitaire n'ont pas appelé leurs camarades à avoir un "comportement agressif contre les Gens du livre" car nous n'avons aucun problème avec ces Gens du livre. Par contre, nous avons un énorme problème existentiel, politique, culturel, social... et j'en passe, avec la personne qui se targue de s'être faite photographier avec
Shimon Pérès.

Ai-je besoin de rappeler que Pérès a personnellement ordonné le massacre de Qana au Sud Liban ? Ai-je encore besoin de rappeler qu'il a été ministre dans le gouvernement Rabin qui a maté dans le sang la première Intifadha en 1987 ? Doit-on parler ici du rôle qu'a joué le parti travailliste "israélien" de Golda Meïr en passant par Moshe Dayan ?
Dois-je encore vous rappeler que l'entité sioniste occupe encore aujourd'hui des terres arabes autres que la Palestine au Liban et en Syrie ? Une occupation jugée contraire au droit international de l'avis même de cette institution arriérée qu'est l'ONU.

Monsieur Ben Abid, arrêtez s'il vous plaît de parler de "surenchère progressiste" quand nous demandons simplement que le peuple palestinien recouvre entièrement ses droits.

On peut avoir des visions différentes de celle de Arafat. Il n'en demeure pas moins le leader du peuple palestinien. Ce dernier ne nous demande pas d'envoyer des armées pour le soutenir car il sait que nous n'en avons pas le pouvoir. Par contre, il exige de nous une solidarité qui passe nécessairement par l'arrêt de toute normalisation avec l'entité sioniste, barbare et colonialiste.

Il est regrettable que vous fassiez l'amalgame entre ce qui se passe en ce moment dans les territoires occupés et les prises de position intellectuelles de Roger Garaudy.

Qu'il y ait eu 4, 5 ou 6 millions de morts juifs sous le régime Nazi est quelque chose d'atroce car elle est condamnable de principe peu importe les chiffres.

Mais, que l'entité sioniste utilise l'industrie de l'holocauste et le sentiment de culpabilité chez les Européens pour justifier sa colonisation de la Palestine est également condamnable.

De surcroît, quand c'est un "intellectuel" arabe qui se prétend combattant pour la "liberté du peuple palestinien", cela est non seulement révoltant et choquant mais aussi, et excusez la vulgarité, dégueulasse...

22-11-2000

Taïeb Moalla

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