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       J.O’Dawan, le retour .

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La barque glissait dans le golfe bleu du début du récit que personne n’avait lu à l’époque hormis ceux à qui j’avais envoyé la page du site – et il vaut mieux ne pas donner les noms de ceux qui n’ont même pas eu la générosité de répondre même pour dire un « c’est intéressant » hypocrite qui n’aurait rien changé – et le silence habituel de la nuit n’était interrompu que par le bruit cadencé des rames que Mohammed utilisait avec la même dextérité que celle qu’il mettait le jour à réparer sournoisement les moteurs des simca et autres renault que les rares habitants motorisés du quartier confiaient à ses mains expertes .

J.O’Dawan pensa à Lily . Elle avait été une compagne d’exception . Au commencement elle n’avait été qu’un phantasme dont l’origine remontait certainement à ces moments où il était toujours très entouré par les pensionnaires de la résidence familiale .

Lily la pute . Ce surnom qu’il n’avait bien sûr jamais osé prononcer devant elle , mais qui s’imposait systématiquement lorsqu’il pensait à elle , n’avait rien de péjoratif ; peut-être un simple rapprochement avec lilliput tant elle était chétive dans son habit de plumes ocres tirant selon les saisons sur le rouge , le jaune , rarement le camaïeu les jours de grand souci ;

cette défiance qu’elle avait manifestée lors de son arrivée chez lui , défiance dont elle ne s’était jamais séparée malgré une accoutumance lente et progressive aux lieux qu’elle investissait jour après jour . Et puis , dès le départ , cette totale indépendance qu’ils avaient convenu d’adopter l’un vis à vis de l’autre au point même de ne faire que s’entr’apercevoir certains jours , sans le moindre contact , sinon ce clignement de paupières si caractéristique  qu’il se devait d’interpréter comme marque de reconnaissance et d’inquiétude mêlées . 

La nuit était d’une douceur exceptionnelle , nuit de fin d’été consécutive à une journée de soleil légèrement voilé comme il était fréquent d’en vivre en cette arrière saison .

C’est peut-être ce contraste saisissant qui lui rappela , dans le clapotis régulier que les rames de la barque faisaient naître sur la mer , cette nuit d’hiver où , mû par une nécessité familiale ou professionnelle – comment se souvenir d’un temps si reculé ?- c’était non seulement l’hiver , mais soudain la neige se mit à tomber sur la capitale , sur la France entière !

Lily était restée dans son gîte . Il n’y pensa point ; le fil à la patte qu’il avait dès son arrivée décidé de lui attacher faisait que de la terrasse du cinquième étage où elle séjournait il n’était pas possible qu’elle s’envolât à nouveau comme elle le fit le jour de son arrivée , d’autant que ces quelques semaines écoulées lui avaient permis de se considérer comme hôtesse officielle ;

c’était compter sans son ignorance de la stratégie à adopter par grand froid , par chute soudaine de neige inattendue : surprise dans un premier temps , cette impression se transforma très vite en inquiétude , agitation et tourment majeurs et elle ne trouva alors rien d’autre comme remède qu’un tournoiement constant autour de sa demeure , se questionnant sur l’opportunité d’y pénétrer ou de l’investir par une autre voie peut-être dans l’espoir secret de voir son maître , son Jo comme elle se le nommait elle aussi intimement , revenir à son propre domicile . Il n’en fut rien hélas et ce durant trois bonnes autres heures .

En introduisant la clef dans la serrure de son nouvel appartement du dix-huitième ( siècle ) J.O’Dawan perçut un silence auquel il n’était guère accoutumé ; quelque chose d’anormal se déroulait : un déroulement figé , glacé , s’était organisé autour d’une Lily enneigée, ensevelie , en catalepsie , morte peut-être . De froid .

Elle n’avait pu s’abriter malgré les enseignements répétés et à force de tournoyer , tournoyer , tournoyer …ça ne sert à rien de développer .

Sans s’agiter , si incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui , après si loin , J.O’Dawan la dégage de son bloc , tout en réflexe il l’introduit simplement dans la rôtissoire , à température réduite , surveille.

Un lent clignement de paupières , un léger frissonnement de plumes le rassure . Elle vit .

Est-ce cet épisode inattendu qui lui fait prendre conscience qu’il lui faut prendre femme , vraie femme , épouse ; saine et sereine ? Il y songe encore aujourd’hui .

Aujourd’hui c’est son anniversaire . Un anniversaire de très très vieux , presque aveugle . Il a voulu revoir une fois encore malgré l’échec du sondage et l’interdit de retourner là-bas une dernière fois le Bou Kornine .

Mohammed ne s’est pas démonté ; il l’a posé délicatement sur sa barque . Il rame , rame.

J.O’Dawan ressent ; une forte impression de renouveau s’installe . Il retrouve les odeurs du Mornag et entend à nouveau le bruit du bac qui , de Radès à la rive d’en face le fait s’isoler pour ce temps dont il faudra bien qu’un jour il se décide à nous dire quand ,

comment , pourquoi , pourquoi ? 

Moi je ne suis que le scribe , celui qui tente de transmettre si peu de cette longue errance . Qu’y puis-je s’il ne m’en dit rien ? Faut-il imaginer , inventer une vérité ?

Je me suis promis de lui rester fidèle .

 

Septembre 2001

Bernard Sberro

 

J.O'Dawan Rhapsody, par Bernard Sberro


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