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J.ODawan , fin de périple . |
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Abdication définitive jusquà nouvel ordre ,
mutisme ininterrompu totalement remédiable ,
inquiétude momentanément disparue ,
vaine interrogation .
La visite peut navoir été que touristique en cette saison , peut-être simplement liée à un soudain intérêt botanique que sais-je , écologique aussi bien , mais heureusement ,
le bou-kornine cest bientôt fini parce quon aurait pu croire que toute son histoire allait se passer là-bas ; ainsi la clôture officielle du sondage avait donné lieu à des courriers extrêmement diversifiés ( des lettres chaleureuses , dautres moins , parfois tièdes voire non enthousiastes mais encourageantes quand même ) ;
un courrier injurieux , anonyme celui-là .
Des réponses surprenantes adressées par e-mail , par fax , certaines dorigine inattendue par exemple de pays à ne pas nommer pour raisons politiques , des lettres dinconnus à signatures volontairement illisibles .
Trois politiques français ont pris linitiative dy participer eux aussi dont un Corse .
Une énumération qui pourrait sétendre plus longuement si , perdue dans cette abondance épistolaire , un courrier , qui aurait pu passer inaperçu , nétait venu porter une note dactualité , empreinte quelle était de bon sens , dintelligence et de concision ; je la cite in-extenso :
« Je viens de prendre connaissance de votre souci de retourner une fois encore la dernière promettez-vous - sur votre montagne disolement ; jai connu moi-même la solitude et le silence , léloignement et la distance ; jai connu moi-même lerrance des lendemains de peine . Jai connu aussi la futilité de la gloire . Je sais trop combien le retour à son lieu dorigine peut enrichir chacun de nous et jai mal à imaginer une autre réponse que celle- là . Je vous accompagne mon cher J.ODawan »
signé:
« Aziz Duloft »
Courrier
encourageant , surprenant , mais moins quand même que ce raccourci non anonyme mais non
explicite pour autant , bref , lapidaire : « Pourquoi
pas ? » signé :
« F.M. » laissant dans limaginaire de J.ODawan se greffer une
triple hypothèse :
François
Mauriac ! ? « prétentieux » se dit-il ;
Frédéric
Mitterrand : « pourquoi pas ?» se répondit-il en écho ;
Franc-Maçon ?
« alors là , non et non ! » .
« Retourner ou pas y retourner ? laissons passer le lourd été , pensa-t-il , on verra plus tard »
J.ODawan avait suffisamment de caractère , de personnalité , de sens de la persévérance , qualités dont il avait essentiellement hérité dun très très ancien oncle rejeté par toute la famille je pourrais dire par toutes les familles , même du côté de son père où , religieux et pratiquants , ils avaient une tendance à la compréhension , mais pas dans des cas exagérés comme cet oncle qui non seulement ne sest jamais marié mais a fini par épouser une française alors quà lépoque on ne pouvait pas dire que cétait bien vu mais qui au bout du compte sen était plutôt bien tiré puisque finalement tout sétait achevé par une réconciliation avec une soirée grandiose organisée loin du bou-kornine ce qui obligea J.ODawan à sy rendre du fait de la curiosité de rencontrer cet oncle bizarre : déjà la tenue quand je dis la tenue pas seulement vestimentaire car malgré tout , petit à petit , les voyages et déplacements commençant à devenir sinon courants du moins plus fréquents , il était aisé dimaginer quelques fantaisies , mineures certes , mais qui incommodaient de moins en moins ne serait-ce que parce quil y avait suffisamment dembarras à assurer le quotidien et que de toute façon cela présentait de moins en moins dintérêt ; mais la tenue doit être aussi considérée comme une certaine façon de se tenir , une certaine façon dêtre au sens où on lentendra bien plus tard quand toute une armée de psychologues dont certains diplômés , psychiatres et autres , donneront petit à petit à chaque mot tellement de significations quau bout du compte on pourra réduire de moitié tous les mots du dictionnaire et quà chaque fois avec le même mot on pourra signifier tellement de choses que finalement , en imaginant quon se mette tous à parler la même langue , peu importe laquelle disons langlais de préférence mais même le français ou larabe ou encore - mais il ne faut pas exagérer car jallais écrire lallemand aussi - mais là non car je crois que les mots sont si longs dans cette langue quon risque de navoir plus quun mot pour tout dire et que tout le monde pour le coup sera embarrassé car on ne saura pas lequel choisir et que finalement ce sera un tel silence que toutes les histoires reprendront . Cest pourquoi finalement ce sera langlais car cela facilitera linsertion linguistique de J.ODawan dès son installation future bien quau cours de son périple on ne le verra jamais en Angleterre (*) , du moins pour linstant car avec lui il vaut mieux tout prévoir .
Cest à cette époque quil
réalisa combien il avait porté en lui une obsession meurtrière dont il avait bien
cherché à sextraire par cet exil forcé , dont il avait senti parfois quelle
pourrait bien un jour sestomper sinon disparaître mais qui sans cesse cependant lassaillait
inlassablement : « tuer le temps , tuer le temps ! ah si je pouvais
enfin tuer le temps !! »
« ce temps qui sûrement nous dévore et rava-age ce rien de pureté contenu dans nos curs » comme le dit si bien la chanson , écho de ce vieux tango qui faisait senvoler Lily à son tour lorsque , ensemble , dans cette hacienda retirée aux confins des frontières , ils oubliaient les années perdues avant leurs retrouvailles parisiennes . Lily , une vraie poule celle-là !
Trop , trop de mémoire ,
trop de mémoire enfouie ,
de mémoire infidèle , las !
(*) Lauteur affirme solennellement quil ne savait pas encore en rédigeant ce texte que J.ODawan avait eu une liaison avec Helen Sue ; seule son intuition lui avait fais imaginer une relation privilégiée avec la langue anglaise .
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